Projet Valcastel : trop beau pour être vrai ?
L’homme d’affaires franco-égyptien Ali El Hefnawy a organisé une réunion publique le 17 décembre à Lanobre pour présenter son projet d’aménagement du lac de Bort-les-Orgues : Valcastel.
C’est sans doute ce fameux esprit critique typiquement français. Quand quelque chose de fabuleux s’annonce, on ne se réjouit qu’à moitié. L’autre moitié s’interroge et cherche des réponses. C’est ce qui arrive en ce moment à la population du bassin de vie de Bort-les-Orgues : près de 500 personnes sont venues mardi 17 décembre à Lanobre pour en savoir plus sur Valcastel. Valcastel ? “Un projet qui n’est encore qu’un projet, a prévenu l’initiateur franco-égyptien Ali El Hefnawy(1). Vous avez un site sous-valorisé avec notamment, c’est unique en Auvergne, un château médiéval au milieu d’un lac de 1 070 ha. En face, il existe des besoins. Nous proposons des améliorations pour développer économiquement la région en misant sur du tourisme douze mois sur douze.”
Tourisme de luxe
Du tourisme sous toutes ses formes : sportif, médical, culturel, d’affaires, culinaire… Mais surtout, du tourisme haut de gamme. Celui qui n’existe pas encore ici, aux confins du Cantal, de la Corrèze et du Puy-de-Dôme. Hôtels, résidences, restaurants étoilés, médina, centre commercial, centre de congrès, spa, cinéma, salle de sport, tennis, piscine, centre équestre, billard,… Valcastel pourrait investir près de 500 millions d’euros pour transformer cinq sites identifiés (voir carte ci-contre) à fort potentiel le long de la retenue d’eau : Les Aubazines, La Siauve, Outre-Val, la Grange-Haute et bien sûr, “joyau de ce lac”, le château de Val. En tout, 100 000 m2 de bâti et des animations sans compter : activités nautiques, spectacles sons et lumières, ballons et fontaines, montgolfières, parc à thème, théâtre en plein air… Sans oublier non plus les projets dits “complémentaires” : une école de cuisine internationale, un domaine de chasse privée, des structures pour le sport d’hiver et même une université et son campus “pour fixer les jeunes”. Une opportunité pour la région qui, à première vue, n’aura rien à y perdre : les investissements sont privés et surtout, la relance économique devrait être au rendez-vous. “On veut faire travailler les locaux”, a assuré Ali El Hefnawy, qui a promis de créer 622 emplois directs et près de 3 000 emplois indirects.
Du concret
Pour rassurer “et montrer comment ça pourra fonctionner”, Valcastel lance une première réalisation de 12 millions d’euros à Lanobre : la transformation de l’ancienne Villa de Val, un hôtel fermé depuis des années, en un établissement 4 étoiles (lire ci-dessous). À la clé, 60 emplois directs et plus de 200 indirects. Les travaux devraient démarrer en janvier 2014 pour une ouverture prévue en 2015. Pour le reste du projet, “nous attendons la réponse des autorités compétentes”, a déclaré Ali El Hefnawy qui confie “vouloir garder espoir”, tout en regrettant de “ne pas voir les choses bouger”. La population, elle, s’enthousiasme pour “un projet merveilleux”, “un cadeau de noël pour nous et pour nos enfants”, tout en cultivant une part de doute. “Tous les étés, je pars à pied de chez moi et je vais me baigner avec mon chien à Val. Est-ce que quand vous aurez réalisé tout ça, je pourrai toujours le faire ?”, a demandé simplement une habitante. Il y aura forcément un prix à payer pour Valcastel. Celui de la tranquillité, sans doute. Celui aussi, peut-être, du privilège de pouvoir accéder librement à un lieu de toute beauté pour le moment resté confidentiel.
(1) Ali El Hefnawy, d’origine franco-égyptienne, vit à Lanobre depuis quelques années. Architecte de métier, il est le PDG d’une société d’ingénierie ECG France, présente dans 28 pays.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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