Aubrac
Les instances raciales décident de ne pas se couper d’un rameau sans cornes
Le conseil d’administration de l’union, divisé sur le sujet des animaux porteurs du gène sans cornes, a tranché et décidé de leur ouvrir le grand livre du herd-book, mais...à un chapitre spécifique.

Deux ans que l’Union aubrac a engagé une réflexion.Deux ans nécessaires pour prendre une position sur un sujet délicat tant il déchaîne les passions des éleveurs: les reproducteurs de race pure aubrac sans cornes.Par la voix du président Henry Peyrac, le bureau a fait part de sa décision, lors de son assemblée générale, vendredi 9août à Anterrieux (canton de Chaudes-Aigues): “Avec la volonté de protéger nos souches et rameaux historiques, nous nous devons de répondre aussi à une évolution inéluctable de l’élevage. Évolution qui, au cœur du berceau, peut paraître ridicule eu égard à l’attrait de notre belle vache aubrac, mais qui pour ceux qui ne bénéficient pas de la plus-value territoriale, est importante pour faciliter et améliorer leurs méthodes d’élevage.”
Pas la tête dans le sable
Ainsi, malgré des avis partagés au sein même du conseil d’administration, le herd-book aubrac gérera bien des animaux au gène sans cornes. Une gestion rigoureuse qui permet de les identifier et de les tracer, comme l’a expliqué Jacques Renou, directeur: “C’est ce qui permettra d’utiliser ou non leurs descendants, en connaissance de cause.”Et comme le herd-book n’est constitué que d’un livre unique, les animaux génétiquement sans cornes figureront une “classe épreuve”(1).Un principe de deux classes confirmées (historique ou épreuve) qui ne coupe pas les instances raciales d’une forme d’ouverture à tous les nouveaux adhérents.D’autant que l’Union aubrac est convaincue qu’il ne faut pas se mettre dans la tête dans le sable: “Il naît des aubracs sans cornes en France, et plus encore à l’étranger”, précise Jacques Renou. “Et si le herd-book ne propose pas un processus bordé et protégé, d’autres opérateurs se chargeront de ce travail”, ajoute Henry Peyrac. Et même si “toutes les races sont confrontées au même problème”, comme ce fut souligné, l’argument ne satisfait pas le vice-président pyrénéen, Jean-Louis Régné: “Nous avons bâti une réussite sur notre différence et nous risquons d’avoir beaucoup à perdre si l’on fait comme tout le monde...”Il s’avoue également gêné que soit introduite une autre race, rappelant que le gène sans corne est initialement issu... des galloways.
Le sujet qui fait débat
A contrario, un éleveur qui brûle les cornes y voit un vrai progrès.À la question posée sur les concours, il est rappelé qu’il ne s’agit pas d’une qualité différente et que les mêmes standards seront travaillés.Sage, le Cantalien Michel Bos convient que “ce n’est peut-être pas la perfection, mais, en donnant satisfaction au plus grand nombre, cette solution s’avère la moins pire”.
(1) Dans le meilleur des cas, trois générations de femelles croisées avec des “cornés” (soit au minimum une dizaine d’années) seront requises pour passer de la classe épreuve à la classe historique.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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