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Pour vos prochaines mises-bas, pensez au sélénium

Le sélénium est l’un des oligoéléments qui jouent un rôle fondamental dans la survie des veaux, agneaux et chevreaux. Dans les élevages carencés, son apport en fin de gestation limite les problèmes sanitaires.

Durant ces 20 dernières années, de gros progrès ont été faits dans la compréhension du rôle des oligoéléments sur la physiologie des ruminants et plus particulièrement l’implication du sélénium.

L’alimentation, la base d’un animal en bonne santé
L’alimentation des bovins, caprins, ovins doit couvrir les besoins vitaux, en quantité et en qualité. Il est important de fournir aux animaux de l’énergie, des protéines et des fibres pour assurer la rumination, ainsi que des vitamines. Mais il est également indispensable de s’assurer de la complémentation minérale. On distingue :
- Les macroéléments, comme le calcium, le phosphore et le magnésium, présents en grande quantité dans l’organisme. Les niveaux d’apport journalier sont élevés, autour de 70 g/jour et par vache pour le calcium par exemple. Il ne faut pas oublier le sel (chlorure de sodium), indispensable à l’organisme (cf. article du 16/06/2017).
- Les oligoéléments, comme le sélénium, l’iode, le cuivre, le zinc, le cobalt… Ceux-ci sont présents en faible quantité dans l’organisme avec des apports journaliers recommandés de l’ordre de 5 mg/jour pour le sélénium.

Les oligoéléments, des éléments essentiels…
Faible quantité ne veut pas dire inutile, bien au contraire ! Pour preuve, les échecs rencontrés dans la prévention des maladies quand on ne considère pas le statut des animaux en vitamines et oligoéléments et, a contrario, leur amélioration spectaculaire lorsque ces carences sont corrigées de façon adéquate. Ainsi, le sélénium interfère dans différentes fonctions. Il intervient dans la construction de la fibre musculaire. Il participe au fonctionnement des globules blancs, acteurs majeurs de l’immunité. C’est un antioxydant, tout comme la vitamine E à laquelle il est souvent associé. Il favorise la fixation de l’iode dans la thyroïde et donc la synthèse des hormones thyroïdiennes. Celles-ci interviennent dans les mécanismes de la croissance du veau, de la respiration et de la régulation de la température. Elles sont donc indispensables au bon fonctionnement de l’organisme.

… une denrée rare dans nos sols
Le sélénium et l’iode sont présents en quantités très insuffisantes dans nos sols. La pluie a, au fil des millénaires, lessivé les sols, emportant avec elle les oligoéléments. Et cette carence est aggravée du fait d’une mauvaise assimilation du sélénium en pH acide, comme les massifs granitiques primaires dont le Massif central. Ces carences primaires sont aggravées par des interactions avec d’autres oligoéléments conduisant à des carences secondaires. L’assimilation de la forme la plus courante, le sélénite de sodium, est contrariée par l’hydroxyde de fer, très abondant dans les fourrages creusois et dans l’eau. Le soufre, fréquent dans les engrais, occupe les emplacements du sélénium dans l’organisme sans ses effets bénéfiques. Ce problème d’assimilation peut être contourné par l’emploi de sélénium organique, l’assimilation ne se faisant plus de manière passive, mais son coût est très nettement supérieur.

Des carences en sélénium souvent rencontrées
Mais pourquoi ces problèmes de sélénium aujourd’hui ? Ces carences ont toujours été là et les anciens se souviennent du « vaccin pour la guiche », en fait, une injection de sélénium et de vitamine E. Deux raisons principales expliquent l’aggravation récente du problème. D’une part, l’amélioration génétique a conduit à une augmentation du développement musculo-squelettique des animaux, et donc des besoins accrus. La problématique est la même en élevage laitier avec une augmentation spectaculaire de la production par vache. D’autre part, est observée une baisse globale de la qualité des fourrages due à une moindre diversité botanique, une augmentation des rendements des parcelles fourragères et une utilisation d’engrais dépourvus d’oligoéléments. Les seuls apports sont fournis par les épandages de fumiers, issus de bovins eux-mêmes carencés.

Un impact clinique multiforme
Dans les années 70, l’impact sur le système immunitaire a été démontré, avec une incidence sur les non-délivrances, les métrites ou les mammites. Des études mettent en évidence un impact sur la reproduction, en relation avec une carence en vitamine A. Chez le veau, les manifestations ont évolué dans le temps. La forme classique de myopathie-dyspnée, également appelée « raide », a progressivement laissé la place à des manifestations moins spectaculaires. À la fin des années 90, on met en évidence son rôle sur la qualité du colostrum et donc sur les diarrhées néonatales. Un animal carencé en sélénium a 13 fois plus de risques de diarrhée qu’un animal complémenté. Il est mis en cause dans les mortinatalités. Récemment, une nouvelle pathologie a été observée : « le syndrome de détresse respiratoire ». Les veaux naissent en forme, souvent vifs, et dans les heures qui suivent, se mettent à respirer fort et plongent en hypothermie. C’est dû à un déficit en hormones thyroïdiennes, provoquant un défaut de régulation thermique et de maturation du surfactant pulmonaire, lié à une carence en sélénium et en iode.

Une confirmation par le laboratoire
Le vétérinaire doit recourir à des analyses de laboratoire pour identifier les carences. Les seuls supports de prélèvements fiables sont les fourrages, le lait et le sang. Pour le sélénium, la carence peut être objectivée par le dosage de la glutathion peroxydase érythrocytaire (GSH-pxe) qui est bien corrélé au statut sélénique de l’animal. Ces analyses ont montré que l’apport oral est beaucoup plus efficace que l’injection. GDS Creuse prend en charge 50 % des frais d’analyse dans le cadre du kit diarrhée. Les résultats sont à analyser au cas par cas. Ces dosages sont très sensibles et des variations peuvent être observées si les prélèvements sont effectués sur des animaux malades ou en péri-partum, ou si la ration de base est déséquilibrée. Par ailleurs, si ce résultat est globalement fiable en ce qui concerne le sélénium, il ne mesure que l’apport très récent pour l’iode.

Une complémentation indispensable dans le dernier tiers de gestation
L’idéal serait de donner tous les jours à la vache sa dose physiologique mais en pratique, c’est impossible en allaitant. Les minéraux classiques sont intéressants pour les macroéléments, mais insuffisants chez nous pour les oligoéléments compte-tenu des niveaux de carence. Des tentatives de correction par adjonction de sélénium dans les engrais ont été expérimentées, mais l’effet est insuffisant et ce n’est pas rentable. Il convient donc de corriger de manière spécifique les carences en sélénium, au moment opportun en fonction du cycle de production de l’animal. Pour la vache allaitante, l’idéal est de complémenter les mères 2 à 3 mois avant vêlage. Le transfert du sélénium vers le veau va se faire par l’utérus, puis par le colostrum et le lait. Le colostrum étant 5 fois plus dosé que le lait, cela confirme l’importance capitale de la prise colostrale pour le veau. Plusieurs dispositifs existent, que ce soit des bolus, du liquide ou du granulé, ainsi que du sélénium sous forme minérale ou organique. Dans tous les cas, il convient de s’assurer que les produits distribués sont suffisamment dosés pour assurer la correction. Il est nécessaire d’associer un apport d’iode, voire de cuivre et de zinc présents en faible quantité dans nos sols. Enfin, si la complémentation des mères assure une bonne correction pour les premiers jours de la vie du veau, elle ne suffit pas à garantir son avenir. Il faut donc impérativement refaire un apport de sélénium sur les veaux.
La complémentation oligoéléments, une clé de réussite de notre concept « Le sanitaire… j’adhère ! »
Les oligoéléments sont une des composantes de l’alimentation, domaine de risque majeur, d’où son importance dans notre concept « Le sanitaire… j’adhère ! ».

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