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Chasse
Le torchon brûle entre chasseurs et agriculteurs en Haute-Loire

Le schéma départemental de gestion cynégétique n'est pas signé ; le volet sur la gestion du sanglier pose problème entre chasseurs et agriculteurs. Explications avec Philippe Chatain, secrétaire général de la FDSEA.

En Haute-Loire, le schéma départemental de gestion cynégétique n'est pas signé
En Haute-Loire, le schéma départemental de gestion cynégétique n'est pas signé
© © Adobe Stock

Pour notre département, qu'en est-il aujourd'hui du schéma départemental de gestion
cynégétique ?

Philippe Chatain, secrétaire général de la FDSEA : Le schéma départemental de gestion cynégétique se négocie régulièrement, normalement tous les 6 ans. Il aurait dû être signé l'an dernier, mais la Fédération Départementale des Chasseurs a souhaité repousser après les élections. Il a donc été décidé, d'un commun accord, de mettre les négociations en attente. À ce moment-là, chasseurs et agriculteurs, nous étions à peu près d'accord, sur ce que chacun attendait.

Que s'est-il alors passé pour en arriver aujourd'hui à un désaccord ?
Tout d'abord, pour la première fois, un accord national a été signé entre les syndicats agricoles (FNSEA, JA, Confédération Paysanne, Coordination rurale…) et la fédération des Chasseurs, sous l'égide des Ministères de l'Agriculture et du Ministère de l'Environnement (NDLR : voir article page 13). Cet accord concerne exclusivement le sanglier ; le but est de réduire la population de sangliers de 30% en France pour diminuer les dégâts occasionnés à l'agriculture qui se chiffrent à plusieurs millions d'euros chaque année (environ 300 000 € pour la Haute-Loire, l'an passé). En Haute-Loire, on est nous aussi d'accord pour aller dans ce sens.
Cet accord est en fait une boîte à outils qui sert de base de négociations pour les schémas départementaux. Sauf que, cet accord laisse beaucoup de marge de manoeuvre aux départements, et en Haute-Loire, les chasseurs ne partagent pas cette optique.

Concrètement, quel est le ou les points de désaccord entre les chasseurs altiligériens et vous, agriculteurs ?
Les chasseurs ont retenu de cet accord, qu'il était possible de nourrir le sanglier toute l'année et n'importe où… On avait pour habitude en Haute-Loire, de discuter au niveau communal, entre agriculteurs et chasseurs, au sujet de l'agrainage ; sans accord entre les deux parties, il n'y avait pas d'agrainage sur la commune. Aujourd'hui, les chasseurs veulent une totale liberté sur ce point, ce que nous n'acceptons pas. Lors de la dernière CDCFS (Commission départementale de la Chasse et de la Faune sauvage), nous avons voté contre, agriculteurs et forestiers, mais nous n'avions que 8 voix contre 14 pour les chasseurs. Ce vote est une indication pour la décision du Préfet. Soucieuse de maintenir le dialogue entre agriculteurs et chasseurs, l'administration a donc validé certaines lignes urgentes, comme le volet sur les consignes de sécurité et la gestion du petit gibier. Par contre pour le sanglier et les cervidés, dans l'attente d'un accord, c'est l'ancien schéma qui prévaut.
Si nous lâchons sur l'agrainage, sachant que l'accord national permet 50kg de maïs par semaine et par tranche de 100 ha, alors que la Haute-Loire compte plus de 200 000 ha de forêts, cela peut représenter jusqu'à 5000 tonnes de maïs par an ; même si les chasseurs proposent la moitié, c'est inentendable. Pour nous, c'est un refus catégorique ! J'ajoute qu'il n'y a aucun moyen de contrôle ou surveillance. Et le risque c'est de nombreux lâchers et autres abus…

Les négociations sont donc au point mort ?
Le DDT, Stéphane Le Goaster a proposé des réunions techniques de CDCFS, pour essayer de trouver un accord. Mais, si les chasseurs ne font pas un pas, nous n'en ferons pas ! Nous voulons toutefois garder un dialogue ouvert avec les chasseurs ; nous restons dans une démarche constructive. Quand je dis nous, c'est la profession : FDSEA, JA et Chambre d'Agriculture.

Qu'en est-il d'un classement ESOD (espèces susceptibles d'occasionner des dégâts) pour le sanglier ?
Au niveau national, les espèces sont déclinées en 3 catégories. Pour la catégorie 1, les espèces indigènes, c'est le Ministère qui décide de leur classement.
En catégorie 2, 10 espèces (belette, fouine, martre, putois, renard, corbeau freux, corneille noire, pie bavarde, geai des chênes et étourneau sansonnet) peuvent être classées ESOD en fonction des dégâts constatés. Pour exemple, on a perdu la martre faute de dégâts caractérisés imputables à cette seule espèce. C'est pour cela, que nous insistons auprès des agriculteurs pour qu'ils fassent bien leurs déclarations. En Haute-Loire, sont classés ESOD, le renard, la fouine, la corneille noire et le corbeau freux.
Et dans la catégorie 3, soumise à décision préfectorale, 3 autres espèces peuvent être classées ESOD : le lapin de garenne, le pigeon ramier, et le sanglier.
Nous, agriculteurs, ne souhaitons pas classer le sanglier ESOD, mais plutôt arriver à un accord avec les chasseurs dans le cadre du Schéma départemental de gestion cynégétique, pour ne pas envenimer les débats. Néanmoins, si les chasseurs restent sur leur position actuelle, on pourrait étudier cette solution.
Je rappelle que le rôle principal des chasseurs est la régulation des espèces. Comment pourront-ils défendre leur passion face notamment aux environnementalistes, s'ils ne jouent plus ce rôle ?
 

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