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« Nous devons regarder encore plus loin »

Fraîchement élu à la présidence de Jeunes Agriculteurs de la Creuse, Thomas Saby nous livre ses positions et ses perspectives au sein des JA de la Creuse.

© AM

Élu depuis le 20 avril dernier à la tête des JA de la Creuse en remplacement de Michaël Magnier, parti vers d’autres horizons, Thomas Saby est un homme posé, pragmatique et déterminé avec un esprit syndical affiché pour faire évoluer les dossiers des Jeunes Agriculteurs.
Installé depuis 2016, Thomas Saby est aujourd’hui âgé de 29 ans. Il exploite, en Gaec avec son père Christian, une ferme de 150 ha sur la commune de Lupersat située en zone de montagne dont 8 ha sont consacrés aux céréales et 142 ha en herbe. Le Gaec possède 110 mères vaches charolaises en système naisseur et en mode plein air, producteurs de broutards dont quelques-uns sont alourdis. Ils finissent également quelques vaches de boucherie qu’ils commercialisent auprès de négociants privés.
Parallèlement Thomas et Christian Saby disposent d’un atelier d’engraissement porcin de 400 places. Ils produisent 950 porcs charcutiers annuellement en label rouge « Porc Délice ».
C’est un atelier de diversification de petite unité en complément de l’atelier bovin qui s’inscrit dans une agriculture raisonnée. « Nous ne sommes pas en intégration, car nous voulons garder nos marges de manœuvre en toute liberté » souligne Thomas Saby.

Un engagement déterminé
Thomas Saby commence à bien connaître les rouages du syndicalisme agricole jeune. « Je suis rentré aux JA à l’âge de 24 ans, dès mon installation en 2016, comme administrateur du canton de Bellegarde/Auzances et puis en 2018, j’ai été élu à la vice-présidence de JA Creuse en ayant la responsabilité du dossier « chasse » et du GDS, avant de prendre la présidence des JA au printemps dernier ».
Parallèlement Thomas Saby est également vice-président du lycée agricole d’Ahun, dont il est administrateur depuis 2016.
Pour Thomas Saby, « les jeunes qui s’installent aujourd’hui sont ceux qui feront l’agriculture de demain. Pour cette raison, j’estime que les jeunes doivent justement s’investir, davantage que les autres, dans les problématiques de notre métier. Nous portons en nous, une certaine forme de responsabilité et c’est pour cette raison que nous devons affirmer nos positions et défendre nos revendications. »
Les JA ont une place prépondérante sur l’échiquier politico-syndical du département. « En règle générale, les JA sont bien présents dans quasiment l’ensemble des organisations professionnelles agricoles représentatives du département, mais aussi à travers les événements que nous organisons. Cette présence s’inscrit aussi sur le plan des politiques agricoles départementales. Nous devons aussi communiquer davantage sur notre métier et faire valoir nos idées, c’est pour cette raison que nous devons être présents partout, mais pour cela nous devons aussi nous impliquer et nous investir pleinement dans nos missions. Ce n’est pas en restant chez soi que nous ferons avancer les choses et nos préoccupations ! ».

Le choix de la présidence
« Avant de prendre ma décision, nous en avons longuement débattu en interne et discuté en particulier avec le président sortant, car c’est une responsabilité, parfois une discipline, difficile à assumer compte tenu du contexte actuel, mais j’assume… c’est un engagement de tous les instants pour des causes et des valeurs auxquelles on croit… ».
Parmi les sujets de prédilection des Jeunes Agriculteurs, l’installation reste une priorité. « C’est un sujet majeur pour nous, parce qu’il est essentiel pour le renouvellement des générations et la dynamique de nos territoires. D’autant plus, lorsque l’on analyse les  chiffres de l’installation, il y a de quoi se mobiliser pour faire infléchir cette courbe descendante. Aujourd’hui on compte une installation pour trois départs et la tendance risque de ne pas s’améliorer si l’on ne fait rien ».
L’autre volet que souhaite mettre en exergue les JA de la Creuse, c’est la convivialité, « parce que nous considérons que la convivialité reste un élément moteur de nos campagnes, et une dynamique primordiale pour les cantons dans notre réseau syndical ».
Il y a bien sûr, de nombreux autres sujets que portent les Jeunes Agriculteurs de la Creuse, comme la formation ou encore la défense du métier, mais pour Thomas Saby, « l’essentiel c’est le dévouement que l’on porte pour les autres et de rester vigilant sur les dossiers que nous suivons. Nous avons toujours besoin de nous faire connaître et de faire entendre nos revendications ».

Mettre en avant les JA
Malgré les actions que mènent les Jeunes Agriculteurs, le premier objectif de Thomas Saby est de « conforter » la place des JA au sein même de la structure. « C’est-à-dire, que chacun des administrateurs JA se retrouvent et s’impliquent dans leurs missions. Mais c’est aussi de consolider les opérations que nous menons au sein des JA sur l’installation. Notre rôle d’élu c’est de motiver nos jeunes à s’intégrer dans notre organisation et les faire participer, car comme on le sait, c’est toujours difficile d’impliquer nos agriculteurs pour s’investir dans nos organisations ».
Sur le plan régional, les liens qu’entretiennent les JA de la Creuse avec les JA de Nouvelle  Aquitaine sont parfois distants. « Même, si nous avons un représentant à la région, il est  toujours difficile d’avoir une cohérence dans nos échanges, dans notre façon de voir les choses et d’aborder les dossiers. Il y a tellement de disparités entre les 12 départements de la région Nouvelle-Aquitaine, qu’il est difficile de trouver des consensus et de se faire entendre. Trouver sa place au sein de la région n’est pas une chose évidente ».

La formation un élément essentiel
Si Thomas Saby avait un message à faire passer auprès des jeunes, c’est de penser avant d’agir et ne pas hésiter à franchir le pas. « Nous devons être  acteurs de notre parcours à l’installation  pour la réussir ».
« Nous voulons continuer d’installer des jeunes afin qu’ils puissent vivre dignement de leur métier sur des exploitations viables et vivables. Pour ma part, je préfère encore installer moins de candidats avec de bons projets réfléchis et assumés , que plus de jeunes avec des projets incomplets et que l’on risque de perdre dans 6 ou 7 ans, mais cela dépend aussi de la motivation des candidats ».
Bonne connaissance ou diplôme ? « Les deux sont nécessaires pour bien réussir dans le métier », souligne Thomas Saby, « je pense que les jeunes agriculteurs sont dans l’ensemble, relativement bien formés, même si nous trouvons toujours quelques lacunes dans certaines formations. Nous voulons que la formation des jeunes évolue pour qu’ ils soient mieux préparés à la vie professionnelle ».
« J’estime pour ma part, qu’il faut avoir une vision globale du projet d’installation et de l’exploitation. Une fois installé, nous devons être en capacité aussi d’assurer  la gestion administrative de nos exploitations. C’est une partie trop souvent négligée dans nos fermes. Nous sommes des chefs d’entreprise! Il faut être polyvalent et compétent dans beaucoup de domaines (technique commerce, gestion,…).Enfin il faut savoir se remettre en question ».
Mais comment mieux former des jeunes de demain ? « C’est de donner aux jeunes, la capacité d’aller de l’avant, mais ce qui m’inquiète, c’est que certaines formations sont parfois insuffisantes pour bien mesurer l’importance d’un projet d’installation, et c’est aussi le rajeunissement des candidats à l’installation. Lorsque l’on s’installe à 18 ou 20 ans et que l’on emprunte des sommes d’argent importantes, ce n’est pas pour quelques années, mais quasiment pour une  carrière que l’on veut mener à bien. Personnellement, je ne suis pas opposé à remettre en place, des stages avant installation comme auparavant. Les jeunes candidats doivent avoir une plus grande ouverture d’esprit. Maintenant, faut-il obliger les jeunes à faire des stages à l’extérieur en attendant leur installation, moi je suis pour ! Par contre je suis opposé au stage de complaisance chez ses parents, ou trop près de chez soi. Justement l’intérêt de ces stages, c’est de nous faire partir ailleurs, voir autre chose de ce que l’on connaît déjà, découvrir d’autres choses, d’autres systèmes et modes de production, c’est ce qui rend ces stages plus attractifs ! ».

Mieux communiquer
Toutes les organisations professionnelles agricoles souffrent d’un déficit de communication, mais chez les JA, les réseaux sociaux sont très souvent utilisés. C’est un moyen rapide et utilisé par les jeunes, « mais ce n’est pas pour moi » souligne Thomas Saby.
« Nous avons tous nos smartphones et l’on croit tout savoir, sur tout, et en direct, mais c’est faux, car bien souvent, c’est une information superficielle qui est chassée par une autre information tout aussi superficielle, sans connaître le contenu précis. C’est ce qui complique la communication ». « Je pense qu’il appartient aux responsables du réseau, de faire descendre l’information auprès de nos adhérents, mais aussi de les faire remonter. Nous devons aussi plus et mieux communiquer sur les côtés positifs du métier auprès des citoyens et des potentiels agriculteurs de demain. »
En conclusion, « je dirais simplement qu’il faut croire en notre passion et en notre métier et  ne pas hésiter à se lancer à condition d’avoir bien réfléchi son installation ».

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