L’agriculture française prise en otage
La crise de l’élevage est installée depuis maintenant un an, les cours sont au plus bas pour le lait et la viande et de plus en plus d’exploitants sont au bord de la liquidation. Alors la découverte du calendrier (prévisionnel) de paiement des aides PAC 2015 a fini de mettre le feu aux poudres. L’État tient l’agriculture française en otage !
Pour les éleveurs, la situation est intolérable : l’État ne se prive pas de prélever les impôts tout en repoussant en permanence les versements des aides PAC. Alors que les aides pour 2015 devraient être théoriquement payées d’ici fin juin 2016, le dernier calendrier prévisionnel du ministère de l’Agriculture prévoit des paiements jusqu’au quatrième trimestre 2016 !
Mais nos paysans creusois ne sont pas faciles à faire plier. Une cinquantaine d’entre eux, sous l’égide de la FDSEA de la Creuse et JA 23, s’est réunie ce lundi 23 mai à Aubusson pour faire savoir qu’ils sont toujours debout.
Pour manifester leur colère et leur ras-le-bol, ils ont érigé « le mur de la honte » devant l’Hôtel des Impôts. « L’État veut paralyser notre métier ? Et bien soit, paralysons l’État ! » clame haut et fort Pascal Lerousseau, président de la FDSEA 23. Un mur de parpaings, dûment cimentés, décoré d’une vache « à lait » a donc bloqué l’entrée principale du bâtiment.
Mais les agriculteurs ne se sont pas arrêtés en si bon chemin et se sont rendus à la sous-préfecture d’Aubusson pour également en murer les accès. « Il n’y a plus de sous-préfet depuis plus d’un mois, on ne voudrait pas que les squatteurs s’installent », sourit Pascal Lerousseau.
Sans avoir rencontré de représentant de l’État, les agriculteurs sont ensuite repartis en promettant de nouvelles actions si le calendrier des paiements n’était pas modifié rapidement dans le bon sens.
Le Conseil départemental, de son côté, semble avoir pris la mesure du problème en votant à l’unanimité, dès le lendemain, une motion dans laquelle il « demande à M. le ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt de continuer à mobiliser l’ensemble des services concernés et de confirmer que pendant l’année 2016 – au cours de laquelle la politique agricole commune 2015-2016 sera mise en œuvre – le solde des aides sera versé afin de rattraper complètement les décalages causés par la procédure européenne d’apurement ».