Nous y étions... mais la question est restée sans réponse
Présent à la journée laitière organisée par la Chambre d'Agriculture le 20 octobre, David Chauve, président de la FDPL, regrette que tousles contours de la production et de son avenir n’aient été qu’effleurés. Beaucoup de questions restent en suspens.
La fin des quotas et l'abandon de toute politique de soutien des marchés marquent- il un tournant majeur pour la filière laitière ?
Cette nouvelle ère débute dans un contexte économique général qui se dégrade, où l'inconnu et le manque de repères préoccupent tous les jours un peu plus les producteurs. En fait, nous sommes face au même défi qu'il y a 30 ans ; un défi qui a bien été relevé ! La présentation de la photographie laitière du département lors de cette journée en atteste, et met clairement en évidence l'esprit d'initiative et d'entreprise des équipes précédentes sur le plan de la politique de diversité des systèmes d'exploitation, de recherche de valeur ajoutée, de modernisation et d 'installation car nous sommes parmi les départements dont la moyenne d'âge est la moins élevée.
Que retenez-vous de l’intervention de Thierry Pouch ?
L’intervention de Thierry Pouch a rempli l’objectif qui était de fournir des éléments d’information sur le contexte de la production laitière de demain. En revanche, même si le sujet est complexe, les pistes évoquées sur les alternatives possibles pour les producteurs n’ont que partiellement répondu aux attentes et n’étaient surtout pas à la hauteur des enjeux.
Sébastien Gardette l’a dit : « la Chambre n’est pas là pour impulser des schémas ». C’est donc à chaque producteur, d’après lui, de se débrouiller pour identifier ses alternatives. La Chambre d’agriculture ne s’engage pas.
Quelles sont alors les réponses proposées ?
Bien sûr, il n’y a pas de recette miracle mais il faut que chacun ait conscience que chaque opportunité qui se présente est à saisir.
Parmi les messages passés : investir progressivement en s’assurant d’être en capacité de rembourser les annuités. Certes, c’est un conseil de bon sens. Mais alors, on ne fait plus évoluer les systèmes qu’à la marge. A très court terme ça peut payer, mais cela signifie renoncer à l’amélioration des conditions de travail et à la transmission des exploitations. A quoi ressembleront alors nos territoires dans quelques années ?
Je pense au contraire qu’il faut permettre à ceux qui le souhaitent d’investir tout en calculant le risque pris et de faire des choix en fonction de leurs objectifs, de leur historique d’exploitation et maintenant de l’entreprise à laquelle ils livrent. C’est d’ailleurs dans cette optique que le réseau FNSEA a orienté les modalités du nouveau plan bâtiment (PCAEA) et œuvré pour saisir les opportunités de différenciation de notre région. Ainsi, nous avons obtenu la mise en place d’un prix spécifique pour les laits transformés en AOP et créé «Montlait», marque propriété des producteurs qui valorise l'appellation Montagne désormais reconnue par l'Europe comme l'ont souligné les deux représentants des entreprises.
Vous restez donc sur votre faim à l’issue de cette journée ?
Chaque exploitation est un cas unique, mais plein de questions communes sur l’organisation future de la filière, auraient mérité d’être abordées : dommage !
Ainsi, en réponse à la question :
- du besoin de modernisation et de notion de productivité du travail pour répondre au maintien de la densité laitière de nos territoires et aux enjeux sociétaux auxquels sont confrontés les producteurs : RIEN.
- de l’implication des producteurs dans le devenir de leur production : RIEN.
- de la structuration des producteurs à travers les nouvelles relations producteurs /entreprises, et de la future gestion des volumes : RIEN.
Si je résume, cela fait trois fois rien si ce n’est de prendre à témoin les entreprises pour dire aux producteurs qu’ils ont des marges de manœuvre sur leurs coûts de productions ; pas très judicieux !!!
Une nouvelle ère s’ouvre, les leviers sont multiples pour notre région, alors soyons en tous conscients, chacun a une carte à jouer. Mais une chose est sûre, c’est que le résultat dépend en partie de notre capacité à impulser une dynamique collective sur nos territoires.