Porc : des cours anormalement bas
Alors qu’on manque de porcs pour satisfaire le marché, depuis quelques semaines le cours français dévisse... Réaction de Maurice Imbert, président de l'association Porc de Haute-Loire
Quelle analyse faites-vous de l’évolution des cours du porc en Haute-Loire ces derniers mois ?
Maurice Imbert, président de l’association pour la promotion du porc de Haute-Loire : 2017 a été une année correcte pour les producteurs avec une moyenne du cadran breton à 1,37€. Les cours ont plafonné autour de 1,50€ en juin. Le marché s’est ensuite détendu à partir du mois de juillet, ce qui est paradoxal en cette saison où la consommation est habituellement dynamique. Et depuis juillet 2017, les cours n’ont pas cessé de baisser pour atteindre 1,15€ -1,20€ à l’heure actuelle. Cette année, le redressement estival des cours ne s’est pas fait sentir alors que tous les indicateurs sont au vert !
Au 1er semestre 2018, les cours ne se sont pas relevés et ce pour plusieurs raisons : la conjoncture favorable de 2017 a induit une hausse de la production ; tension sur les marchés à l’export ; la peste porcine sur l’Est de l’Europe a rendu les pays acheteurs frileux ; la météo catastrophique n’a pas encouragé la consommation.
Depuis le 15 juin, la météo est pourtant favorable à la consommation, même si cette dernière est quelque peu impactée par les lobbies anti-viande. Les fortes chaleurs handicapent la croissance des cochons, ce qui induit une baisse du volume de porcs abattus. Les marchés à l’exportation se sont réouverts grâce à un important travail conduit par l’interprofession INAPORC... En somme, tous les indicateurs sont au vert et les cours ne remontent pas !
Pourquoi les cours ne remontent-ils pas ?
M.I : Les coopératives, en particulier la Cooperl, ne jouent pas le jeu et ne font aucun effort pour valoriser la production porcine. Ces grandes coopératives semblent vouloir tout contrôler et fragiliser les éleveurs, certainement pour les obliger à entrer dans un système d’intégration... C’est inadmissible que les cours soient inférieurs à celui du marché du porc breton. C’est du jamais vu !
Les éleveurs sont en colère contre ces grands groupes et également contre le gouvernement qui ne semble plus vouloir redonner du prix au producteur dans le cadre de la loi Alimentation.
C’est justement pour contrer ces baisses de prix, qu’un accord de filière a été conclu en Haute-Loire, entre les acteurs de la démarche “Le Porc de Haute-Loire”. Cet accord permet de lisser le prix du porc pour envisager l’avenir plus sereinement dans les exploitations.
Les éleveurs redoutent à présent une hausse du prix de l’aliment porcin suite à l’augmentation récente du prix des céréales (+20€/tonne la semaine dernière).