Recherche médecins désespérément…
La dernière étude sur la Santé en milieu Rural commanditée par l’Association des Maires ruraux de France (AMRF) montre l’ampleur de la désertification médicale malgré les incitations financières de l’Assurance maladie, de l’Agence Régionale de Santé (ARS) et des collectivités territoriales.
Délais d’obtention de rendez-vous qui se rallongent, impossibilité de trouver un nouveau médecin lorsque le sien part en retraite, chacun d’entre nous a déjà été confronté à des difficultés dans l’accès aux soins. En milieu rural en particulier, la situation est compliquée. L’AMRF vient de dévoiler les résultats de sa dernière étude sur le sujet. Elle y analyse la répartition des médecins à l’échelle des bassins de vie. Si à l’heure actuelle, 30% de la population française vit en milieu rural, seuls 25% des médecins généralistes y sont installés. Les deux tiers des bassins de vie ont un nombre de médecins inférieurs à la moyenne nationale (0.83 médecin pour 1000 habitants). Pour atteindre le chiffre de 1 médecin pour 1000 habitants, il faudrait 6000 généralistes en plus à l’échelle du pays. La Nouvelle-Aquitaine n’échappe pas à la règle. Hormis les grandes villes et leur périphérie, la grande majorité des bassins de vie est en deçà de la moyenne. Aucun département n’est épargné, les plus mal lotis étant la Charente, la Dordogne, le Lot-et-Garonne, le Nord des Deux-Sèvres et de la Creuse. Si on regarde la répartition des spécialistes, cardiologues, ophtalmologues, gynécologues-obstétriciens, psychiatres et pédiatres, même constat. La majorité des départements sont en déficit, les seuls à avoir un nombre de médecins supérieur à la moyenne étant les Pyrénées-Atlantiques et la Gironde quelle que soit la spécialité. A l’opposé et même si le déficit est plus ou moins prononcé selon les spécialités, la Creuse, la Dordogne, les Landes, le Lot-et-Garonne, les Deux-Sèvres manquent globalement de spécialistes. Face à ce constat, l’AMRF fait quatre propositions : obligation pour les étudiants en médecine de diversifier leur lieu de stage, développement d’équipes de soins coordonnées autour du patient (ESCAP), mise en place d’un guichet d’accompagnement à l’installation par département, développement de nouvelles manières de pratiquer. Des mesures incitatives existent pourtant déjà. En avril dernier, l’agence régionale de santé a dévoilé son nouveau zonage pour les médecins libéraux. Il détermine les zones éligibles à une aide à l’installation des praticiens. Pour l’établir, différents critères : temps d’accès à un généraliste, âge moyen de la population, volume d’activité des médecins installés… Deux zonages sont définis, une zone d’intervention prioritaire (ZIP) et une zone d’action complémentaire (ZAC). La première qui concerne les territoires les plus durement touchés, couvre près de 17% de la population régionale, La 2nde en rassemble 46%. Les deux zones couvrent une très large majorité de la région, peu de bassins ne sont pas concernés, hormis les grandes villes et leur périphérie et la côte atlantique. Pour favoriser l’installation de médecin, des aides financières incitatives peuvent être activées dans les ZIP et les ZAC. Dans la première, l’Assurance maladie octroie des aides de 5000 à 50000€ sous forme de forfait ou de valorisation d’honoraires pour l’accueil de nouveaux médecins conventionnés contre un engagement de 3 à 5 ans. L’ARS pour sa part peut verser des allocations aux étudiants en médecine en vue de leur installation ou une rémunération complémentaire sous réserve d’un engagement de plusieurs années. L’objectif étant de prévenir la dégradation de la situation, les aides en ZAC sont plus limitées. Certaines collectivités locales octroient également des aides. Enfin, pour pallier au manque de médecins, de nouvelles méthodes se développent, notamment la télémédecine. Une plateforme monmedecin.org a été conçue par l’Union Régionale des Médecins Libéraux de Nouvelle-Aquitaine. Elle permet de prendre rendez-vous en ligne pour une consultation en cabinet ou une téléconsultation. Dans les territoires les plus touchés par la désertification médicale, qui sont aussi souvent ceux où la population est la plus âgée et où l’accès au numérique est parfois difficile, cette solution n’apparaît toutefois pas être la panacée.