Leclerc logiquement pris pour cible
Répondant à l’appel national de l’association Éleveur et Engagé, des éleveurs de la FNSEA et des JA ont convergé, mercredi matin, vers trois magasins Leclerc de la région. Objectif : faire pression sur la GMS pour qu’elle respecte les engagements liés à la démarche « Cœur de gamme ».
« Soutenez les éleveurs, allez chez Carrefour ». Ostensiblement affiché par les délégations d’éleveurs aux abords des Leclerc d’Avermes, dans l’Allier, de Clermont-Sud, dans le Puy-de-Dôme et de Beynost dans l’Ain, ce message a fait son effet. Pas trop du goût des responsables des magasins, il témoigne pourtant d’une réalité : « Leclerc a signé l’engagement « Cœur de Gamme » en septembre 2016. Depuis cette date, l’enseigne n’a pas développé la démarche dans ses magasins », témoigne Romain Vernet, éleveur allaitant dans le Puy-de-Dôme, et secrétaire général des JA63. La colère est d’autant plus grande qu’avec le Cœur de Gamme, les organisations professionnelles ont bâti un nouveau modèle de relations commerciales entre GMS et éleveurs, garantissant des prix tenant compte des coûts de production.
Il manque un euro
Depuis les accords passés en septembre dernier avec la grande distribution, les prix payés aux éleveurs devraient être de 4,50 à 4,60 euros le kg poids carcasse pour la viande charolaise. « Mais, déplore Frédéric Blanchonnet, éleveur dans l’Allier et président de la section régionale bovine d’Auvergne-Rhône-Alpes, chez Leclerc, nous sommes payés au prix de la cotation à hauteur de 3,70 euros le kilo. Cette différence de un euro par kilo de carcasse, c’est ce qui nous manque pour conduire nos exploitations. » Aujourd’hui, selon le responsable, seules les enseignes Super U et Carrefour jouent le jeu. À ce jour, la filière bovine estime le nombre de carcasses valorisées dans la démarche « Cœur de Gamme » à 4 000 bovins par mois.
D’autres opérations à prévoir
« Aujourd’hui, nous sommes venus dire aux consommateurs que Leclerc ne joue pas le jeu. Ils sont en droit de savoir que lorsqu’ils franchissent les portes d’un de ces magasins pour y acheter de la viande, et bien ils ne contribuent pas à la juste rémunération des éleveurs », insiste Richard Randanne, éleveur ovin et secrétaire général de la FNSEA 63. Par petits groupes de dix ou vingt, les agriculteurs ont donc multiplié les échanges avec les clients des magasins. Si les consommateurs se sont tous montrés plutôt bienveillants face à la démarche, l’enseigne a rapidement fait savoir aux agriculteurs qu’ils n’avaient pas autorisation à tracter sur le site. Qu’à cela ne tienne… Les éleveurs reviendront bien décidés à faire rentrer dans le rang tous ceux qui trahiraient les engagements signés à l’automne.