« Rien ne justifie des prix bas en ferme »
Les éleveurs allaitants du grand Massif central, réunis lundi à Clermont-Ferrand, appellent les éleveurs à faire preuve de vigilance face à toutes les tentatives de blocage du processus de répartition de la valeur, constatées au sein même de la filière.
Lieu de rassemblement collectif des éleveurs allaitants du grand Massif central, le Berceau des races à viande s’est réuni, lundi dernier. Coordonnateur du berceau depuis 2016, Pascal Lerousseau a souhaité céder sa place. Dans ce rôle de chef d’orchestre du lobbying allaitant, c’est Christian Bajard, éleveur à Saint-Symphorien-des-Bois en Saône-et-Loire qui va lui succéder. Future PAC, suite des États généraux, export… les sujets ne manquent pas. Et sur le terrain, force est de constater que « certains opérateurs soufflent le froid et le chaud pour mieux duper les éleveurs », estime Christian Arvis, éleveur en Creuse, secrétaire général de la FDSEA. Un sentiment unanimement partagé. « Le nombre de vaches abattues est stable. La consommation se maintient. Il n’y a rien qui justifie la baisse de 50 cts sur les vaches allaitantes », a témoigné Bruno Dufayet, éleveur dans le Cantal et président de la FNB.
Des labels au rabais ?
Pour le collectif d’éleveurs, ces rumeurs distillées ici et là dans les cours de ferme participent plus globalement à l’opération de sabordage de certains opérateurs de la montée en gamme et de la répartition de valeur pourtant appelées de ses vœux par le Président de la République. Suite aux États généraux de l’alimentation, la filière bovine française s’est en effet engagée dans un plan de filière allant dans ce sens…et pourtant, « sur la montée en gamme et le développement des labels, il est inadmissible qu’une seule organisation de défense et de gestion, qu’une seule organisation de producteurs, se précipite, comme c’est malheureusement le cas aujourd’hui, pour répondre aux demandes de la distribution qui veut acheter des produits labels au rabais, sans prendre en compte les coûts de production des éleveurs », insiste Christian Bajard.
Export : saisir des opportunités
Sur l’export aussi, les responsables professionnels FNSEA-JA ont l’intime conviction que certains acteurs de la filière rament à contre-courant ou plutôt à sens unique. « La demande des pays tiers en viande est croissante. Pourtant, trop peu d’opérateurs français s’engagent dans une réelle stratégie économique pour saisir ces marchés », a insisté Bruno Dufayet. Et d’estimer « qu’il est plus facile de laisser s’engorger le marché intérieur français pour maintenir des prix bas en ferme ».