Porc : Congrès FNP : ambiance tendue à Ploërmel en Bretagne !
L’assemblée générale de la Fédération nationale Porcine s’est tenue le 12 juin dans une atmosphère d’état de siège. Des éleveurs du Massif central étaient présents.
Réaction de Mickaël Agrain, JA et administrateur FNP.
au congrès de la FNP.
Le site d’accueil était bouclé par les forces de l’ordre afin d’empêcher toute intrusion inopportune de la part de manifestants qui voulaient profiter de la présence du Ministre de l’Agriculture. Il faut dire que les pouvoirs publics de l’ouest sont sous pression permanente depuis plusieurs semaines, alors que les éleveurs multiplient les actions coups de poing. Dans la salle, l’exaspération était également palpable et les propos vifs échangés entre différents intervenants du syndicalisme et de la coopération le traduisaient. En cause évidemment l’effondrement du prix du porc depuis le début de l’embargo russe en 2014 et l’absence de perspectives positives pour 2015, alors même que la hausse
saisonnière tant attendue commence tardivement et poussivement. Les annonces d’Intermarché et de Leclerc, formulées la semaine précédente, faisant part de leur volonté de faire remonter le cours n’ont pas arrangé les choses. En effet, la veille au marché du cadran breton, leur stratégie d’achats n’a pas reflété leurs discours et est apparue à beaucoup comme totalement contradictoire.
Mettre au pas la grande distribution
L’inertie des pouvoirs publics a également fait l’objet de l’ire des producteurs. Et le président de la FNP, Paul Auffray, en écho au président de l’interprofession nationale, de réclamer des «dommages de guerre», la situation catastrophique de la filière étant la résultante de «choix géostratégiques qui la dépasse totalement». L’intervention de Stéphane Le Foll était donc très attendue. Son discours très offensif a été apprécié sur la forme volontariste mais en a laissé perplexe plus d’un. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? A-t-il les moyens de ses ambitions, notamment pour mettre au pas la grande distribution ?
Mais cela n’a pas empêché les remises en cause sur l’organisation de la filière française. Plusieurs appels des syndicalistes aux autres membres de la filière à «se mettre autour d’une table et donner des perspectives aux éleveurs» ont été lancés. Les difficultés des organisations de producteurs et des abatteurs à se coordonner face à la distribution et pour exporter ont été largement pointées du doigt.
Les éleveurs porcins du Massif central n’ont pas manqué ce rendez-vous puisqu’une délégation des sections porcines d’Auvergne (Cantal, Allier, Haute-Loire) et de Midi-Pyrénées (Aveyron, Lot) avait fait le déplacement. Une manière de crier aussi le désespoir des éleveurs de toute la France, comme l’a fait Bruno Montourcy : «Le problème c’est le prix bas ! Si on continue comme ça, on s’enterre tous.»
Bruno Douniès
Réaction de Mickaël Agrain, JA, administrateur FNP : «il faut réformer le système du cadran»
Vous avez participé au congrès de la FNP. Dans ce contexte de crise grave, quelle était l'ambiance ?
Très tendue, d’autant plus que nous étions en Bretagne, berceau de la production porcine française, et donc région particulièrement touchée par la crise de la filière. En plus, la veille, il y avait eu des manifestations musclées contre des supermarchés, et certains éleveurs ont fini en garde à vue !
Le climat était aussi envenimé parce que les annonces, quelques jours auparavant, de la grande distribution d’augmenter le prix aux producteurs ne s’étaient pas traduites concrètement sur le prix du cadran ; et pire encore, Intermarché avait acheté moins de porcs !
Vous a-t-on annoncé des perspectives meilleures ?
Malheureusement non ! Une étude de l’Institut du Porc prévoit un prix moyen en 2015 inférieur de 10% par rapport à l’année précédente, qui était déjà mauvaise. Et avec l’embargo Russe qui se poursuit, les choses ne risquent pas de s’améliorer. Peut-être commencera-t-on à voir une amélioration à partir du milieu de l’année 2016…
Nous comptons quand même sur un bel été, période à laquelle la consommation de viande de porc augmente traditionnellement.
Que pensez-vous des annonces faites par le Ministre ?
Cela va dans le bon sens, mais c’est quand même un pansement sur une jambe de bois ! Il faudrait aller plus loin et agir plus sur l’origine des viandes, prendre des mesures pour que le marché français ne soit plus envahi par le porc allemand ou espagnol, et pour que l’origine de la viande soit obligatoirement identifiée sur tous les produits, y compris transformés.
Le problème, c’est qu’on nous impose à nous, éleveurs français, des contraintes sociales, environnementales et de bien-être animal drastiques, qui rendent la production française moins compétitive par rapport à nos voisins. Je pense aussi qu’il faut réformer le système du cadran, qui ne correspond plus à rien, surtout pour nous, éleveurs en Haute-Loire.
Propos recueillis par F. Augère