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Agriculture
Les sept priorités du Massif central pour faire bouger les lignes

Près de 150 responsables agricoles venus du Massif central réunis, vendredi dernier, à Lempdes, dans le Puy-de-Dôme, pour définir les positions de cette grande région agricole.

Rassemblement des professionnels agricoles, vendredi dernier, à VétagroSup, à Lempdes.
Rassemblement des professionnels agricoles, vendredi dernier, à VétagroSup, à Lempdes.
© SG

Le beau temps enfin retrouvé, les agriculteurs avaient le sourire, en fin de semaine dernière. Si l’appel des champs était plus qu’une réalité pour bon nombre d’entre eux, certains n’ont pas hésité à prendre du temps pour participer au grand rassemblement sur la Politique agricole commune, le 7 juin, à Lempdes (63). À l’invitation de Jacques Chazalet, président de la FRSEA Massif central, de Patrick Escure, président de la FRSEA Auvergne, de Jérémy Leroy, président des JA Auvergne et de Dominique Barrau, président du Sidam, 150 responsables agricoles représentant les FDSEA, les Jeunes Agriculteurs et les chambres d’agriculture se sont réunis pour évoquer la réforme de la Pac, actuellement en discussion au niveau européen.

La balle dans le camp du ministre

Le premier objectif est de continuer à défendre une agriculture professionnelle de production et en particulier, l’élevage, caractéristique de l’activité agricole du Massif central. Pour cela, des outils existent dans les propositions qui sont discutées actuellement sur la scène européenne. “À Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture de les améliorer puis de choisir leur mise en œuvre”, rappellent dans un communiqué les professionnels. Le projet agricole qu’ils défendent, tourné vers l’économie, l’emploi et les territoires, implique de disposer d’une Pac plus juste, plus équitable et plus efficace. À ce titre, le Massif central défend sept orientations. Premièrement, un couplage optimum des aides pour les productions les plus fragiles, y compris pour le porc de montagne qui jusqu’à présent ne bénéficiait pas d’une telle mesure.

Impact économique réel

“Il ne s’agit pas d’aller chercher des aides pour des aides, mais bel et bien de soutenir des productions menacées qui ont un réel impact économique sur les territoires, en termes de revenu, de créations d’emplois, de dynamique”, a expliqué Michel Lacoste, producteur de lait dans le Cantal, citant le cas de la production porcine : “Il faudrait peu de moyens pour soutenir les éleveurs, et pourtant ce soutien aurait un effet levier indéniable sur l’économie de tout le territoire.” Deuxièmement, le Massif central plaide en faveur du doublement du budget alloué à la compensation des handicaps naturels dans le second pilier. “C’est possible à Bruxelles, il suffit que Paris en ait la volonté”, a insisté Jacques Chazalet.

Sur cette question de la compensation des handicaps matérialisés par les ICHN, tous les éleveurs restent fortement mobilisés, ceux des zones défavorisées en particulier. Éleveur en Saône-et-Loire, Christian Bajard a fait ses comptes. La réforme du zonage “zones défavorisées et piémont”, pourrait l’amputer de 3 500 euros : “Quand on regarde les critères socio-économiques, les soutiens restent légitimes.” C’est la raison pour laquelle, soutenus par les professionnels du Massif central, avec d’autres départements comme celui de la Nièvre, du Cher, de la Côte d’Or, de la Haute-Vienne ou encore de l’Allier, les plus concernés par cette modification du zonage qui du coup exclurait certaines exploitations, il réclame plus de souplesse. Le dossier pourrait aboutir en requalifiant les zones d’élevages en zones défavorisées, en travaillant sur la surface en herbe par rapport à la SAU. “Le ministère de l’Agriculture français a validé cette hypothèse, la Commission européenne y reste opposée, mais les députés européens y sont favorables. Nous avons bon espoir d’obtenir gain de cause”, explique Christian Bajard.

En troisième lieu, le Massif central estime qu’un complément de soutien dans le premier pilier pour les éleveurs des zones à contraintes naturelles est nécessaire. “Là encore, près de 400 millions d’euros par an peuvent être mobilisés en faveur de l’élevage, si le ministre en a la volonté”, a estimé Patrick Escure. Quatrième axe défendu : l’idée que les contraintes environnementales liées au “verdissement” de la Pac soient justement rémunérées, en particulier celles qui vont concerner les éleveurs ayant des prairies naturelles. À ce titre, le projet d’un paiement écologique proportionnel aux paiements historiques est fortement combattu par le Massif central car jugé profondément injuste. Cinquièmement, la réelle reconnaissance de tous les actifs exploitants est fortement souhaitée. Sixième revendication : les professionnels estiment indispensable la mise en place d’outils de gestion des risques efficaces pour les éleveurs concernés par les accidents climatiques ou les dégâts générés par les nuisibles. Enfin, le plan stratégique serait incomplet sans une politique ambitieuse en faveur de l’installation tout comme en faveur de la modernisation des bâtiments d’élevage, deux priorités qui constituent la septième proposition. Pour assurer le renouvellement des générations, les jeunes ont besoin de perspectives, comme l’a rappelé Benoît Aurière, président des JAdu Cantal : “Pour les jeunes, une majoration forfaitaire sur le premier pilier constituerait un coup de pouce supplémentaire intéressant, qui évidemment ne se substituerait pas à la vraie politique d’installation du deuxième pilier méritant d’être conservée.” Forts de leurs sept propositions imaginées pour servir un projet tenant compte des actifs et du territoire sur lequel ils vivent, les professionnels du Massif central veulent désormais démontrer qu’ils sont en mesure de convaincre pour faire bouger les lignes.

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

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