Le safran de Béatrice Avinin : une idée pas si bête en Gévaudan
Originaire de Lachamp-Ribennes, cette juriste s'est lancée depuis 2018 dans la production de cette épice, longtemps oubliée bien qu'endémique du massif central. Un « safran du Gévaudan », qui a été récompensé, ce lundi 29 novembre à Figeac, de la meilleure note et de trois étoiles au concours annuel du conservatoire régional, malgré sa jeunesse de production.

C'est moins qu'une fleur, à peine une partie de son pistil. Au coeur de la plante, il faut allier délicatesse et précision pour extraire le trésor qui s'y cache : le safran, des filaments pourpre tirant vers le jaune, pesant à peine des centièmes de gramme. C'est pour cette épice, autrefois cultivée dans le Quercy, que Béatrice Avinin s'est passionnée. Originaire et toujours habitante de Lachamp-Ribennes, cette fille d'éleveurs bovins avait depuis longtemps « l'envie de cultiver des fleurs ». Mais pas n'importe lesquelles. Juriste pour le Cerfrance à Mende, elle ressentait l'envie de faire quelque chose d'à la fois « cultivable sur une petite surface », mais aussi « dans l'exception ».
De son nom latin crocus sativus, le safran, parfois appelé « or rouge » est également cultivé depuis le Moyen-Âge tout autour de la Méditerranée. Cependant, une souche française a été préservée avec soin par le conservatoire botanique du safran du Quercy, dans le Lot. Souche qui est, par ailleurs, potentiellement plus habituée au climat local.
C'est celle qu'a choisie Béatrice Avinin quand elle a acheté ses 6 000 premiers bulbes qui lui ont permis dès 2018 de tester sa production, entièrement naturelle, sans intrant chimique. Pas une mince affaire en plein Gévaudan, à plus de 1 100 mètres d'altitude. Mais Béatrice est loin d'improviser. Avec son compagnon Jérôme Avinin, elle se forme et note les premiers résultats. Si la plante « peut résister à la sécheresse comme au gel jusqu'à -12°C sous terre », c'est en fait la neige qui constitue, avec les rats taupiers et les taupins, le principal obstacle car couvrant la plante, elle entrave sa croissance hivernale.