Intégrer la paille dans les rations hivernales des bovins allaitants
Le manque de fourrages conduit les éleveurs à avoir recours à la paille de céréales pour compléter les rations. Pauvre en sucres solubles, matières azotées et minéraux, la paille est nettement moins bien ingérée qu’un autre fourrage du fait de son encombrement. Cependant, bien complémentée, c’est une ressource intéressante pour pallier le déficit de stocks fourragers. Dans la suite de cet article, vous trouverez quelques précautions à prendre lorsque la paille est utilisée comme fourrage principal, ainsi que des exemples de rations. Pour réaliser un bilan fourrager ou des rations personnalisées, n’hésitez pas à contacter vos conseillers dans les antennes.
Les principes à respecter :
- Réserver les meilleurs fourrages aux animaux en production : les vaches suitées, mais également les génisses d’un an pour assurer leur croissance ;
- N’utilisez que les pailles bien conservées ;
- Améliorer la digestibilité de la paille en nourrissant les micro-organismes du rumen : l’azote soluble et des glucides rapidement fermentescibles font défaut à la paille, il faut combler ce manque en ajoutant soit un aliment complémentaire liquide à base de mélasse, soit des concentrés azotés (par exemple 100 g de tourteau de soja par kg de paille), soit des coproduits bien pourvus en azote et sucres solubles (tels que corn gluten feed ou drèches) ;
- Apporter une complémentation énergétique et azotée suffisante et adaptée pour couvrir les besoins de production : éviter les concentrés trop rapidement dégradables (comme les céréales broyées) ou les associer à des concentrés riches en cellulose qui auront un effet tampon (pulpe de betteraves, corn gluten feed…), les tourteaux et drèches sont intéressants car riches en PDIA ;
- Bien complémenter en minéraux, oligo-éléments et vitamine A ;
- Satisfaire plus de 75 % de la capacité d’ingestion par les apports de paille et fourrages : il s’agit de la base minimale en fibres longues pour assurer un bon déroulement de la digestion ruminale ;
- Fractionner les apports de concentrés au-delà de 3 kg/jour/animal : cela permet d’éviter les flambées fermentaires dans le rumen et d’optimiser la valorisation des concentrés apportés.
Exemples de rations pour des vaches allaitantes après vêlage :
- Paille + foin : 6 kg de paille de céréales + 5 kg de foin + 3 à 4 kg de céréales aplaties + 1 kg de tourteau de soja 48 + 150 g d’un minéral 6-24 (attention aux faibles valeurs azotées des foins récoltés en 2018) ;
- Paille + ensilage d’herbe : 6,5 kg de paille de céréales + 17 kg d’ensilage d’herbe + 2,5 kg de céréales aplaties + 0,8 kg de tourteau de soja 48 + 100 g d’un minéral 6-24.
Exemples de rations pour des génisses de 2 ans :
- Paille : 4 kg de paille de céréales + 2 kg de céréales aplaties + 2 kg de luzerne déshydratée + 0,3 kg de tourteau de soja 48 + 80 g d’un minéral 10-10 ;
- Paille + foin : 3 kg de paille de céréales + 3 kg de foin + 1,5 kg de céréales aplaties + 1 kg de luzerne déshydratée + 0,3 kg de tourteau de soja 48 + 70 g d’un minéral 10-15 ;
- Paille + ensilage d’herbe : 3 kg de paille de céréales + 8 kg d’ensilage d’herbe + 2,5 kg de céréales aplaties + 0,35 kg de tourteau de soja 48 + 80 g d’un minéral 10-20.
Estimer les besoins en paille et concentrés
Pour remplacer 10 tonnes de foin, il faut compter :
- 7 tonnes de paille + 20 quintaux de céréales + 600 kg de tourteau de soja ;
- 7 tonnes de paille + 3 200 kg d’un aliment complémentaire à 16 % de MAT ;
- 7 tonnes de paille + 2 700 kg de luzerne déshydratée + 10 quintaux de céréales.