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Le cheval, un allié pour soigner l’esprit

Le soin par le cheval se démocratise depuis une vingtaine d’années dans la pratique d’une poignée de professionnels de santé. Utilisée pour alléger des difficultés d’ordre psychique, l’équithérapie permet une approche complémentaire à la prise en charge médicale. De quelle manière le cheval peut soulager le mental en agissant sur le corps ? Découverte.

La prise en charge par l’intermédiaire du cheval peut venir en aide aux personnes souffrant de troubles multiples.
La prise en charge par l’intermédiaire du cheval peut venir en aide aux personnes souffrant de troubles multiples.
© AP

" Le contact avec les chevaux m’a beaucoup apporté. Je pense qu’ils ont vraiment un rôle à jouer dans le soin et la relation au patient ». Nina Maroglou est une psychologue un peu particulière. Son lieu de travail ne ressemble pas à un cabinet classique, il se situe en plein cœur du parc naturel du Pilat. C’est au haras de Préjeurin à Echalas (Rhône) que cette psychologue donne rendez-vous aux patients qui souhaitent découvrir l’équithérapie. La prise en charge par l’intermédiaire du cheval peut venir en aide aux personnes souffrant de troubles du sommeil, mais peut tout aussi être efficace pour lutter contre les phobies scolaires, les difficultés relationnelles ou encore le stress dû à un évènement traumatisant.

 

Un partenaire de soin idéal

Si cette jeune thérapeute s’adresse à un public varié, sa spécialisation sur le thème de la médiation équine et de l’autisme lui a donné la possibilité d’accompagner de près des enfants atteints de troubles psychiatriques. Depuis septembre, tous les mardis, elle consacre son après-midi à des petits groupes de jeunes inscrits à l’association Éclat de rire, un centre d’accueil de jour spécialisé dans le polyhandicap. « Avec chacun d’entre eux l’approche est différente mais la base reste la même : le travail sur les émotions et les sensations », explique la psychologue. Les chevaux qui l’accompagnent dans sa pratique thérapeutique sont choisis avec un soin particulier et préparés au préalable des séances, en fonction de leur caractère plus que de leur race. « Dans le cadre des ateliers avec les enfants, je leur ai, par exemple, présenté le fauteuil roulant. Je me suis moi-même mise en scène dans différentes façons d’être afin de les habituer pour qu’ils ne soient pas surpris mais simplement à l’écoute de la personne le moment venu », précise-t-elle. « De fait, le cheval a une sensibilité particulièrement développée car il ne passe pas par le langage verbal comme l’être humain. C’est un animal qui va tout de suite être sur la même relation émotionnelle et sensorielle que le patient, sans filtre, sans jugement, dans un rapport d’égal à égal ». C’est ce qui fait de lui un partenaire de soin idéal pour se laisser aller et travailler en profondeur sur ses difficultés. « Selon la prise en charge de chacun, on adapte son pas, on oriente ses intentions, ses regards, on l’invite à interagir », ajoute Marc, bénévole à Équivoc, bras droit de la psychologue.

 

Le miroir de l’Homme

Pour Aïa, Alexandra, 11 ans, et Ester, 6 ans, trois jeunes filles atteintes de maladies dégénératives, il a fallu y aller par étapes avant de trouver la méthode la plus adaptée. En position allongée, à califourchon, en amazone ou encore couché en avant, toutes les positions ont été explorées pour les aider à lâcher prise et prendre conscience de leur corps. « Ester, par exemple, est une petite fille qui a besoin de beaucoup de repères. Au début des séances, elle avait tendance à être perdue et angoissée par ce lieu et cet animal inconnu. Aujourd’hui, elle vient ici avec le sourire. Alexandra, elle, avait besoin de gagner en motricité. L’équithérapie lui permet de mieux marcher et dérouler ses articulations », constate Clémence Largier, psychomotricienne à Éclat de rire. Quant à Aïa, un grand travail postural sur la rigidité du corps a été réalisé. Désormais, elle appréhende beaucoup moins le contact avec son entourage. « Ce qui est bien avec les chevaux, c’est qu’ils peuvent aider n’importe qui, quelle que soit la problématique. Ils sont fiables, il suffit d’être à l’écoute et sincère avec eux », ajoute Nina Maroglou. « Le cheval est capable de ressentir instantanément ce qui se passe à l’intérieur de nous et de nous le renvoyer. Il est notre miroir. Son hypersensibilité lui permet de détecter une variation cardiaque à plus de 20 mètres. Par contre, si vous n’êtes pas présent avec lui, il le sent tout de suite et vous n’en ferez pas grand-chose », explique Jean-Loup Peguin, ancien chef d’entreprise reconverti dans l’accompagnement managérial par les chevaux. « La vie nous apprend à développer notre « être construit », conditionné par le paraître et le jugement de l’autre dans le respect d’un rôle à tenir. Le cheval nous apprend à prendre conscience de notre « être authentique » et à retrouver l’instant présent », explique-t-il à ses anciens confrères.

 

Attention aux dérives

Aujourd’hui, la grande majorité des professionnels qui utilise le cheval comme moyen thérapeutique est essentiellement issue du milieu médico-social : éducateurs spécialisés, médecins, assistants sociaux, psychomotriciens, orthophonistes ou encore ergothérapeutes. L’Institut de formation en équithérapie (IFEq) tient à alerter sur ce mot qui est devenu « un effet de mode voire de marketing » ces dernières années. « Ce n’est pas parce qu’une personne en difficulté est au contact du cheval qu’elle reçoit un soin. Elle doit pouvoir faire du sport sans qu’on lui vende nécessairement de la thérapie. Les personnes en recherche de soins devraient pouvoir trouver l’activité thérapeutique de leur choix sans risquer d’avoir affaire à des enseignants qui confondent la thérapie avec l’apprentissage de l’équitation », précise l’IFEq. Pour cela, l’institut est à l’origine d’une formation en équithérapie dispensée à tous les professionnels souhaitant se former afin d’éviter les abus et les dérives de la médiation équine pratiquée parfois par des thérapeutes autoproclamés.


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