Campagnol terrestre
Le syndicalisme organise une cellule de crise avec toutes les organisations professionnelles
FDSEA et JA ont réuni les représentants de l'administration et des OPA départementales, à St Front au cœur du secteur fortement sinistré par le campagnol terrestre.
FDSEA et JA ont réuni les représentants de l'administration et des OPA départementales, à St Front au cœur du secteur fortement sinistré par le campagnol terrestre.
![Prairie du Mézenc ravagée par les campagnols terrestres, et pâturées par des génisses.](https://medias.reussir.fr/pamac/styles/normal_size/azblob/2023-12/haute-loire-paysanne_Photo%20P05.jpg.webp?itok=lu8gE_Wt)
Le campagnol terrestre est une véritable plaie pour l'agriculture, notamment sur le secteur du Mézenc où les dégâts sont considérables (lire notre article en page 07 de La Haute-Loire Paysanne du 23 octobre dernier) et les exploitants complètement dépassés. Conscients de cette situation catastrophique, le syndicalisme FDSEA et JA de Haute-Loire a réuni, vendredi 20 novembre, à St Front sur l'exploitation de Franck Chazallon à la Plaine, tous les acteurs du monde agricole dans le cadre d'une cellule de crise.
L'administration était présente avec Agnès Delsol Directrice Départementale adjointe des Territoires représentant le Préfet Éric Étienne retenu par d'autres obligations, ainsi que des représentants (administratifs ou élus) de la Chambre d'Agriculture, de la MSA, de Groupama, des banques… et de la FDGDON.
Alerter
C'est Thierry Cubizolles, président de la FDSEA et Laurine Rousset, présidente de JA43, qui ouvraient la réunion qui se tenait au cœur de la zone sinistrée : "Cette cellule de crise a pour objectif d'alerter sur la situation que vivent les agriculteurs de ce secteur depuis plusieurs années et de trouver des solutions à court terme pour aider ces exploitations en difficulté". Et d'ajouter à l'intention de toutes les OPA "On a besoin de vous tous…".
Pour illustrer l'impact du campagnol sur les exploitations du secteur, Claude Roche et Philippe Halter conseiller Chambre d'Agriculture ont pris deux exemples représentatifs des fermes du Mézenc, en lait ou en viande bovine avec ou sans production Fin Gras du Mézenc AOP. Les simulations montrent des pertes très importantes sur chacun des systèmes : -50 à -60% en lait, -40 % en viande bovine avec production de broutards et -30% avec commercialisation de génisses Fin Gras du Mézenc. Ces chiffres s'entendent sans décapitalisation ; une solution pour diminuer les charges mais avec une répercussion importante sur les années suivantes notamment en système allaitant.
Et les techniciens de faire remarquer que le campagnol terrestre n'est pas souvent le seul aléa qui pèse sur les exploitations ; intempéries, sécheresse, épizooties viennent compléter un tableau déjà bien noir.
Passer le message
Reprenant la parole, Thierry Cubizolles a traduit ces données chiffrées, à travers un constat de "détresse morale, psychique et économique" chez les agriculteurs. Et c'est ce qui a conduit à cette rencontre. "Nous voulions que toutes les OPA soient informées et alertées de la situation que vivent les agriculteurs du Mézenc actuellement, sachant que le phénomène s'étend et que d'autres secteurs tendent à être fortement impactés (yssingelais, plateau volcanique…)".
Et le directeur de la FDSEA insiste : "Il faut porter attention à ces agriculteurs, les écouter. Chaque OPA doit être force de propositions pour apporter des solutions (reports d’échéances de prêts, demande d’exonération de taxes foncières…". Le président appelle chacun à faire "attention à son voisin", à "ne pas oublier ceux que l'on n'entend jamais, ceux qui se replient sur eux et n'osent pas demander de l'aide". Les responsables professionnels ont insisté sur cette situation "exceptionnelle" qui n'est pas de la responsabilité des agriculteurs. C'est un fléau qui met en péril leur exploitation sans qu'ils en soient responsables. Et de marteler "il n'y a pas de honte à demander de l'aide, à demander à bénéficier d’un accompagnement. Mais c’est à chacun de contacter les OPA et le syndicalisme".
FDSEA et JA ont par ailleurs invité ces organisations professionnelles à "passer le message" à leurs équipes et à actionner tous les leviers possibles pour apporter un soutien financier aux exploitations sinistrées, qui ne pourront pas s'appuyer uniquement sur les dispositifs en place.
Après cette réunion de crise avec les représentants des OPA, le syndicalisme prévoit sous 15 jours, une autre rencontre avec tous les agriculteurs du secteur pour les écouter, et leur présenter les solutions à court terme qui peuvent les aider à mieux passer ce cap.
Des agriculteurs au bord du burn out
Son plus gros problème aujourd'hui, c'est la pullulation des campagnols terrestres, un véritable fléau depuis 3 ans pour cet exploitant qui a pourtant "tout essayé". Piégeage, perchoirs, haies, lutte chimique, sursemis… il a tout tenté sans résultat. "Il y en a trop et toute l'année. Quand on marche dans les prés, on enfonce en raison de la multitude de galeries". Les conséquences sont graves sur l'exploitation : moins de fourrage récolté et de moindre qualité, beaucoup de terre engrangée avec le foin, du travail supplémentaire, des problèmes de butyriques dans le lait, des ennuis de santé sur le troupeau (occlusions)… "C'est complètement démoralisant, laisse-t-il tomber avec lassitude. Aujourd'hui, on en a ras-le-bol. On ne sait plus par quel bout l'attraper".
Impacts sur tout le territoire
Philippe Delabre Maire de St Front et Conseiller départemental a, à son tour, souligné le "profond désarroi" dans lequel sont aujourd'hui plongés les agriculteurs et agricultrices du Mézenc Meygal face à cette problématique. "Les agriculteurs n'ont plus le moral, ils sont au bord du burn-out" a-t-il insisté, demandant à l'administration de se pencher sur la question pour apporter rapidement un soutien à ces hommes et à ces femmes. Et en tant qu'élu, solidaire de ses administrés, il s'est engagé à faire remonter le problème au niveau du Département et à tout faire pour enrayer cette crise qui "impacte tout un territoire" et, outre l'agriculture, a aussi des répercussions sur "l'environnement, le tourisme… la ruralité".