Le CESER favorable à « l’entente pour l’eau »
Économies d’eau, soutien à l’agroécologie, le CESER a réaffirmé dans sa dernière plénière ses préconisations pour une gestion durable de l’eau, déjà formulées dans son rapport édité en mars 2021. Pour Jean-François Aucouturier, représentant de la FNSEA Nouvelle-Aquitaine au CESER, les positions prises restent encore dogmatiques et éloignées de la réalité du monde agricole.
Alors que les oppositions aux projets de retenues d’eau se multiplient dans la région, le CESER Nouvelle-Aquitaine a renouvelé son « alerte sur la situation préoccupante de la ressource en eau » lors de sa dernière séance plénière. Dans un récent communiqué, il salue « L’entente pour l’eau » mise en place entre les Régions Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, le préfet coordonnateur de bassin et le président du comité de bassin Adour Garonne. Les orientations prises correspondent à celles proposées par le CESER dans son rapport de 2021 : « Pour un nouveau pacte social, réaliser la nécessaire transformation écologique en Nouvelle-Aquitaine ». Favorable à un Grenelle du stockage de l’eau, le CESER estime impératif de rechercher les économies d’eau en particulier en agriculture et de donner des objectifs chiffrés précis pour la réduction des nitrates et phytosanitaires. Pour Jean-François Aucouturier, éleveur en Creuse et représentant de la FNSEA Nouvelle-Aquitaine au CESER, les positions adoptées restent encore trop dogmatiques.
Jean-François Aucouturier, quel regard portez-vous sur les travaux menés par le CESER en matière d’agriculture ?
Aujourd’hui, la vision de l’agriculture du CESER reste très négative et reflète majoritairement celle d’associations environnementales qui voient l’agriculture comme responsable de tous les maux et qui, au pire pollue volontairement, au mieux agit sans réfléchir à l’avenir et aux problématiques environnementales. La profession agricole est très minoritaire dans l’assemblée, aussi, il est difficile de se faire entendre Le modèle qui est prôné est celui d’une agriculture vivrière mais c’est une voie sans issue économiquement parlant. Aujourd’hui, nos concitoyens ne peuvent envisager que la nourriture peut manquer or dans le contexte actuel, une perte de productivité de l’agriculture est un risque majeur sur notre indépendance alimentaire. Ce n’est pas une vision réaliste des enjeux de demain et de tous les progrès déjà faits jusqu’ici.
Pouvez-vous préciser la position du CESER sur la question de l’eau et de son stockage ?
Il est très difficile aujourd’hui de faire comprendre que le stockage de l’eau ne détruit pas la ressource mais vient rééquilibrer sa disponibilité. L’eau qui est excédentaire en hiver et stockée pour être utilisée l’été. C’est très logique et vertueux et cela permet de maintenir la biodiversité dans les zones sèches, d’améliorer les rendements et par conséquent d’optimiser les interventions sur les cultures. Le CESER y est plutôt opposé de même qu’à l’irrigation qu’il voit comme inenvisageable. Or par exemple, la filière maïs semence a besoin d’irrigation raisonnée. C’est une filière à haute valeur ajoutée et vouloir l’arrêter serait un suicide. Vouloir imposer par exemple une rotation maïs/blé sur des terrains adaptés à une des deux cultures mais pas à l’autre est totalement incohérent. De même, proscrire le drainage notamment en tête de bassin est très pénalisant pour les zones d’élevage qui cherchent à développer leur autonomie alimentaire. Cela permet de diminuer les transports de matières premières vers ces exploitations et donc d’améliorer leur bilan carbone et par là même le bilan environnemental de l’agriculture.
Quelle est la position que vous défendez ?
À entendre certains, la FNSEA représente une vision de l’agriculture telle que pratiquée dans les années 1960. Or, nous avons fait un chemin immense jusqu’ici. La FNSEA compte dans ses rangs plus d’agriculteurs bio que certains autres syndicats ne comptent d’adhérents ! Bien sûr nous devons mieux communiquer sur nos pratiques mais il faut aussi que l’on veuille bien nous écouter. Bien sûr, nous devons tendre vers la réduction de l’usage des phytosanitaires mais a-t-on les moyens de nos ambitions ? La feuille de route Neo Terra est affichée comme une obligation et non comme un objectif vers lequel tendre. Il faut être conscient qu’il y a des filières pour lesquelles actuellement il n’existe pas de solution de remplacement, comme la betterave. Il faut être conscient que revenir à une agriculture vivrière conduit même à une dépendance extérieure dans laquelle nous ne maîtrisons pas les conditions de production. Nous devons travailler ensemble en nous écoutant et proposer une vision plus large de l’agriculture régionale.