Législatives : Pourquoi le Cantal est resté à (divers) droite ?
Vincent Descœur et Jean-Yves Bony, députés sortants divers droite n’ont pas été inquiétés lors du second tour bénéficiant d’une confortable avance de voix sur les deux candidats du RN, Gilles Lacroix et Dorothée Gallais.
Vincent Descœur et Jean-Yves Bony, députés sortants divers droite n’ont pas été inquiétés lors du second tour bénéficiant d’une confortable avance de voix sur les deux candidats du RN, Gilles Lacroix et Dorothée Gallais.
Chez les vainqueurs de ce second tour, pas de triomphalisme : si Vincent Descœur et Jean-Yves Bony ont respectivement été réélus confortablement dimanche soir - respectivement sur la première et deuxième circonscription du Cantal avec 65,89 % et 60,71 % -, face aux prétendants du Rassemblement national, tous deux, candidats estampillés divers droite (DVD), constatent un recul de leur position par rapport au second tour de 2022. Et ce, malgré un report de voix massif en provenance notamment des électeurs du Nouveau Front Populaire. Durant la campagne, ils ont aussi et plus que jamais entendu l’exaspération, la colère et l’expression désormais décomplexée d’une adhésion aux thèses du RN ou du moins d’une volonté de changement de logiciel politique radical.
Exister à l’Assemblée...
Surtout, ils savent que le plus dur est devant eux : exister dans une assemblée sans majorité, à trois blocs avec une prime au Nouveau Front Populaire dont ils redoutent qu’il soit phagocyté par le leader des Insoumis. Exister au sein d’un ensemble “DVD” qui se résume à 14 députés, aux côtés des 46 du groupe déjà bien maigre des
Républicains dont ils restent pour l’heure en marge... tant qu’Éric Ciotti le présidera et que la “clarification” interne ne sera pas opérée, avec le souhait d’un Laurent Wauquiez en chef de file de cette reconstruction.
Malgré une forte poussée, le RN n’a donc pas renversé la table dans le Cantal, même si Gilles Lacroix et Dorothée Gallais ont encore engrangé des voix au second tour, réalisant des scores historiques. Ils se sont heurtés d’une part à la prime au sortant et à la modération, d’autre part à un barrage républicain qui a fonctionné
à plein dans le département : retrait immédiat de Valérie Rueda malgré sa qualification à l’issue du premier tour sur la première circonscription, report de voix sans faille dimanche partout sur le territoire, en ville comme à la campagne.
Dans le détail, sur la première circonscription, où on a à peine moins voté qu’au premier tour (72,33 %, - 300 votants), Vincent Descœur gagne plus de 11 700 voix entre le premier et le second tours quand Dorothée Gallais, dont la campagne a été des plus discrètes pour ne pas dire invisible, en recueille 1 307 de plus. On peut ainsi supposer qu’une très grande majorité des 9 893 électeurs qui s’étaient prononcés pour l’union de la gauche le 30 juin ont apporté leur voix à Vincent Descœur, une petite partie venant grossir les rangs des bulletins blancs dont le nombre a doublé. Le député DVD a ainsi bénéficié des appels à faire barrage à l’extrême droite et d’une portion non négligeable des voix de Denis Sabot, candidat Horizons, et maire de Saint-Julien-de-Toursac où Vincent Descœur enregistre d’ailleurs l’un de ses meilleurs résultats.
Dorothée Gallais ne pouvait elle guère compter que sur les 410 bulletins du candidat Reconquête même si elle en recueille 900 de plus. Elle n’arrive en tête que dans six communes, de quelques voix seulement : à Badailhac, Cros-de-Ronesque, Rouffiac, Laroquevieille, Saint-Étienne-Cantalès et Vezels-Roussy. Le député sortant réélu pour un quatrième mandat totalise ses meilleurs scores dans son fief : 78,18 % à Montsalvy, 80 % à Junhac, 79,05 % à Sansac-Veinazès, mais aussi à La Ségalassière (81,82 %), ou encore Saint-Julien-de-Toursac (79,07 %).
L’arc républicain appliqué à la lettre
Sur la deuxième circonscription, où la seconde mi-temps s’annonçait un peu plus serrée, le match a lui aussi tourné court en faveur de Jean-Yves Bony. Ce dernier perd certes dix points par rapport à 2022 (il était alors opposé à Martine Guibert, candidate d’Ensemble, majorité présidentielle) mais a rassemblé sur son nom
9 202 électeurs supplémentaires, en provenance de la gauche et d’une majorité des voix de l’autre candidat DVD Louis Toty comme du centre-droit Vladimir Vilmant-Tatischeff, qui portait l’étendard d’Ensemble. Gilles Lacroix ne disposait lui officiellement que d’une faible réserve : 220 voix de Reconquête. Il s’impose néanmoins dans douze communes : Chazelles, Deux-Verges, Gourdièges, Malbo, Montboudif, Paulhenc, Maurines, Saint-Georges, Saint-Martin-sous-Vigouroux, Ussel, Vèze et Les Ternes. Égalité entre les deux candidats à Alleuze et Saint-Bonnet-de-Condat ; plébiscite pour Jean-Yves Bony à Saint-Hippolyte (78,46 %),
La Trinitat (77,78 %), Leyvaux (76,67 %)...
Participation : 71,7 % dans le Cantal, mieux qu’au premier tour (69,99 %).