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Pac
Pour que l’appel de Tulle résonne jusqu’à l’Elysée

A l’unisson, éleveurs et élus du grand Massif central ont plaidé, vendredi dernier à Tulle, pour une PAC plus juste et légitime qui passe en priorité par une forte revalorisation des ICHN.

Il y avait quelque chose de solennel, vendredi dernier, dans la salle de l’Auzelou à Tulle en Corrèze. Evidemment, le lieu avait été choisi à dessein. Au cœur du port d’attache électoral de l’actuel Président de la République, les responsables agricoles du Massif central sont venus exposer clairement leurs revendications sur la Politique agricole commune. Devant eux, pas moins de 350 agriculteurs venus de dix-sept départements des régions Auvergne, Limousin, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes, Bourgogne et un parterre d’élus, députés, sénateurs, représentants des Conseils généraux et régionaux, de l’association des élus de la montagne, des maires de France…

Chacun dans son intervention a évité l’écueil de l’excès de techniques ramenant le débat autour de la tactique menant vers un but principal : la réhabilitation conséquente des indemnités compensatoires des handicaps naturels.

«Le président de la République a obtenu des résultats dans le cadre de la négociation européenne sur la PAC pour 2014-2020. Désormais, il s’agit au niveau français d’activer les possibilités offertes en opérant une augmentation forte des ICHN», a insisté Jacques Chazalet, président de la FRSEA Massif central. L’enjeu est énorme, car il permettrait de ramener en moyenne sur les exploitations entre 10 et 15 000 euros.

Une somme conséquente mais nécessaire pour maintenir l’activité agricole sur les territoires difficiles, comme l’a rappelé Yannick Fialip, président de la FDSEA de Haute-Loire : « Notre combat est juste. Nous sommes des agriculteurs qui travaillons, qui fournissons des produits de qualité, qui occupons des territoires difficiles. Nous travaillons et nous voulons être rémunérés à hauteur ».

Ce n’est pas l’aumône

Mais attention, les accusations d’assistanat, les responsables professionnels les rejettent en bloc :

« La compensation des handicaps n’est pas là pour nous permettre de marcher avec une béquille, mais bien pour que nous puissions rester dans l’économie », a expliqué Daniel Couderc, président de la FDSEA de Corrèze. Laurent Duplomb, président de la chambre d’agriculture de Haute-Loire s’est voulu encore plus percutant : «Ici, la moyenne des revenus est entre 10 000 et 15 000 euros. Les agriculteurs qui touchent entre 60 000 et 75 000 euros ne sont pas dans cette salle. Nous voulons continuer demain à être fiers d’être paysans. De l’argent supplémentaire, nous en avons besoin, ce n’est pas pour partir en vacances mais pour continuer à travailler sur nos exploitations».

Message reçu cinq sur cinq par les élus, qui comptent bien à l’instar d’Alain Calmette, député du Cantal, «participer au lobbying en se rassemblant sans distinction politique autour de l’objectif du rééquilibrage des aides ».

Pousser et peser, voilà bien désormais l’objectif. «François Hollande devrait faire preuve du même courage politique que Michel Barnier avait eu en son temps pour obtenir des mesures favorables à l’élevage», a souligné Michèle Boudoin, secrétaire générale de la Fédération nationale ovine. Quitte à ne pas satisfaire tout le monde.

 

Courage

«Sans l’appui de la profession, les élus ne peuvent pas tout», a insisté Renée Nicoux, sénatrice de la Creuse, saluant «le courage dont ont fait preuve les responsables professionnels du Massif central prenant une position forte les amenant à se démarquer de leur structure syndicale nationale». Car à la FNSEA, il y a évidemment débat.

A Tulle, en toute franchise et avec beaucoup d’objectivité, l’aveyronnais, Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA a évoqué les divergences entre régions, entre productions…

D’où l’intérêt, selon lui, d’être nombreux, professionnels et élus à défendre la position du Massif central, qui selon Michel Vergnier, député de la Creuse, commence à faire son chemin : «Je crois, je sens, j’ai envie qu’on vous annonce des choses qui reconnaissent le travail que vous faites ». Les yeux désormais rivés sur le prochain Sommet de l’élevage qui ouvrira ses portes dans quelques jours, les syndicalistes auront, en tout cas, tout mis en œuvre pour que le président de la République, dont la visite est prévue le mercredi 2 octobre, leur livre plus qu’un message d’espoir. Une certaine idée de la France… riche de sa campagne économiquement et socialement vivante.

 

Les échos de l’appel

 

Pierre Jarlier, sénateur du Cantal et représentant de l’ANEM

« Le rendez-vous est historique car l’enjeu n’est pas seulement agricole. Il s’agit de savoir quelle société nous voulons pour demain. La concentration dans les villes a montré ses limites. C’est possible de maintenir des campagnes habitées avec du lien social, de l’activité économique à condition de soutenir fortement l’activité agricole. C’est la raison pour laquelle la revalorisation des ICHN est indispensable».

 

Michel Vergnier, député de la Creuse et président du groupe élevage à l’Assemblée nationale

« Il n’y a pas de pays sans paysans et je rajouterais qui vivent décemment. Je ne peux plus supporter que des gens travaillent 60 heures par semaine pour 15 000 euros par an, alors que d’autres travaillent moins et gagnent beaucoup. Il est essentiel de trouver des mécaniques pour arriver à aider davantage ceux qui ont le moins ».

 

Jacques Chazalet, président de la FRSEA Massif central

« Le message que nous portons auprès des pouvoirs publics est simple : chaque fois que vous mettez de l’argent dans les zones à potentiel, il faut aussi en mettre davantage dans les zones à handicaps ».

 

Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA

« C’est vrai que le Massif central a les meilleurs fromages, mais nous ne sommes qu’un morceau de la palette des 1 000 fromages. Quand on parle de réforme de la PAC à la FNSEA et bien c’est pareil. Notre cause est juste mais il y a aussi la Bretagne, Paca, les céréaliers, les producteurs de tomates, de prunes…Ce n’est pas un combat, c’est un travail permanent dans lequel on doit d’abord amener des arguments ».

 

Patrick Bénézit, président de la FDSEA du Cantal et coordinateur du berceau des races à viande

« Le levier essentiel ce sont les ICHN, avec la possibilité octroyée par Bruxelles, de monter les ICHN à 250 euros en zones piémont et défavorisées, et à 450 euros en zones de montagne et haute-montagne. Les élus et le gouvernement ont la possibilité de donner le vrai coup de main, à condition de ne pas se tromper de curseur sur les ICHN. »

 

Bernard Combes, maire de Tulle et conseiller spécial du Président Hollande

« Je vous souhaite de parler fort, haut et clair. Cet appel, je vous le dis, sera entendu ».

 

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