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Jérémy Jallat : « Pas d’agriculture sans actifs »

Jérémy Jallat est installé dans l’Isère.
Jérémy Jallat est installé dans l’Isère.
© JA Aura

Installé à 1 100 mètres d’altitude au bout du plateau du Vercors, Jérémy Jallat, vice-président des JA d’Auver­gne-Rhône-Alpes sait combien l’installation des jeunes est conditionnée au prix et à des mesures de soutien spécifiques comme l’ICHN. À 35 ans, Jérémy Jallat fait figure d’ « ancien » chez JA. Il s’en amuse tout en étant conscient du chemin parcouru et des défis qu’ils restent à relever. Installé dans le cadre familial depuis 2015, à quinze kilomètres de Grenoble, Jérémy élève un troupeau d’une trentaine de montbéliardes. Il produit 180 000 litres de lait bio livrés à Sodiaal. Lorsqu’il adhère au réseau JA en 2014, un an avant de s’installer, il est le seul du Sud Isère. Avec deux collègues, il ressuscite le canton de Villard-de-Lans, en sommeil depuis 1991. D’une poignée d’adhérents, le canton en compte désormais 38. Et le jeune homme n’en n’est pas peu fier. Il faut dire qu’il a un sens certain de la rhétorique, et une connaissance aiguisée des dossiers les plus ardus comme celui de la PAC. Alors que les négociations autour du plan stratégique national pour sa mise en œuvre vont bon train, pas question pour lui de faire de la figuration. Il porte la voix des JA de sa région, dont il est premier vice-président mais aussi des massifs français en qualité de membre du Suaci Montagn’Alpes¹. Définition de l’actif, maintien du couplage, des ICHN, et construction du prix en marche en avant… sont ses principaux chevaux de bataille.

Agriculteur véritable« On veut défendre l’actif, cela implique d’aller plus loin dans sa définition en introduisant la notion d’agriculteur véritable. Nous plaidons pour un plafonnement des aides directes par bénéficiaire, pour éviter les rétentions de terres, les effets d’aubaine. Dans ce cadre, nous estimons que les personnes qui perçoivent leur retraite à taux plein ne doivent plus percevoir des aides ». Et cela vaut, selon lui, y compris pour l’ICHN (indemnités compensatoires de handicaps naturels), un soutien fondamentalement indispensable pour les territoires de zones de montagne et défavorisées. « L’ICHN, personnellement je suis au plafond, c’est 100 % de mon revenu. Je n’ai plus ça, je mets la clé sous la porte. Dans nos zones, nous ne sommes pas en capacité de diluer nos charges par le volume ». Si Jérémy envisage de créer un atelier de transformation sur sa ferme pour capter davantage de valeur ajoutée, il sait aussi que c’est au prix de réinventer son travail… « En 2021, il n’est pas normal que les produits des agriculteurs ne soient pas payés au niveau du coût de production. Le volontarisme des GMS n’est pas là. On réclame simplement quelques centimes d’augmentation sur un produit, pour le consommateur cela ne représente pas grand-chose ».

Manger français et acheter au juste prixEt d’estimer qu’il est plus que temps de muscler la loi Ega en l’assortissant de sanctions plus dissuasives. « On ne sait pas quoi dire aux jeunes qui vont s’installer en bovins viande par exemple, allez-y mais vous allez au casse-pipe. Il y a du prix à retrouver et de la cohérence dans les filières ». Dans ce contexte, pas question de toucher aux aides couplées « on ne veut rien lâcher sur le couplage. On a voulu nous amener sur les programmes opérationnels mais nous savons très bien que ce n’est pas la solution, car l’argent n’arrivera jamais dans les cours de ferme ». En attendant les arbitrages du ministre de l’Agriculture, Jérémy est plus que jamais combatif. « Ce qui se joue en ce moment va conditionner le visage de l’agriculture des prochaines années. Il y a vrai pacte à sceller avec la société autour du mangez français et de l’achat de nos produits au coût de production ».

1. Créé en 1965, le SUACI (Service d’utilité agricole à compétence interdépartementale) est composé des Chambres d’agriculture Savoie Mont-Blanc et de l’Isère. En 2008, le Suaci devient un Oier (organisme inter établissement de réseau). En 2014, suite à une étude d’opportunité pour un Oier à l’échelle du Massif des Alpes, la Chambre d’agriculture de la Drôme rejoint ce réseau, désormais dénommé Suaci Montagn’Alpes.

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