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Action syndicale
La colère gronde chez les éleveurs creusois

Plus de 200 agriculteurs et une cinquantaine de tracteurs sont descendus dans les rues de Guéret le 29 juin dernier, pour crier leur désarroi face à une interminable chute de revenu.

© D.R.

C’est confirmé par les comptes de l'agriculture 2009, qui viennent d'être publiés. Avec une baisse moyenne de 34 % du revenu agricole « depuis déjà trois ans, les cours ne cessent de chuter et nos revenus n'existent plus ». Voilà ce qu’ont dénoncé à l'unisson les agriculteurs en défilant dans les rues de Guéret avec leurs tracteurs, mardi 29 juin dernier. Une opération menée par la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) et les Jeunes agriculteurs (JA) pour attirer l'attention des pouvoirs publics mais aussi et surtout de la grande distribution. Celle-ci, à l'inverse, voit ses profits augmenter par des marges de plus en plus conséquentes.

 

Dès 7h30, les premiers regroupements de tracteurs s'organisent sur les cinq points de rassemblement prévus : Gouzon ; le Trois-et-demi ; Glénic ; Pontarion et Ahun. Au final, pas moins d'une cinquantaine de tracteurs furent au rendez-vous. On a pu remarquer une bonne mobilisation des cantons de Dun-le-Palestel avec 7 tracteurs dont 5 de Crozant mais aussi des cantons d'Evaux-les-Bains ou de Chénérailles.

 

Cherchez l’erreur

À 30 km par heure de moyenne en empruntant les grands axes comme la RN 145, tous les convois ont convergé sur Guéret pour arriver vers 10 heures devant la préfecture, bloquant ainsi la circulation du centre-ville. Le président de la FDSEA, Philippe Monteil, a clamé devant les manifestants : « Nous ne sommes pas venu à Guéret pour le plaisir, mais pour défendre notre revenu ». Puis il est allé rencontrer avec une délégation de responsables agricoles*, le préfet de la Creuse Hugues Moutouh, mais aussi les directeurs des grandes surfaces commerciales guérétoises. Au terme quasiment d'une heure de débats parfois vifs face à des interlocuteurs timorés, un consensus était trouvé pour faire signer à la grande distribution, une série d’engagements auprès de la filière viande creusoise. Tout en mettant l'accent sur les marges significatives que réalisent les entreprises de grandes et moyennes surfaces, marges qui vont bien au-delà du raisonnable, le président Philippe Monteil n'a pas manqué de leur rappeler que, lors d'un précédent contrôle de magasin, des tournedos produit à partir d'une viande de race laitière était vendu au prix de 38,90 euros le kilo aux consommateurs, alors que cette même viande était réglée à l'éleveur à peine 2,30 euros le kilo carcasse. Alors, messieurs, cherchez l'erreur ?

 

Dans le même temps, au niveau national, une rencontre de même nature avait lieu entre la FNSEA, la Fédération nationale bovine (FNB) et la Fédération du Commerce et de la Distribution. La FDSEA et les JA de la Creuse ont pour leur part demandé des engagements fermes de la grande distribution. Trois engagements ont été retirés pour être retravaillés lors d'un prochain groupe de travail avec le préfet. Ils portaient notamment sur la réduction des marges et leurs répercussions auprès des éleveurs. Des 7 directeurs présents, Carrefour, Carrefour Market, Intermarché, Leclerc, Lidl, Leader Price, et Aldi, seuls 4 ont « osé » signer ces engagements, alors que les autres ont prétexté qu'ils n'avaient pas l'autorisation de leurs hiérarchies et que le problème des prix se réglait au niveau national, sans pour autant aborder la question des marges abusives.

 

« Il n'est pas question d'en rester là. Les non signataires auront à s'expliquer devant les agriculteurs », a expliqué Philippe Monteil. Avant que les agriculteurs ne se rendent devant ces enseignes pour obtenir les raisons de leurs réticences, un détour dans les rues de Guéret conduisait le cortège devant les locaux de l'Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema), où une petite halte s'imposait. Paille et fumier étaient déposés gentiment devant leurs portes avant de reprendre la route en direction de Lidl.

 

Rencontrant le directeur de cette enseigne, les agriculteurs ont eu l'occasion de visiter et vérifier les rayons avant de remplir deux chariots de viande hachée d'origine étrangère afin de la redistribuer à la banque alimentaire. Au cours de l'inspection du rayon boucherie, quelle ne fut pas la surprise de découvrir des barquettes de viande de Socopa dont l'étiquette indiquait la date limite de consommation au 20 mai 2010.

 

Furieux de cette trouvaille, l'occasion était donnée pour retourner une nouvelle fois devant la préfecture et apporter ces « pièces à conviction » au préfet qui diligentait aussitôt par les services de la répression des fraudes et des services vétérinaires, des contrôles pour éviter que cela ne se reproduise.

 

En tout état de cause, si cette action syndicale faisait figure d'avertissement et dans l'attente de mesures concrètes, « les prochaines actions seront autrement plus musclées » ont assuré les syndicats agricoles.

 

*La délégation de responsables agricoles était composée de : Thierry Jamot, secrétaire général (SG) de la FDSEA, Pascal Lerousseau, président de la section bovine, Philippe Tison, président de la section porcine, Stéphane Moreau présidents des JA, Olivier Dumas SG des JA.

La FDSEA et les JA tiennent à remercier l'ensemble des participants à cette grande action syndicale et en particulier les agriculteurs ayant pris leurs tracteurs pour se rendre à Guéret, malgré les nombreux kilomètres, ainsi que la gendarmerie nationale qui a assuré la sécurité routière.

Les engagements de la grande distribution auprès de la filière viande creusoise

 

1. Nous nous engageons à nous fournir pour tout ou partie de notre approvisionnement en viande en animaux nés en France et notamment élevés en Creuse.

 

2. Nous nous engageons, dans le cadre de la filière, à payer aux producteurs la viande à un prix décent en tenant compte des coûts de production (Engagement qualité Carrefour).

 

3. Nous nous engageons à favoriser les circuits courts de commercialisation pour nos approvisionnements en viande d’origine française et notamment creusoise.

 

4. Nous nous engageons à respecter la traçabilité, auprès des consommateurs, des viandes que nous achetons, en indiquant les origines et la catégorie des animaux et notamment creusois.

 

5. Nous nous engageons à employer des bouchers compétents pour valoriser au mieux nos produits carnés.

 

Fait à Guéret le 29 juin 2010,

Le directeur de Carrefour

Le directeur de Leclerc

Le directeur de Carrefour market

Le directeur d'Intermarché

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