Bovins viande
Pierre Chevalier: «Le rééquilibrage est indispensable pour conserver la PAC»
Président de la Fédération nationale bovine, le corrézien Pierre Chevalier se fait le porte-parole d’une profession qu’il dit «au bord de la rupture», asphyxiée par des coûts de production qui n’en finissent pas de grimper.
En quoi la situation des éleveurs est-elle aujourd’hui préoccupante?
Pierre Chevalier: D’après les comptes de l’agriculture, le revenu moyen annuel en élevage bovin-viande ne dépasse pas 15000 euros. Les revenus de 2012 sont non seulement en recul mais aussi les plus faibles de la profession. Cette situation ne date pas d’aujourd’hui, depuis 2007, l’élevage de bovins-viande affiche des revenus extrêmement bas.
Et pourtant les prix se sont redressés depuis dix-huit mois…
P.C.: Effectivement, les prix des bovins sont supérieurs d’un euro par rapport à l’an passé. Mais la progression des cours est insuffisante pour absorber l’explosion des coûts de production. Le prix des céréales a augmenté dans de telles proportions qu’il pénalise la production animale, soit en étouffant les trésoreries des éleveurs, soit en incitant ces derniers à retourner leurs prairies pour produire eux-mêmes des céréales.
Avons-nous une idée de l’étendue de cette concurrence entre élevage et céréale?
P.C.: La décapitalisation du cheptel allaitant en France est une réalité, puisqu’en 2012, nous avons perdu 200000vaches. Au niveau européen, le recul est de 3%. Pour ne citer que ces deux départements, l’Allier a enregistré une baisse de 6000vaches, et la Dordogne est à près de moins 20%. Avec un maïs ou un blé à 250euros la tonne, il devient difficile de maintenir l’élevage dans les zones où les cultures sont possibles.
La production de viande bovine est-elle en péril?
P.C.: On assiste à ce phénomène de changement de destination des terres, partout dans le monde où l’on produit de la viande bovine. On se dirige vers des tensions, puisque d’ici dix ans, la consommation mondiale de viande bovine devrait progresser de 15 à 20%. Il est donc dommageable d’être dans une situation où faute de prix et de soutiens suffisants, nous risquons de ne pas être en mesure de répondre aux besoins du marché.
La contractualisation peut-être un élément positif pour avancer sur les prix. Où on-est-on sur ce dossier?
P.C.: La contractualisation est effectivement le préalable indispensable. Mais attention si nous n’arrivons pas à contractualiser en prenant en compte les coûts de production dont le coût alimentaire, ce n’est pas la peine d’y aller. On commence à signer des contrats. J’ai bon espoir que les choses avancent dans le bon sens. Il est essentiel que tous les moyens soient utilisés pour permettre une hausse des prix, tant pour le maigre que les animaux finis. Nous avons beaucoup œuvré auprès des pouvoirs publics pour la négociation de certificats sanitaires ouvrant les nouveaux débouchés sur les pays tiers. C’est ce qui a permis d’aboutir à des résultats positifs depuis l’automne 2011. La FNB maintiendra ce cap et nous nous félicitons à ce titre de l’engagement actif de plusieurs entreprises, privées comme coopératives, pour l’export sur pays tiers. L’export, même avec un flux un peu en dent de scie, reste une vraie dynamique de fond.
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La suite est à lire dans la Creuse agricole et rurale du 1er février 2013.