La décapitalisation change la donne à l'export
D'après les projections de l'Idele, les exportations de broutards pourraient perdre jusqu'à 19 % en 2030 sous l'effet de la décapitalisation. Une pénurie à venir qui place les éleveurs en position de force, alors que l'équilibre entre engraissement en France et export d'animaux pourrait évoluer.
D'après une étude de l'Idele (institut technique) présentée au Sommet de l'élevage le 6 octobre, la France pourrait exporter entre 125 000 et 219 000 broutards de moins en 2030, en fonction des orientations privilégiées pour les jeunes animaux. En 2020, 45 % des veaux nés de mère allaitante ont été exportés comme broutards, quand 43 % ont été engraissés en France comme JB (jeunes bovins). Le reste est valorisé en veaux de boucherie, boeufs et reproducteurs. En conservant cet équilibre entre broutards et JB, l'Hexagone exporterait 125 000 broutards de moins (sur 1,145 million exporté en 2021). En revanche, si les opérateurs tendent à maintenir le nombre de JB engraissés en France, les exportations de broutards reculeraient de 219 000 têtes. Ces calculs sont basés sur les tendances démographiques, qui laissent apparaître une poursuite de la décapitalisation avec 483 000 vaches allaitantes de moins et 377 000 vaches laitières de moins (entre janvier 2021 et janvier 2022). Un affaissement du cheptel qui provoquera une « baisse quasi inéluctable du disponible de broutards », prévoit l'Idele.
Exportations de broutards à -10 % en 2022
En 2022, déjà, les exportations de broutards ont chuté de 10 % en un an, sur la période de janvier à août. Des volumes qui se sont maintenus en direction de l'Italie (-1 %), premier débouché français, mais qui se sont effondrés vers l'Espagne (-38 %) et les pays tiers (-25 %). Fait inédit : ce manque d'offre a empêché la traditionnelle baisse saisonnière des prix à l'automne. « Les Italiens n'ont plus la main sur les prix, alors qu'habituellement les Français ne négocient même pas les tarifs », constate Emmanuel Bernard, le président de la section bovins d'Interbev. Et de résumer : « On est train de vivre une révolution en bovins viande. »