JA : la chasse à la “viande de nulle part”
À l’image de leurs collègues bretons, les JA du Cantal ont mené des opérations en GMS sur la provenance des viandes.
La viande ne présente pas toujours l’étiquetage de son pays d’origine. Nous collons donc des stickers afin de différencier les bonnes et mauvaises pratiques d’étiquetage et d’orienter le consommateur sur son choix, voir si la traçabilité est OK ou non”, indique Armony Blayac, animatrice JA. Cette opération de communication des Jeunes Agriculteurs envers les consommateurs vise à ce que ces derniers soient “plus attentifs à la provenance de la viande qu’ils vont consommer, ce qui est important aussi pour les producteurs”. Sur le parking de Lidl, Étienne Portalier, président des JA de Saint-Flour nord, Jean-Louis Pouderoux, membre du bureau, et Armony, lancent donc l’opération surprise et, après accord de la direction de l’enseigne, vont “inspecter” le rayon des viandes. Pas facile de s’y retrouver, constate tout de go le petit groupe qui, parmi des centaines de produits en rayon, mettra pas mal de temps pour déchiffrer les différentes étiquettes et divers logos plutôt abscons…
La nébuleuse sur les produits transformés
“Qu’elle vienne d’Allemagne ou de France, l’important est que le consommateur sache. Ce n’est pas parce qu’une viande viendra d’ailleurs qu’elle sera mauvaise mais le consommateur doit savoir ce qu’il mange”, assurent les JA qui informent les clients sur la nature de l’opération en cours. Nadine Coutarel, adjointe du magasin Lidl, comprend cette action : “Je suis issue du milieu agricole… Ils veulent savoir d’où vient la viande et c’est normal. Mais, chez nous, les consommateurs regardent avant tout le rapport qualité prix…” Une demi-heure plus tard, un premier verdict tombe : “Tout ce qui est produits de transformation et plats préparés, c’est une catastrophe. On ne sait pas d’où vient la viande et l’emballage joue beaucoup dans le choix du consommateur qui a ses habitudes et ne regarde pas souvent l’étiquette”, déplore la délégation. La même opération est ensuite menée à Carrefour market où les JA sont, tout comme à Lidl, plutôt bien accueillis : “C’est de l’information, mais nous, vous savez, on ne peut pas changer les choses… Ces produits sont conformes à la réglementation…”, souligne une responsable du magasin. Ce que corrobore Laura, JA, qui s’est jointe au groupe : “On vend en GMS des produits sans identification et le consommateur ne peut pas s’y retrouver, c’est forcément la réglementation qui est défaillante.” Les étiquettes sont en effet peu lisibles pour le consommateur. Est-ce une viande d’origine France qui est transformée en France ? On ne le sait pas. Souvent, au mieux, si cette première information est présente,on retrouve comme origine : “Europe ou autre” pour la provenance… Le verdict des JA est clair : “C’est de la viande de nulle part.” Deux heures et demi plus tard, c’est le constat final : “Il y a énormément de produit dont on ne connaît pas l’origine”, constate, effarée, Armony. Et même les petits producteurs locaux ont un étiquetage peu clair. Il faudrait qu’ils adoptent un logo pour indiquer la provenance des viandes… Nous on sait à peu près, mais les autres ?”, s’interrogent les jeunes. In fine, si une majorité de plats cuisinés ont été affublés du bonnet d’âne “viande de nulle part”, parfois un rayon entier, ils sont suivis de près par les charcuteries. Un bon nombre d’étiquettes aussi “origine connue “ont été apposées. À l’évidence, il reste encore beaucoup à faire en matière d’étiquetage et detransparence quant à l’origine des viandes.
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