La pénurie de main-d'oeuvre
Les secteurs de Besse et d'Ardes-sur-Couze recherchent désespérément plusieurs salariés agricoles pour assurer
des remplacements et/ou complément de main-d'oeuvre.

À eux seuls, les secteurs d'Ardes-sur-Couze et de Besse ont cumulé plus de 2 390 journées de remplacement en 2018. La maladie, la maternité/paternité, les congés ou simplement la surcharge temporaire de travail sont les principales raisons. Malheureusement, le Service de Remplacement a bien du mal à répondre aux attentes de ses adhérents.
L'association ne parvient pas à recruter sur le long terme, de nouveaux salariés. Depuis plusieurs mois maintenant, elle recherche désespérément jusqu'à cinq travailleurs Equivalent Temps Plein (ETP) à Ardes-sur-Couze et Besse. « La difficulté n'est pas de les former mais de les garder » explique Frédéric Roux, responsable du secteur de Besse.
L'aménagement du territoire en cause
Sur ces deux secteurs au sud-ouest du Puy-de-Dôme, l'élevage laitier avec transformation fromagère est l'activité dominante, suivi de près par l'élevage allaitant. Des productions où l'astreinte est omniprésente y compris lorsque surgit les aléas de la vie. Dans ces moments-là, la présence d'un remplaçant formé est indispensable pour permettre à l'activité agricole de se poursuivre. « Nous ne pouvons pas demander à un salarié habitué à travailler les champs de Limagne, de traire les vaches et fabriquer le fromage le lendemain. Nous devons être en mesure de proposer à nos adhérents des personnes formées et compétentes » explique Christophe Ferret, vice-président du Service de Remplacement. Or, l'association manque de bras, malgré les campagnes de formations et de recrutement. Catherine Mercier est responsable du secteur d'Ardes-sur-Couze et connaît bien cette problématique. « Les gens suivent la formation d'agent laitier. Ils travaillent pendant quelque temps puis abandonnent devant les horaires. » Assurer la traite ou la transformation du fromage occupe le salarié en moyenne 3h30 le matin et 3h30 le soir. Mais comment peut-il occuper son temps libre le reste de la journée, s'il n'habite pas à proximité ? « Beaucoup de personnes ne sont pas délocalisables. D'autres ne parviennent pas à se loger parce que les loyers sur Besse sont exorbitants » précise Frédéric Roux.
Gestion de la pénurie de main-d'oeuvre
Inévitablement le Service de Remplacement se retrouve dans une situation difficile entre manque de main-d'oeuvre et mécontentement de ses adhérents.
« Aujourd'hui, on gère la pénurie... Beaucoup d'agriculteurs ne sont pas satisfaits et c'est insupportable pour nous. Nous sommes censés les soutenir dans leur quotidien » regrette Catherine Mercier. L'agricultrice et son confrère Frédéric Roux témoignent faire preuve de beaucoup de pédagogie auprès de leurs collègues pour les amener à comprendre l'ambiguïté de la situation. Ils les encouragent également à faire remonter leurs besoins, anticiper autant que possible leur remplacement et utiliser le service plus régulièrement afin de fidéliser les salariés.
Cette pénurie de bras, tous les secteurs du Service de Remplacement la subissent plus ou moins.
Christophe Ferret, le vice-président de l'association est convaincu qu'à l'avenir « le manque de main d'oeuvre limitera le développement des exploitations ».
Mélodie Comte