S’adapter au marché
Le Cerfrance Alliance Massif central a présenté la dernière édition de son cahier des références économiques : l’agriculture en chiffres et en relief. L’ouvrage recoupe les données des 11 500 comptabilités du territoire, dont celles du département suivi par le Cerfrance Lozère.
a conjoncture agricole a été compliquée cette année : il a fallu affronter la baisse des cours, des marchés incertains, une météo capricieuse. Et que dire du contexte sanitaire ? La FCO puis la grippe aviaire. Lundi 14 décembre à Mende, Nathalie Velay, responsable de l’atelier de veille économique du Cerfrance Alliance Massif central et Didier Cayroche du Cerfrance Lozère ont présenté la troisième édition de ce fascicule économique pour laquelle 11 500 comptabilités ont été épluchées, « permettant d’avoir une vision d’ensemble des productions », explique Patricia Granat présidente du Cerfrance Lozère. Avec notamment aussi l’idée de déterminer quelques leviers permettant aux exploitations d’optimiser leurs capacités de productions. Dans le département, ce sont quatre ateliers qui ont retenu l’attention : bovin lait, ovin lait, bovin viande et ovin viande. En bovin lait, Nathalie Velay souligne que « 2015 a été difficile pour les éleveurs avec une baisse significative du prix du lait ». Offre et demande sont complètement déséquilibrées. Il est des choses que l’exploitant lozérien ne maîtrise pas : la levée de l’embargo russe ou la demande chinoise ne sont quelques exemples ; « et il faut en permanence composer avec la volatilité des prix qui fait partie du marché ». Connaissant ces données, comment l’agriculteur peut-il agir sur son outil de travail, « sachant que les disponibilités progressent en moyenne très légèrement mais que 65 % des agriculteurs ont moins de trois mois d’avance en termes de liquidité ». Parmi les outils permettant l’optimisation le fonctionnement de son exploitation, il y a les fondamentaux comme la connaissance du coût de production ou des prix d’équilibre et de revient. Et produire plus en espérant être payé plus ? Le raisonnement n’est pas tenable, « il y a d’autres leviers que le volume, assure-t-elle. Celui marchant quasiment à tous les coups est l’alimentation, il est également possible de travailler sur le produit viande. » La nouvelle Pac et la baisse des charges ne suffiront pas à compenser la baisse du prix du lait. D’autres pistes de réflexion ont été soulevées, « l’augmentation des frais de structure est linéaire depuis cinq ans, l’enjeu de la dilution de ces derniers est donc extrêmement important ». Nathalie Velay suggère de « performer sans intensifier » : jouer sur la qualité du lait, la saisonnalité, se poser la question du passage en agriculture biologique, etc. La progression des frais de structure n’est pas inhérente aux exploitations bovines laitières. Elle se retrouve partout. Évoquant les ovins lait (rayon Roquefort), Didier Cayroche se demande comment gérer son exploitation avec encore et toujours la problématique du coût de production : plus 172 euros les mille litres en quatre ans. Les charges de structure avec la mécanisation en premier poste sont responsables de cette hausse. Cette année, le fait à retenir est la mise en œuvre des nouvelles règles de gestion des volumes et des prix sur le rayon. Cette tendance haussière du coût de production, si elle devient structurelle peut être source de fragilité pour les exploitations. D’où l’intérêt, propose-t-il, « pour essayer de progresser, de jouer sur le poste alimentaire, la saisonnalité de la production ou le produit viande. » Bien que 80 % des exploitations du Massif central montrent une capacité de résistance aux aléas solides, investissements ou agrandissements doivent être raisonnés en fonction du coût de production.
La suite dans le Réveil Lozère, page 5, édition du 17 décembre 2015, numéro 1338.