Action syndicale
L’élevage grande cause nationale
En avant première de la grande manifestation du 23 juin prochain à Paris, les éleveurs creusois ont manifesté leurs inquiétudes dans les rues d’Aubusson.
À l’appel de la FDSEA et des JA, les éleveurs creusois se sont mobilisés le 28 mai dernier dans les rues d’Aubusson pour rappeller aux pouvoirs publics et aux élus creusois le déclin du secteur de l’élevage.
«L’élevage se meurt» a lancé le président de la FDSEA, un appel qui vient s’ajouter aux précédents pour dénoncer l’augmentation toujours croissante des charges qui plombent les trésoreries, les lourdeurs et les contraintes administratives et les futures orientations de la PAC.
Après le premier coup de semonce du 12 avril et à quelques semaines de la grande manifestation du 23 juin, la FDSEA et les JA ont voulu à nouveau mobiliser les éleveurs sur les enjeux de demain. Près de 200 agriculteurs et une trentaine de tracteurs, pour certains attelés de bennes remplies de broussailles, ils ont pris position sur les points stratégiques d’Aubusson sur la départementale 941, en établissant un barrage filtrant à la Seiglière et un autre au poteau de Vallière. Après une distribution de tracts aux automobilistes, les convois ont ensuite convergé en direction du centre-ville pour prendre place sur le rond-point du Pont-neuf, sous les regards surpris des aubussonnais.
Pour éviter toute délégation à la sous-préfecture, les organisateurs avaient demandé à la sous-préfète Aurore LeBonnec, accompagnée de Didier Kholler d’aller à la rencontre des agriculteurs.
Pour les présidents de la FDSEA, Pascal Lerousseau, et des JA, Stéphane Moreau, «la situation va devenir dramatique, si les pouvoirs publics ne prennent pas la mesure de la crise». «Déjà, en avril dernier nous vous avions remis nos doléances, et le 23 juin nous irons chercher des réponses à Paris. Mais si aucune disposition n’est prise, nous reviendrons, mais de manière plus syndicale» ont-ils lancé. Parmi les revendications de la profession agricole, figurent notamment le revenu, la revalorisation des prix, la simplification des normes environnementales, les excès de la suradministration, la restructuration de la PAC en faveur de l’élevage. «Alors qu’un éleveur dispose d’un revenu de 15000 euros par an, le céréalier perçoit 75000 euros, une différence qui devient insupportable», lance un agriculteur. Pour éviter cela, «un rééquilibrage des aides doit s’opérer en faveur des éleveurs» martèle le président de la FDSEA. Même tonalité au sujet des contrôles, «il n’est plus tolérable de supporter toutes ces normes en France. À l’heure où le Président de la République appelle l’administration à les réduire, en agriculture nous ne faisons que les empiler». Et quid des promesses du Ministre de l’agriculture sur le plan de relance de l’élevage ou l’aide à l’engraissement, autant de sujets sur lesquels des réponses sont attendues, lancent les présidents des organisations syndicales.
Les broussailles seraient elles l’avenir de la Creuse? Conscients des difficultés des agriculteurs, madame LeBonnec et M.Kholler ont tenté d’expliquer le travail accompli par les services de l’état en Creuse, et qu’ils entendaient bien porter ces légitimes revendications aux plus hautes instances nationales.
Si cette action s’est déroulée de façon «pacifiste», «elle reste néanmoins un avertissement» ont d’ores et déjà prévenu les présidents. «Après le 23 juin, nous reviendrons, peut-être de manière plus «musclée», si aucun résultat n’est obtenu» ont-ils conclu cette manifestation.