Les responsables de la FNSEA Nouvelle‑Aquitaine font le bilan du congrès
Le congrès 2018 de la FNSEA était placé sous le double signe du mouvement et de la volonté de positiver. Outre les traditionnels huis-clos et échanges, une grande partie des travaux était consacrée à la prospective, démarche résumée par une phrase : « Le monde bouge… bougeons ! ».
Philippe Moinard, président de la FNSEA NA, et Bernard Layre, secrétaire général reviennent sur les temps forts du congrès.
Philippe Moinard, quels ont été les sujets phares abordés lors du congrès de la FNSEA et quel est votre ressenti sur ce qui a été dit ?
PM : Ce que je retiendrais avant tout de ce congrès 2018, c’est l’après-midi consacré aux enjeux auxquels le monde agricole est confronté aujourd’hui. Je veux parler de la construction des prix mais aussi de la montée en gamme, du contrat de solutions, du climat, du numérique et bien sûr de la PAC à venir. Les échanges entre les invités et la FNSEA ont été intéressants et sans concession. Au final, je pense que les congressistes ont trouvé ces débats très positifs. On est arrivé à sortir des sentiers battus, à ne pas parler uniquement du prix. Sortir des affaires courantes, donner des grandes orientations c’est le but du congrès. Il y a eu également des interventions très intéressantes sur les énergies renouvelables, les EGALim ou encore la communication.
Bernard Layre, vous êtes intervenu lors du temps de parole accordé aux régions, quels étaient les sujets que vous avez abordé ?
BL : Nous avions choisi quatre sujets phares et les départements ont aussi complété cette intervention. Bien sûr, nous sommes revenus sur les EGAlim, le sujet qui nous importe le plus actuellement. Si les déclarations des uns et des autres vont dans la bonne direction, on a pu assister encore cet hiver à un bras de fer entre producteurs d’un côté et industriels et GMS de l’autre. À tel point que les prix au producteur ont chuté. C’est une honte ! Il faut impérativement un cadre national pour éviter les dérapages. Ceci étant, des prix décents ne compensent pas tout. Ce qui m’amène au sujet des zones défavorisées. Comment peut-on considérer que le produit à l’hectare est seul représentatif de la présence de handicap ? Comment peut-on exclure le critère de relief alors que celui-ci était auparavant à la base du zonage ? Il est impensable de raisonner ainsi ! Nous avons également évoqué la gestion de l’eau. Actuellement la réglementation qui pèse sur les porteurs de projet fait doubler le coût d’investissement au m3. Ce n’est pas acceptable. Enfin, nous sommes revenus sur la présence du loup et de l’ours sur nos territoires. Leur présence est incompatible avec le pastoralisme. Aujourd’hui, le loup remonte jusqu’au Lot. Certaines zones du Sud-Ouest ont vu le pastoralisme disparaître à cause de ces prédateurs. Tout ce que nous demandons, c’est une vraie régulation.
Au final, que retirez-vous du congrès ? Quels enseignements guideront la FNSEA NA pour les mois à venir ?
PM : Qu’il est temps de passer de la parole aux actes ! Notamment en ce qui concerne les suites des EGALim. Aujourd’hui, il y a une différence entre la volonté du citoyen qui souhaite des produits locaux, de qualité et l’acte d’achat du consommateur. On impose des choses aux agriculteurs, sur des sujets fondamentaux et la consommation ne suit pas. Nous allons devoir convaincre les consommateurs y compris ceux qui sont captifs de la restauration hors domicile. Sur ce dernier sujet, nous devrons aussi échanger avec le Conseil régional pour que le recours à des produits locaux et de qualité soit fait dans une logique de mieux-disant. Si la réforme territoriale a bouleversé nos façons de travailler à tous, il y a aujourd’hui une vraie dynamique en Nouvelle-Aquitaine. C’est une chance pour la défense de nos agriculteurs.