Pourquoi autant d’acharnement contre le syndicalisme ?
Ce vendredi 7 avril, JA et FDSEA ont rassemblé une quarantaine de personnes devant la caserne de gendarmerie Bongeot à Guéret.
Ce vendredi 7 avril, deux Jeunes Agriculteurs, Sébastien Dallot et Jean-Marie Colon, étaient convoqués dans le cadre d’une procédure de rappel à la loi suite au blocage d’un contrôle de la Draaf à Jouillat en novembre dernier. Ce blocage de l’exploitation de M. Dallot, par les syndicats FDSEA et JA, avait empêché le contrôle mais s’était déroulé pacifiquement et même cordialement. Pourtant, par un hasard que les syndicats ne s’expliquent pas, le dossier de ce contrôle bloqué est arrivé sur le bureau de M. le procureur de la République sans qu’aucune plainte n’ait été déposée. Celui-ci a donc convoqué M. Dallot, l’exploitant contrôlé, et Jean-Marie Colon, à titre personnel et non en tant que président de JA 23.
Avant d’entrer dans la caserne pour son audition libre, M. Colon, en costume de prisonnier, rappelle les faits : « Un adhérent a fait appel à son syndicat pour être assisté lors de son contrôle. Notre présence était légitime, nous accompagnons régulièrement nos adhérents dans ces situations, dans le calme et le respect, afin d’éviter les dérapages. Le versement des aides est très en retard, nous avions prévenu que nous refusions les contrôles dans ces conditions, nous avons donc empêché le contrôle, ce n’était pas la première fois et ça c’est toujours très bien passé. ». Mais ce qui énerve les syndicats, c’est bien que M. Colon ait été convoqué en son nom propre et non en tant que président de JA 23. « J’étais bien sur place, mais en tant que président du syndicat. C’est donc le président de JA qui aurait dû être convoqué et non ma personne. ». Côté FDSEA, même incompréhension : « Ce blocage était organisé autant par la FDSEA que par JA, nous avions des administrateurs présents, explique Thierry Jamot, président de la FDSEA, pourquoi ne sont-ils pas convoqués aussi ? Nous allons demander à être entendus également. Si l’on convoque des manifestants à titre individuel, il faut tous les convoquer. »
Au cours des auditions, M. Dallot, l’agriculteur contrôlé, a pu apporter la preuve qu’il n’était pas à l’origine du blocage. Le contrôleur a en effet indiqué qu’il n’avait pas pu faire son travail en raison d’une manifestation et indépendamment de la volonté de M. Dallot. Cette partie du dossier se voit donc classée sans suite et M. Dallot a pu sortir au bout d’une heure d’audition, salué par la chanson « Libérée, délivrée », dans l’esprit humoristique de la manifestation.
Pour M. Colon, les choses sont plus compliquées, il a refusé de signer un rappel à la loi, en raison de sa nature personnelle. Après 2 h 30 d’audition, il risque désormais 6 mois de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende en cas de récidive. « J’ai bien fait indiquer dans ma déposition qu’il y a envers moi une forme d’acharnement. Je n’étais pas tout seul au blocage et j’étais là en tant que président de Jeunes Agriculteurs afin d’apaiser les tensions. Je n’étais pas seul et on ne convoque que moi. Je vois cela comme une attaque personnelle. » Thierry Jamot a fortement marqué son soutien à son collègue : « Jean-Marie n’a fait que son devoir vis à vis de ses adhérents. Le rapport de la Draaf ne dit rien d’autre que le contrôle n’a pas pu avoir lieu mais que ça s’est bien passé. C’est de l’acharnement pur et simple ». Aurélien Desforges, le secrétaire général de Jeunes Agriculteurs, va encore plus loin : « Jean-Marie est l’homme à abattre dans le département, son activité syndicale dérange, l’arrivée de ce dossier vide sur le bureau du procureur n’est pas un hasard ».
« Y aurait-il des soucis de destinataires du côté de la Poste ? s’interroge Christian Arvis, secrétaire général de la FDSEA. Par quelle magie un dossier purement administratif a-t-il bien pu se retrouver sur le bureau du procureur de la République, dans une institution judiciaire ? C’est un bien étrange mystère que cette porosité entre les services de l’État, qui ont pourtant tant de mal à travailler ensemble lorsque cela est nécessaire… »
Une motion de soutien
La FDSEA, Jeunes Agriculteurs, la chambre d’agriculture, les membres de la CDOA et ceux du CAF, ont signé une motion de soutien aux syndicalistes incriminés dans cette affaire.
Une pétition est également disponible en ligne et ouverte à tous.