Chambre d’agriculture de la Creuse
La mutualisation sous toutes les coutures
La session a permis d’évoquer notamment le projet de régionalisation des Chambres d'agriculture.
« On préfère proposer plutôt que se voir imposer les choses ». Jean-Philippe Viollet, président de la Chambre d'agriculture, donne le ton. Alors que la régionalisation commence à battre son plein, les Chambres d'agriculture ont décidé de prendre ce dossier à bras le corps pour élaborer des propositions.
D'ici à octobre, les Chambres d'agriculture du Limousin devront avoir élaboré pour la région un projet de réorganisation. Et la réflexion est déjà bien engagée avec comme grands principes retenus de renforcer la proximité auprès des agriculteurs, d'améliorer l'efficacité et la qualité des services, et de renforcer la mission de représentation du groupe des Chambres au niveau régional.
Pour Jean-Philippe Viollet, « il est nécessaire d'engager une réforme pour être au plus près des attentes des agriculteurs et leur apporter des conseils neutres. La Chambre n'a rien à vendre ! ». Sans oublier de souligner au passage la RGPP qui va conduire à ce que les prises de décisions se feront au niveau régional.
Alors que nationalement, les 22 régions sont invitées à « plancher » sur le dossier, chaque région garde la liberté de proposer son propre projet, celui qui lui convient et lui correspond le mieux.
Mutualiser les compétences
Les Chambres départementales du Limousin ont d'ores et déjà instituée des grandes missions telle que la représentation institutionnelle, l'élevage, l'innovation et le développement, l'environnement - eau et territoire, la communication et la démarche qualité des services. Ces missions, dont la liste n'est pas définitive, ont été définies en prenant en considération les typicités de la région Limousin et les actions en fort développement. Ainsi, on retrouve dans les programmes régionaux, la surveillance biologique du territoire, l'agriculture biologique, le programme Herbe et fourrages, l'énergie ou encore la diversification, etc.
Un directoire composé des 4 présidents (les 3 présidents départementaux et le président régional) et des 4 directeurs définiront les choix politiques et stratégiques du groupe. Le tout axé autour du partage de compétences entre les 3 départements, de la mutualisation de certaines fonctions support (services payes, maintenance informatique…) ou encore de l'optimisation des ressources. La mise en commun des moyens s'inscrit dans le temps. « Il faudra 2 à 3 ans pour harmoniser les outils » précise Gilles Pivette, directeur de la Chambre d'agriculture, avant d'ajouter « mutualisation ne signifie pas délocalisation. Les moyens mutualisés ne seront pas forcément localisés à Limoges ! ».
La fin de la chasse aux papillons
Et puisqu'il fallait évoquer la délocalisation ou plutôt la localisation, le président Jean-Philippe Viollet, a également profité de cette session pour évoquer le projet de regroupement géographique des Chambres consulaires. Il s'agit en effet de réunir en un même lieu (dont l'appellation reste à définir) les compétences économiques du département (Chambres des métiers, de commerce et d'industrie, et d'agriculture) pour « être plus forts ».
Et comme le maître mot de cette session semblait à l'évidence être la mutualisation, l'occasion a été donnée parallèlement d'annoncer le rapprochement des services juridiques de la Chambre d'agriculture, de l'AGC 23 - CER France et de la FDSEA au sein d'un « Pôle juridique agricole et rural de la Creuse » afin d'apporter les meilleurs services aux agriculteurs dans le cadre de conseils et de prestations d'ordre juridiques. Les compétences acquises seront rassemblées et des nouvelles verront le jour au regard de l'évolution des demandes exprimées par les agriculteurs. Ainsi, ce pôle proposera des compétences en terme de droit rural, environnemental, commercial, des sociétés, du travail, fiscal et de la famille.
Enfin, concernant l'élevage d'une façon générale et sur le dossier FCO en particulier, le président a regretté « la chasse aux papillons de l'année dernière » alors que « cette année, on n’entend plus rien ! ». Et de redire la gestion calamiteuse de l'Etat dans ce dossier. « Si sanctions il devait y avoir, ce serait à l'Etat qu'il faudrait les infliger » a-t-il martelé.
Se battre encore pour l'abattoir
Par rapport aux divers projets d'engraissement qui se profilent un peu partout dans le département, la Chambre d'agriculture a assuré qu'elle soutiendrait toutes les initiatives qu'elles soient individuelles ou collectives, de taille modeste ou plus conséquente. Et avec l'engraissement revient la question de l'abattoir. Le dossier n'est là non plus pas clos, englué dans des problèmes juridiques à n'en plus finir. Le président a tenu à rappeler sa position, à savoir que la Chambre d'agriculture et lui-même à son niveau, feront tout pour que cela avance, tout en saluant le travail du conseil général et des parlementaires de toutes tendances sur ce dossier.
Enfin, les problèmes et litiges rencontrés sur le terrain par les éleveurs avec l'ONEMA sur le dossier de l'eau ont été également évoqués. Une rencontre à la préfecture sur cette affaire a eu lieu début août avec les syndicats agricoles. Les président et directeur ont communément regretté « une prise pour cible systématique des éleveurs alors que la qualité de l'eau en Creuse est remarquable, connue et reconnue. On ne peut pas traiter un agriculteur qui a creusé une rigole de 20 cm de profondeur de plus par rapport à la prescription de services de l'eau comme un délinquant ou un criminel qui aurait commis les actes les plus abjects ! ».
Le président, toujours à l'écoute des éleveurs, souhaite tenir dès la rentrée, une permanence tous les samedis après-midi à la Chambre d'agriculture.