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Le préfet Treffel constate les dégâts sur le vignoble Saint-Pourçinois

Jean-Francis Treffel s’est déplacé, ce lundi, sur des parcelles particulièrement touchées. Il a pu discuter avec les viticulteurs impactés par la vague de froid.

© AA03

C’est entouré d’une importante délégation d’élus et de représentants de la profession, que Jean-Louis Treffel, préfet de l’Allier, s’est rendu sur les communes de Saint-Pourçain-sur-Sioule et de Besson, à la rencontre des viticulteurs dont les parcelles de vignes ont été victimes des derniers épisodes de gel. Un constat amer est dressé par Jean-Michel Ferrier, président des viticulteurs de Saint-Pourçain : « l’ensemble du vignoble est touché. Pas une seule parcelle n’a été épargnée. Les blancs ont été plus touchés que les rouges. Les chardonnays ont une certaine précocité dans le démarrage de la végétation et sont vraiment très atteints. Nous avons quelques espoirs sur les pinots noirs et sur les gamays mais pas partout malheureusement ».

Deux exploitations visitées
Un premier déplacement sur l’exploitation de Pascal Gallas, installé à Saulcet, sur ces parcelles situées sur la commune de Saint-Pourçain-sur-Sioule, touchées par le gel : « nos vignes ont gelé de 70 à 80 % pour les pinots noirs, voire 90 % sur certains chardonnays. Le gel s’ajoute à une situation compliquée suite à la pandémie et la fermeture des lieux de restauration. Entre gel, sécheresse et grêle, ces aléas climatiques se reproduisent chaque année. Il devient difficile de travailler dans des conditions normales ». Son exploitation s’étend sur dix-huit hectares et il ne prévoit d’en extraire 180 hectolitres alors qu’en temps normal la récolte s’élève entre 500 et 600 hectolitres.
Cette visite, Pascal en attend beaucoup : « il nous faut des aides, un abattement voire une suppression des charges salariales. Nous avons besoin de salariés dans les vignes et nous ne pourrons pas faire face aux charges ».

La totalité du vignoble touchée
Même constat du côté de l’Union des vignerons de Saint-Pourçain et de son président, Jean-Marc Josselin : « le bilan est lourd après ce gel. Les dégâts sont énormes avec la totalité des parcelles qui sont touchées ». Si certaines autres régions viticoles ont employé les gros moyens pour combattre le gel, pour Jean-Marc le vignoble Saint-Pourçinois n’en a pas les moyens et, de toute façon, cela ne serait pas très utile : « les hélicoptères ou les éoliennes ne sont efficaces que sur des gels légers. Le gel de printemps, qui a touché notre région, correspond à des températures allant jusqu’à -6°C sur une durée de près de six heures ». Des conséquences importantes sur le long terme : « outre des trésoreries tendues chez les viticulteurs depuis plusieurs années, l’impact sera aussi commercial avec des stocks de blancs très tendus. Nous réfléchissons à contingenter nos clients dès maintenant pour éviter une rupture même si elle me semble inévitable. Sur les rouges, peut-être que cela sera moins significatif. Nous pouvons perdre de gros clients au niveau de notre cave, notamment au niveau des GMS qui nous achètent de gros volumes » ajoute-t-il.

Des trésoreries mises à mal
Corinne Laurent est élue au syndicat des vignerons indépendants de Saint-Pourçain. Pour elle, il y a urgence à intervenir pour les pouvoirs publics : « les trésoreries sont mises à mal. Il faut vraiment que cela passe par des prises en charge que ce soit sur le plan social avec l’exonération des cotisations sociales, voire, décréter une année blanche en ce qui concerne les encours bancaires. Il faut aussi que le préfet nous accorde l’autorisation d’achat de vendanges en cas d’aléas climatiques de façon à ce que ceux qui ont un peu de stock puissent peut-être revendre un peu de raisin à ceux qui n’en n’ont plus. Nous avons aujourd’hui la tête sous l’eau ».

Un système assurantiel inadapté
Seuls 18 % des vignerons français sont assurés pour ce type de dégâts provoqués par le climat. Un système assurantiel inadapté selon Jean-Marc Josselin : « les cotisations sont trop élevées avec des taux de franchises très hauts et une moyenne olympique très basse. Sur des gels comme celui de cette année, l’indemnisation sera limitée. Ce qui explique que les vignerons n’y adhèrent pas. À l’avenir il va falloir se pencher  sur cette problématique car les aléas s’accumulent ». Le préfet qui s’est ensuite rendu sur la commune de Besson et de Chemilly, sur les parcelles de Jean-François Collas, installé sur une surface de dix-huit hectares de vignes au domaine de la Croix d’Or, composé d’un tiers de blanc qui a gelé à 100 % et, le reste, composé de rouge, a gelé à 80 % : « nous ne pensions pas que nous allions subir un gel avec de telles températures à cette période de l’année accompagné de neige lors de la première nuit. C’est une très mauvaise surprise ». Jean-François se dit très sceptique quant à ces visites et ces annonces de soutien financier : « j’ai assez de recul en ayant vécu d’autres années compliquées comme en 1991. Nous n’avions alors rien touché tout comme en 2017. Étant assurés, nous ne pouvions prétendre au fonds de calamité. Notre chance cette année, si on peut le voir comme cela, c’est que l’ensemble du vignoble français a été touché et que les choses peuvent véritablement bouger. Nous ne rêvons toutefois pas trop ! »

Un milliard du gouvernement
et des décisions locales à l’étude
Le préfet de l’Allier, Jean-Francis Treffel, se dit conscient des difficultés des producteurs : « je suis nouvellement arrivé dans l’Allier. Je n’étais jamais venu à Saint-Pourçain-sur-Sioule. J’aurais, bien évidemment voulu venir dans des circonstances différentes. Le climat en a décidé ainsi. J’ai constaté les conséquences de cette catastrophe liée au gel intense sur une durée longue et répétée ». Jean-Francis Treffel, se veut le relais des annonces gouvernementales, souhaite aussi contribuer au soutien des agriculteurs : « le gouvernement a annoncé une enveloppe d’un milliard d’€ pour l’ensemble des exploitations françaises touchées par cet aléas climatique qui a touché l’ensemble du territoire national. Signalons le dégrèvement sur les propriétés foncières non bâties et la création d’un fonds qui viendra en aide aux exploitations ayant perdu des revenus en fonction de leurs pertes mais aussi une réflexion autour de l’extension du fonds calamité agricole en direction des viticulteurs. À côté de cela, il y aura aussi une exonération de charges sociales qui se traduira par une année blanche. Des annonces faites par le Premier Ministre que j’aurais à mettre en œuvre ici dans le département de l’Allier. Les responsables de la profession ont évoqué aussi le rachat de vignes ou la défiscalisation des stocks. Des sujets que je devrais instruire et évoquer avec eux dans les semaines qui viennent ».
Sans ces aides, c’est l’avenir du vignoble saint-pourcinois qui est en jeu pour Jean-Marc Josselin : « nous pouvons avoir de grosses craintes sans l’obtention d’aides face à ces péripéties. Si des vignerons déposent le bilan, qui va reprendre leurs exploitations ? Derrière ce sont des pertes de productions ».

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