Prévention : après une intrusion, ils ont sécurisé leur exploitation
La multiplication des infractions, vols, dégradations et intrusions dans les exploitations agricoles a incité les agriculteurs à adopter des mesures de prévention. Des initiatives innovantes ont été lancées dans plusieurs départements pour dissuader les fauteurs de troubles.
Vols de matériels, de cultures, incendies criminels, bâtiments saccagés, intrusions, destruction de cultures… les actes de malveillance se multiplient dans les exploitations et les agriculteurs sont souvent désemparés. « Le monde agricole est peu protégé. C’est courant de voir des exploitations ouvertes, sans clôtures. Des évolutions de mentalité sont nécessaires car l’environnement a beaucoup changé depuis quelques années. On recense de nombreux vols et introductions dans les fermes et les bâtiments. Il y a trois ans, on a relevé une vague d’intrusions dans les élevages. On ne peut plus laisser nos exploitations aux quatre vents », explique Thierry Mommée, éleveur, conseiller en charge des dossiers insécurité et environnement élu à la chambre d’agriculture de la Drôme.
Le dispositif Vigi Agri 26
Pour lutter contre ces actes de malveillance, les forces de l’ordre, (police nationale, gendarmerie), la chambre d’agriculture et le Département de la Drôme ont engagé un partenariat pour renforcer leur coopération. Ils ont lancé, il y a deux ans, une initiative nommée Vigi Agri 26. Ce dispositif s’adressait, à l’origine, à la filière élevage. Il s’agissait de sécuriser au maximum les élevages pour lutter contre les actes de malveillance. Vigi Agri 26 a ensuite été étendu à toutes les filières. Ce dispositif se présente comme un réseau d’alerte par SMS, fruit d’une coopération entre gendarmerie, police nationale et exploitants agricoles. Les forces de l’ordre envoient des messages pour avertir rapidement de faits délictueux commis au préjudice d’agriculteurs. La gendarmerie organise des visites d’exploitation et apporte des conseils utiles comme retirer les clés du tracteur, fermer les bâtiments ou poser une barrière. « La gendarmerie essaye de rassurer les agriculteurs qui vivent mal ces actes de malveillance. On parle peu du bien-être des agriculteurs qui ont des difficultés à exposer leurs problèmes, leur détresse », ajoute Thierry Mommée. Ce système a pour effet de renforcer la vigilance. Il a prouvé son efficacité grâce aux visites des forces de l’ordre et à la mise en place d’une signalétique à afficher sur l’exploitation à des endroits judicieux pour dissuader les actes de malveillance.
Pose de caméras
Jérôme Commaret est,lui, associé au Gaec de Montoux installé au coeur de la Bresse à Domsure (Ain). L’exploitation élève cent-cinquante vaches laitières, cultive des grandes cultures. L’exploitation a été victime de trois vols de gasoil pendant un hiver, de deux vols de tronçonneuses et de deux débroussailleuses. Suite à ce préjudice, l’éleveur a fait appel à la gendarmerie pour se faire conseiller et par mesure de précaution. « La gendarmerie nous a orientés sur le positionnement des caméras et la pose d’une grande barrière à l’entrée principale de l’exploitation. Nous avons installé six caméras, dont quatre factices et deux réelles branchées, qui enregistrent les mouvements et nous appellent par téléphone dès l’intrusion de personnes. C’est une application spécifique qui permet de voir en temps réel. On a installé des panneaux pour indiquer la présence de caméras. Les moyens mis en place sont dissuasifs. » Une productrice de noix à Beauregard Baret, en Drôme des collines, a de son côté reçu les conseils de la gendarmerie pour installer des caméras sur un bâtiment de tri, lavage et calibrage de noix AOP de Grenoble. Elle s’inquiétait de cas de vols de marchandises pendant les récoltes dans cette même région. Le domaine Distaise à Grâne (Drôme) a quant à lui privilégié la pose de caméras sur l’exploitation qui élève des cochons en plein air, autour de l’atelier de transformation et du magasin de producteurs. « Le magasin a été cambriolé trois fois de suite. Nous avons installé quatre caméras sur le domaine pour sécuriser l’atelier de transformation et de conditionnement de charcuterie ainsi que le magasin de producteurs. Nous avons beaucoup de productions sur place notamment en charcuterie. Nous avons équipé notre maison d’une alarme », détaille Corine Chambron du domaine Distaise.