Jeunes agriculteurs > Installation : rester positifs mais déterminés
Le 3 juillet, JA d’Auvergne organisait une session régionale «installation» à Puy-Guillaume, dans le Puy-de-Dôme pour illustrer l’impact négatif des contraintes administratives.

La session «installation», organisée le 3 juillet dernier par les Jeunes Agricuteur d’Auvergne sur l’exploitation agricole de Quentin Baumont à Puy-Guillaume, dans le Puy-de-Dôme, a été l’occasion de dresser, au plan régional, le bilan chiffré des installations aidées en 2014. Elle a également permis de présenter l’évolution des politiques d’aide à l’installation. Enfin, sur la base de témoignages et de cas fictifs, un débat s’est instauré sur la manière de sécuriser les installations face aux aléas administratifs.
En 2014, stabilisation des installations aidées en Auvergne
Après une chute brutale des installations aidées en 2011 et 2012, liée pour partie à la refonte du dispositif d’accompagnement à l’installation, le nombre d’installations aidées est aujourd’hui stabilisé autour de 320 dossiers par an. Les trois quarts des installations aidées se situent en zone
de montagne. Au plan géographique, les départements du Cantal et du Puy-de-Dôme représentent respectivement 31% et 25% des dossiers tandis que les départements de l’Allier et de la Haute-Loire se situent au même niveau avec 22% des dossiers d’installation aidée chacun.
Le pourcentage des installations hors cadre familial représente près d’un quart des dossiers d’installation aidée ; il s’agit majoritairement d’installations réalisées sous la forme individuelle. À contrario, le cadre sociétaire concerne 76% des installations aidées et réalisées dans un cadre familial. Plus des deux-tiers des jeunes s’installent avec un diplôme de niveau IV (BPREA, BAC professionnel, CCTAR…) et on observe, au cours des dernières années, une progression des agriculteurs qui s’installent avec un diplôme de niveau III (BTS).
Enfin, la surface agricole utile à l’installation s’établit, au plan régional et sur une moyenne de 2009 à 2014, à 52 ha par actif pour les installations individuelles avec, toutefois, des disparités départementales : la SAU moyenne à l’installation la plus faible se situe en Haute-Loire
(43 ha), la plus élevée se situe dans le département de l’Allier (72 ha). Les départements du Cantal et du Puy-de-Dôme se situent sur des niveaux intermédiaires avec respectivement une SAU moyenne à l’installation par actif de 52 et 47 ha.
Nouvelle refonte des dispositifs d’aide
Une harmonisation régionale des modalités d’attribution de la Dotation Jeune Agriculteur est intervenue. Elle se compose désormais d’un montant de base, dont la valeur dépend du zonage montagne, et d’un complément additionnel dont l’intensité varie selon de multiples critères :
- l’installation hors du cadre familial,
- l’agro-écologie,
- la valeur ajoutée et l’emploi,
- les installations difficiles.
Une évolution est également en cours en ce qui concerne le dispositif d’accompagnement à l’installation : préparation et conseils à l’installation, suivi des nouveaux exploitants, mesures d’incitation à la transmission. Cette nouvelle politique régionale est en cours de discussion entre les financeurs (État et Conseil régional) et les différents intervenants dans un contexte complexifié par la fusion des régions administratives.
Devant ces évolutions récentes et à venir, les Jeunes Agriculteurs d’Auvergne regrettent le manque de lisibilité de ces nouveaux dispositifs ainsi que leur instabilité (remise en cause régulière). Ils dénoncent également la politisation de la DJA qui était initialement un coup de pouce à l’ensemble des installations.
Le public s’est aussi montré attentif devant le film réalisé par les Jeunes Agriculteurs de la Haute-Loire mettant en scène un agriculteur et un contrôleur et dénonçant les impacts négatifs des excès de contrôle administratif.
Le témoignage apporté par Quentin Baumont, installé en brebis laitières depuis 2013 sur la commune de Puy-Guillaume, a montré comment la révision du plan local d’urbanisme avait remis en cause son projet de bâtiment. Outre des investissements non prévus qu’elle a engendrés, elle anesthésie toute possibilité d’accroissement de cheptel prévu dans son Plan d’Entreprise mettant l’exploitant dans une situation économique difficile.
Ce cas concret démontre l’importance d’une représentation des agriculteurs dans les instances décisionnelles aux différents échelons administratifs et territoriaux, la seule manière de créer les conditions d’un dialogue constructif sans renoncer au développement de l’agriculture.
CATHERINE BONY