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Le lin oléagineux : une opportunité pour l'Allier

Environ 500 hectares sont consacrés dans l'Allier à la culture du lin. Les établissements Jeudy, installés au Montet, souhaitent développer et organiser la filière.

Une rencontre, sur le terrain, avec des exploitants agricoles du département de l'Allier, à Saulcet.
Une rencontre, sur le terrain, avec des exploitants agricoles du département de l'Allier, à Saulcet.
© AA03

Les atouts agronomiques et environnementaux du lin oléagineux, conjugués aux propriétés originales de son huile, en font une culture de diversification que l'on peut introduire en version hiver dans une large gamme d'assolements.

Adapté aux implantations sans labour, le lin d'hiver réduit les risques d'érosion en couvrant le sol dès l'automne et limite l'impact de la sécheresse en fin de printemps. Peu sensible aux ravageurs, il facilite le désherbage des céréales ou du colza (géranium, crucifères, etc.) en créant une rupture dans les rotations. Sa culture ne nécessite pas de matériel spécifique et améliore la répartition des temps de travaux sur l'exploitation.

Un excellent précédent

Positionné en terre profonde, le rendement atteint régulièrement 20 à 25 quintaux par hectare. Les graines de lin répondent à la demande des consommateurs de produits bénéfiques pour la santé. Elles sont actuellement bien valorisées, particulièrement en alimentation animale et humaine, en raison de leur forte teneur en oméga 3.

La culture est adaptée aux implantations sans labour, à condition que le sol soit bien structuré en profondeur.

Maladies et ravageurs

Les thrips peuvent attaquer de la reprise de végétation à la floraison, les attaques tardives étant les plus préjudiciables au rendement en provoquant l'avortement des fleurs. Si, en passant la paume humide de la main sur le sommet des plantes, on récupère plus de 3 à 4 thrips, il faudra prévoir une intervention.

Une plante qui demande le respect des rotations de six années entre deux cultures de lin. Il faut également penser à traiter, dès l'automne, contre la courbure du pied au stade 2-3 cm et contre la septoriose, au printemps. La courbure du pied apparaît au collet (symptôme de la cassure) puis la maladie remonte le long de la tige qui brunit jusqu'aux capsules contenant les graines qui peuvent être contaminées (brunissure). La septoriose attaque d'abord les capsules (risque d'échaudage) et descend ensuite le long de la tige formant des stries brunes qui se couvrent de fructifications du champignon. D'autres maladies, oïdium, phoma, alternaria, botrytis, peuvent survenir, mais elles sont moins fréquentes ou ne nécessitent pas de traitement spécifique.

Une récolte par temps sec

Il faut récolter quand les graines sonnent dans les capsules par temps sec, chaud et ensoleillé, à 6-8 km/ha dans le sens du semis pour assurer une alimentation régulière du convoyeur tout en défanant uniquement les parcelles enherbées.

Denis Burlaud, est responsable technique de la coopérative Lin 2000, à Grandvilliers, dans le département de l'Oise, où il s'occupe de la production de graines de lin et de la mise en place d'îlots de production de graines de lin sur toute la France. Il est également administrateur depuis une dizaine d'années chez Bleu-Blanc-Coeur.

Quelles sont les différences entre les lins textile et oléagineux ?

« Le lin textile est exploité pour sa hauteur de plante. On extrait les fibres des plantes pour les destiner à l'industrie du textile, pour en faire du fil, du tissu, mais également des vêtements. Le lin oléagineux, lui, est beaucoup plus court et il sera exploité uniquement pour la graine. Il est récolté comme on récolte du blé, avec une coupe à céréales. La graine est  ensuite stockée puis, utilisée pour l'alimentation des animaux ».

Comment se cultive le lin oléagineux ?

« Nous avons créé deux types de lin. Le lin oléagineux de printemps et le lin oléagineux d'hiver. Ce dernier est semé fin septembre, début octobre, selon la zone nord ou sud de la France. Il est récolté fin juin, début juillet. Le lin de printemps qui est semé à partir du 15 mars, est plutôt réservé au nord de la France et sera récolté fin août. Sa culture est conduite  ni plus ni moins comme une culture de blé, avec quelques spécificités évidemment».

En France, la culture de lin représente combien d'hectares ?

« Il faut savoir qu'en l'an 2000, quand la filière Bleu-Blanc-Coeur a été créée, il n'y avait pratiquement plus d'hectares de lin en France (3000 hectares). Avec Valorex, qui travaille la graine de lin pour l'association Bleu-Blanc-Coeur, nous avons rencontré des organismes stockeurs, des coopératives ou des négociants agricoles pour les motiver à mettre des îlots en place dans leur secteur de production. Aujourd'hui nous sommes à 30 000 hectares. Il n'y a pas de limite : si demain il faut 35 000 ha, nous ferons 35 000 ha».

Cultiver du lin, quelle valeur ajoutée pour l'agriculteur ?

« La graine de lin, vaut 350 à 370 euros payés à la tonne chez l'agriculteur. Dans la filière Bleu-Blanc-Coeur, on est à 440 euros payés au producteur. On est pratiquement à 80 euros au dessus du cours mondial. La contractualisation permet d'écrêter les fluctuations de marché, et d'offrir à l'agriculteur une rentabilité économique ».

Quels sont les aspects positifs de réimplanter du lin en France ?

« Dans le paysage français et chez les agriculteurs, il faut de la diversité végétale, ce qu'on appelle des rotations. L'intérêt du lin, est d'être une plante à système racinaire pivotant, bénéfique à la structure du sol. Les agriculteurs, qui fond du lin, constatent qu'après la récolte du lin, le blé semé derrière s'implante beaucoup mieux ».

Raphaël Jeudy, directeur général des établissements Jeudy.

Quels sont les intérêts pour les agriculteurs de développer ce type de culture dans l'Allier ?

«  C'est une culture plus rémunératrice que celle du colza. Moins consommatrice de produits phytosanitaires, sa rentabilité est meilleure avec un prix de contractualisation relativement élevé. C'est également un bon précédent cultural et un moyen de diversification avec une amélioration des sols et des auxiliaires. De plus, notre climat se prête bien au lin d'hiver ».

Pourquoi les établissements Jeudy ont-ils décidé de développer cette filière ?

« Pour proposer une culture contractualisée avec un prix rémunérateur. C'est une attente de nos clients. Nous sommes adhérents Bleu-Blanc-Coeur et nous sommes des acteurs dans la promotion de cette culture. Nous bouclons la boucle en transportant la graine de lin et en assurant un retour avec une graine de lin extrudée qui est intégrée dans notre atelier d'aliments à Trevol ».

Vous vous êtes rapprochés de la  coopérative Lin 2000. En quoi consiste ce partenariat ?

« Lin 2000 est fournisseur de semences certifiées rentrant dans le  cahier des charges Bleu-Blanc-Coeur. Leur appui technique pour la formation de nos commerciaux et l'accompagnement cultural est une force ».

A quel niveau les établissements Jeudy interviendront-ils pour accompagner les agriculteurs dans la culture du lin ?

« Dans le suivi des parcelles, l'implantation, le déclenchement des interventions, et tous conseils techniques au service de l'optimisation de la culture ».

Quels sont les avantages et les difficultés d'une implantation de lin sur une exploitation agricole ?

« Il ne faut pas prendre cette culture à la légère. L'itinéraire cultural doit être respecté à la lettre, tant sur les interventions de protection que sur les outils mécaniques à adapter, le tout jusqu'à la moissonneuse-batteuse. Si l'itinéraire est respecté, le suivi de la culture est relativement simple : peu d'interventions, contrairement au colza. C'est un très bon précédent cultural avec une levée rapide et poussante sur tout le cycle ».

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