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Maintenir le dialogue et le cap sur les priorités : revenus, prix EGA, PAC…

Le ministre de l’Agriculture a su se faire apprécier malgré l’absence d’annonces attendues.
Le ministre de l’Agriculture a su se faire apprécier malgré l’absence d’annonces attendues.
© AM

Le 73e congrès de la FNSEA qui s’est tenu à Nancy du 26 au 28 mars dernier a voulu mettre l’accent la nécessité de maintenir un dialogue « ouvert, constructif ». Si les deux premières demi-journées, étaient réservées aux adhérents de la FNSEA, lors d’un huis clos, de nombreux responsables départementaux se sont largement exprimés pour échanger directement et librement sur de nombreux sujets. Parmi les interventions des différents délégués départementaux, Thierry Jamot président de la FDSEA 23 s’est exprimé à son tour au sujet de la sécheresse et du besoin urgent de prendre prioritairement le dossier du stockage de l’eau pour permettre aux éleveurs de faire face aux aléas climatiques.
Mais au-delà de l’expression de chacun des départements, une partie de ce congrès était consacrée à l’analyse des élections chambres d’agriculture, afin, dans un premier temps, de féliciter le réseau pour la victoire, mais aussi d’en tirer des leçons. « Nous sommes fiers de notre victoire, qui est basée sur un projet, nous allons donc le porter durant ces 6 ans » précise Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA. La FNSEA avait d’ailleurs fait appel au sociologue François Purseigle. Si sur le plan sociologique, il estime difficile d’analyser ces élections locales, il fait le constat de la transformation démographique des exploitations, avec un nombre d’agriculteurs qui diminue et un monde agricole en mutation.

Rester réceptif aux attentes
« On constate de nombreuses évolutions dans les comportements, dans les attentes, des agriculteurs », complète Jérôme Despey. Il s’agit donc, pour le secrétaire général, de rester à l’écoute des agriculteurs, de poursuivre le dialogue. « Durant sur les prochaines années il faudra continuer à prendre en compte les évolutions nous ne travaillons pas seulement lorsque nous sommes en campagne électorale », ajoute Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA. « Ces élections nous ont prouvé que nos valeurs reposent sur la proximité, c’est elle, justement, qui nous permet de rester connecté aux agriculteurs, réceptif à leurs problématiques et à l’écoute de leurs attentes », se félicite Jérôme Despey.
Les congressistes et les élus FNSEA ont aussi commencé à définir les grandes lignes stratégiques pour le futur de la FNSEA à l’horizon 2025 avec toujours comme objectif de maintenir le dialogue au niveau national comme local.

Comment se faire entendre ?
Si la défiance envers le pouvoir actuel est extrêmement forte, comme en témoigne le mouvement des gilets jaunes, le rôle des corps intermédiaires prend aujourd’hui tout son sens. Car le rôle des corps intermédiaire, c’est avant tout de débattre pour porter ensuite une position commune. « Dans notre structure, on a un débat, on défend une unité avec de multiples différences », souligne Eric Thirouin, secrétaire général adjoint de la FNSEA.
« Le sens de la délibération, ce n’est pas le bavardage, c’est la discussion avant et pour la décision », rappelle de son côté le philosophe Pierre-Henri Tavoillot. Ce que le syndicalisme agricole a bien compris : « nous faisons notre grand débat permanent, nous portons et assumons la délégation, et c’est comme ça que nous avons gagné », rappelle Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. « Les gens ont découvert sur les ronds-points ce qu’on a dans nos réunions locales », poursuit-elle. Mais si le monde agricole peut à ce niveau être considéré comme un exemple de représentativité et de participation, les corps intermédiaires sont clairement en perte de vitesse dans la majorité des autres secteurs, ignorés par Emmanuel Macron, et jugés éloignés de la société. Leur rôle est donc de se renouveler pour mieux répondre aux préoccupations actuelles. Pour Pierre-Henri Tavoillot, il faut cependant rester vigilant : « je suis un peu réticent à l’égard du participatif… Il faut des médiateurs : journalistes, corps intermédiaires… », insiste-t-il. Si le monde agricole reste encore très attaché aux corps intermédiaires et reconnaît leur efficacité, la participation aux élections chambres d’agriculture était en baisse de près de 10 points cette année. Tout l’enjeu de cette mandature sera donc de valoriser encore plus la discussion, l’explication, et les débats sur le terrain…

Une PAC sur fond de Brexit
Derrière le rôle que doivent jouer les corps intermédiaires et notamment les organisations syndicales agricoles, la situation de l’Europe, avec la négociation de la PAC post-2020 et les élections européenne en ligne de mire dans un contexte de Brexit et bien  d’autres sujets presque aussi conjoncturels inquiètent tout autant la profession agricole, ce que Christiane Lambert n’a pas manqué de rappeler au ministre de l’Agriculture venu conclure le congrès. La présidente de la FNSEA a tout d’abord évoqué le chantier des prix, alors que les premières négociations commerciales après les États généraux de l’alimentation se sont avérées décevantes. « Nos trésoreries ont besoin de concret maintenant », insiste Christiane Lambert, incitant Didier Guillaume à mettre en œuvre les sanctions, voire mettre « des caméras dans les boxes de négociation ». Pour le ministre, les EGA sont quoiqu’il en soit une réussite, puisque « le modèle de négociation a bougé ». Une mission parlementaire de contrôle de la loi a cependant été mise en place le 14 février. Christiane Lambert, comme Didier Guillaume, se sont par ailleurs farouchement opposés à l’idée d’une TVA à 0 % sur les produits bio, comme proposé par Michel-Edouard Leclerc, une disposition qui, pour le ministre, « ne ferait qu’enrichir le distributeur ».

Un ministre à l’aise
Celui qui se pose en « bouclier contre l’agribashing » a une nouvelle fois su « se faire apprécier » a résumé la présidente de la FNSEA après son intervention. Le ministre n’a pourtant pas apporté les annonces attendues par la FNSEA, mais il s’est volontiers présenté sur ces dossiers comme faisant face à des « arbitrages ministériels » défavorables au sein du gouvernement.
Thème cher à Didier Guillaume, la réconciliation entre agriculteurs et citoyens mais aussi, plus largement, entre ruraux et urbains, doit être accélérée, a rappelé Christiane Lambert, quand les territoires ruraux se sentent « abandonnés par l’État » en matière de services publics notamment. Face aux attaques dont ont été victimes des agriculteurs, des abattoirs, des boucheries, dont le travail a été régulièrement pointé du doigt dans les médias ces derniers temps, le ministre a indiqué que « Nicole Belloubet (ndlr : ministre de la Justice) a fait passer une circulaire aux procureurs rappelant qu’il ne fallait rien laisser passer, les paysans, les abattoirs, font partie de notre vie économique et doivent être protégés ». Si cet état d’esprit est positif, le ministre, qui a plusieurs fois rappelé l’importance et la nécessité de la « co-construction », est donc désormais attendu dans les actes.

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