La paratuberculose caprine : Un impact sanitaire et économique majeur
C’est une pathologie majeure en élevage caprin mais des mesures sanitaires couplées éventuellement à la vaccination permettent de la gérer.
Bien connue en élevage bovin, la paratuberculose caprine reste encore sous-diagnostiquée, d’autant que les symptômes cliniques sont peu caractéristiques.
Une maladie provoquée par une mycobactérie
La paratuberculose est une maladie digestive des ruminants (bovins, ovins, caprins, ruminants sauvages) due à une bactérie Mycobacterium avium subsp paratuberculosis (MAP), proche du bacille de la tuberculose. Le bacille apprécie les terrains pauvres et humides, à pH acide et riches en fer et persiste très longtemps dans le milieu extérieur (5 mois dans du fumier ou 9 mois dans l’eau stagnante). En France, on considère que plus de 50 % des élevages caprins sont infectés et près de 25 % des chèvres abattues sont porteuses de lésion.
Les jeunes, cibles principales de la contamination
La contamination des animaux est très précoce, principalement dans les premières semaines de vie. Les jeunes chevrettes s’infectent par voie orale à partir de mycobactéries présentes et persistantes dans le milieu extérieur (eau d’abreuvement, sol ou matériel d’élevage souillés par les animaux excréteurs, aliments…). Une transmission in utero (pendant la gestation) est possible de la chèvre à la chevrette, en particulier si la mère est déjà amaigrie. Les MAP sont classées en deux souches, ovine, assez spécifique des ovins, et bovine, rencontrée sur les bovins. Chez les caprins, on retrouve très majoritairement la souche bovine. Il conviendra donc de rester vigilant dans les cheptels mixtes bovin-caprin.
Une clinique marquée par l’amaigrissement conduisant à la mort
La maladie touche essentiellement les animaux adultes, âgés de plus de 2 ans. Chez les caprins, elle se manifeste par un amaigrissement sévère et irréversible avec un appétit conservé. La présence de diarrhée n’est pas systématique contrairement aux bovins et l’évolution est irréversible conduisant à la mort. Cela entraîne des pertes économiques importantes dans les élevages concernés, du fait des mortalités ou euthanasies suite à amaigrissement, des réformes anticipées et de la baisse de la production laitière.
Un diagnostic basé sur les commémoratifs et les analyses de laboratoire
La clinique d’amaigrissement étant peu spécifique, le diagnostic de confirmation s’avère le plus souvent nécessaire. Il peut se faire sur le sang avec une sérologie Elisa ou sur les crottes par analyse PCR. À l’autopsie, on observe des lésions caséeuses sur les ganglions lymphatiques médiastinaux et un épaississement de l’intestin très caractéristiques.
Une maîtrise de la maladie basée sur la gestion des adultes…
Dans les cheptels infectés, la priorité est d’isoler et de réformer dès que possible tout animal confirmé positif ou tout animal débutant un amaigrissement. Le dépistage sérologique de tous les animaux âgés de plus de 12 mois est possible mais on se heurte à l’aspect économique et la séroconversion étant tardive, seule la répétition des analyses permettra d’identifier tous les animaux porteurs. L’autre point de vigilance concernera les introductions, en s’assurant d’acheter ses chevrettes ou ses boucs dans des élevages où la paratuberculose n’a pas été mise en évidence.
… la protection des chevrettes, …
La prévention passe par la mise en place de mesures de base de biosécurité : caprinage dans un environnement propre, isolement des chevrettes de renouvellement dès la naissance, prise précoce du colostrum de la mère ou d’un colostro-remplaceur puis du lait en poudre. Dans tous les cas, on évitera les colostrums de mélange et la thermisation du colostrum (chauffé à une température de 56°C pendant 1 heure), si elle est efficace pour le CAEV, ne semble pas suffisante pour détruire MAP. Ensuite, les chevrettes seront élevées à part des adultes, dans des locaux spécifiques. Si on doit intervenir dans ces cases, il est conseillé de changer de chaussures, voire de vêtements. Ensuite, l’âge de la mise en contact des chevrettes avec les adultes fait encore débat ; pour la paratuberculose, 12 mois est le minimum recommandé, mais dans certaines exploitations, cela peut gêner l’immunisation vis-à-vis d’autres pathologies qui peuvent circuler comme la fièvre Q ou les mycoplasmes.
… l’hygiène de l’environnement, …
Au niveau des bâtiments, on nettoiera et désinfectera la nurserie avant chaque période de mise bas, on restera particulièrement vigilant sur la propreté du matériel d’allaitement, des auges et des abreuvoirs pour tous les animaux et on veillera au paillage et curage adaptés au bâtiment. Du fait de la persistance des mycobactéries dans l’environnement, cela implique de stocker le fumier à l’écart des animaux (pas d’écoulements possibles), d’éviter l’épandage sur prairies et de privilégier l’enfouissement par labour. Si malgré tout l’épandage se fait sur pâture, il faut un stockage minimal de 6 mois avant reprise ou un compostage permettant l’assainissement.
… et des facteurs de risque
Si tous les animaux porteurs sont potentiellement contaminants, les plus dangereux sont les animaux cliniques car très excréteurs. On peut retarder cette phase en maintenant un équilibre alimentaire correspondant au stade physiologique des animaux (éviter le plus possible les amaigrissements), en respectant des transitions alimentaires (attention aux acidoses) et les complémentations minérales et vitaminiques et en évitant les changements brusques dans la conduite d’élevage (limiter les stress). Enfin, on contrôlera une infestation parasitaire éventuelle (coproscopies) et on réalisera les traitements antiparasitaires adaptés.
La vaccination, une aide complémentaire très intéressante en élevage caprin
Un vaccin espagnol est disponible et il est recommandé si les pertes concernent plus de 2 % des chèvres. Il n’est pas distribué en France mais son importation sous Autorisation Temporaire d’Utilisation est possible. Sa commande et son utilisation sont soumises à autorisation de la DD(CS)PP locale car il interfère avec le diagnostic de la tuberculose. La vaccination de tous les animaux de renouvellement (chevrettes et jeunes boucs) avant un mois, et ce pendant plusieurs années, permet de diminuer l’intensité des lésions intestinales et la clinique. En revanche, elle ne supprime pas les contaminations et la diminution de l’excrétion est variable. Il est donc indispensable de garder en tête que cette vaccination ne sera efficace que si elle intervient en complément de toutes les autres mesures sanitaires (détection et élimination des animaux infectés, maîtrise de la contamination environnementale et des facteurs de risque).
GDS Creuse à vos côtés pour l’assainissement des cheptels infectés
Dans les cheptels où la paratuberculose caprine est identifiée et si l’éleveur souhaite mettre en place un plan d’assainissement, une visite initiale est programmée avec le vétérinaire de l’élevage. Cela permet de faire le point sur les différents facteurs de risque, proposer des mesures correctrices et si l’option de la vaccination est retenue, nous accompagnons le vétérinaire pour les procédures de commande du vaccin. En complément, une prise en charge de 2 euros par animal vacciné est accordée (cf. illustration).
Une maladie insidieuse qu’il ne faut pas laisser s’installer
Du fait de la résistance dans le milieu de MAP, du portage asymptomatique sur les animaux et de moyens de diagnostics limités car coûteux, un assainissement précoce sera toujours la meilleure solution. Plus on laisse la maladie s’implanter, plus son éradication sera longue et compliquée. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre vétérinaire ou de nos services.