Les producteurs de la SLVA décidés à obtenir une hausse de prix
En bloquant le site de la Société Laitière des Volcans d’Auvergne de Theix, les producteurs puydômois, creusois, corrézien et altiligérien ont entamé le bras de fer pour obtenir une hausse du prix du lait. Un rendez-vous est prévu avec les dirigeants le 7 décembre.
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« On demande 34 centimes par litre de lait comme tous les éleveurs de Terra Lacta, il est hors de question que l’on reste à 31 centimes par litre de lait ». Jacques Cornelissen, éleveur à Saint-Fréjoux en Corrèze fait partie des 450 producteurs de la Coopal (satellite de collecte de la coopérative Terra Lacta) qui ne comprennent pas pourquoi, leur lait aurait moins de valeur que celui de leurs collègues de l’ouest. Depuis le début de l’année, le prix payé par la Société Laitière des Volcans d’Auvergne à ses producteurs dépendant de la collecte de Theix (Puy-de-Dôme) et d’Auzances (Creuse) est en effet inférieur non seulement à celui de la plupart des concurrents sur la zone, mais pire, il décroche par rapport au prix moyen payé par la coopérative dont ils dépendent. « Ce sont les principes mêmes de la coopération qui sont ici bafoués », relève David Chauve, président de la FNSEA 63. Pour la fin de l’année, « les dirigeants de la Coopal sont même allés jusqu’à annoncer le chiffre de 29 centimes par litre », ajoute Thierry Chirol de la FDPL du Puy-de-Dôme. Face à ces propositions « indécentes et complètement déconnectées de la réalité du marché », les producteurs ont entamé, jeudi en fin de matinée, un blocage du site SLVA de Theix. Une quarantaine d’éleveurs venus du Puy-de-Dôme, de Haute-Loire, de Corrèze et de Creuse étaient présents dès le début de l’action syndicale à l’appel du réseau FNSEA-JA.
Quelle stratégie d’entreprise ?À Theix, 120 millions de litres de lait sont conditionnés chaque année. Entre 50 000 et 60 000 litres sont commercialisés en lait de montagne, essentiellement en marque distributeur Carrefour. Pour Eric Richard, président de la section laitière de Haute-Loire, la politique de prix au rabais de l’entreprise est symptomatique d’un défaut de stratégie : « Ce n’est pas aux producteurs de payer les choix stratégiques de l’entreprise qui s’est enfermée dans une production de lait de consommation non segmentée dont les prix sont au bon vouloir des enseignes de distribution ». Une absence de lisibilité, qui interroge d’autant plus que le marché laitier est plutôt porteur. « Nous sortons de deux années très compliquées. Dans un contexte plus favorable, des entreprises qui n’arrivent même pas à tenir les 300 euros/1 000 litres sur l’année, c’est inquiétant », se désole Sébastien Brousse, de la section laitière de la Creuse.
Un huissier comme premier messagerInquiétante aussi l’attitude des responsables de l’entreprise, qui au lieu d’engager le dialogue avec les éleveurs, leur a envoyé d’emblée un huissier. « Il n’en fallait pas davantage pour motiver les producteurs », estime Thierry Chirol. Avec d’autres collègues des départements voisins, il a assuré la permanence du site durant la nuit. Le lendemain matin, une trentaine d’éleveurs est venue les relayer. Une délégation a été reçue dans la matinée par le président et le vice-président de la Coopal. Si aucune annonce concrète n’a été faite vendredi, un rendez-vous a été calé pour le 7 décembre. Objectif : obtenir de Terra Lacta un complément de prix pour la fin de l’année pour les 450 producteurs d’Auvergne et du Limousin.