Grippe aviaire : «Il ne faudrait pas que ces mesures s’éternisent»
Alors que la France est en risque «élevé», Claire Souveton
de la FDSEA, fait un point sur la situation des élevages en Haute-Loire.
Le 5 décembre, le ministère chargé de l’Agriculture a relevé le niveau de risque à l’égard de la grippe aviaire au niveau «élevé» pour tout le territoire. Quelles conséquences ont l’application des mesures en place (confinement, réduction de parcours et interdiction de tout rassemblement de volailles vivantes...) sur les élevages de Haute-Loire ?
Claire Souveton (présidente de la section avicole FDSEA) : On peut dire que les poulets ne souffrent pas trop de rester à l’intérieur des bâtiments, par contre il n’en est pas de même pour les pintades ! Ces dernières ont en effet l’habitude de sortir et de profiter du parcours durant toute la journée. Je suis donc plus inquiète pour les pintades qui privées de sortie vont stresser et risquer des problèmes d’étouffement. Ce qui peut, au final, générer des pertes d’animaux qui pèseront sur la trésorerie des ateliers.
Le ministère autorise la sortie des animaux à condition de procéder à la pose de filets. Que pensez-vous de cette possibilité ?
Claire Souveton : Cela n’est pas applicable à des poulaillers en label rouge dont le cahier des charges impose un parcours d’un hectare (1 ha de parcours pour un bâtiment de 400 m2).Quant à la réduction des parcours extérieurs, cela ne présente aucun intérêt à l’égard des oiseaux sauvages... Mieux vaut les confiner.Quant aux petits poulaillers (moins de 2 500 poulets) conduits en bio ou non, la pose de filets me paraît plus adaptée.Toutefois, il ne faudrait pas que ces mesures s’éternisent durant des mois car cela pourrait engendrer des pertes financières importantes.
Sur le plan commercial, quel est l’impact de ces mesures ?
Claire Souveton : À ce jour, on ne constate aucune conséquence sur la vente des volailles en intégration. Par contre si un foyer était découvert en Haute-Loire, cela changerait la donne. Les mesures se durciraient obligatoirement et les conséquences seraient lourdes sur le plan commercial.Quant à la vente de volailles sur les marchés, ce n’est pas trop la saison pour le moment mais si l’interdiction de tout rassemblement de volailles vivantes perdure, cela risque de poser problème au printemps, comme ce fut le cas en 2005 ; à l’époque, nos élevages avaient été impactés par l’influenza aviaire pendant de longs mois et les éleveurs ne pouvaient plus vendre sur les marchés.
Quelles sont les consignes de prévention contre l’influenza aviaire ?
Claire Souveton : Le cahier des charges des ateliers sous labels prévoit déjà une liste de mesures en matière d’hygiène sanitaire respectées par les éleveurs. L’éleveur entre dans son poulailler avec une tenue et des chaussures réservées à cet usage. Généralement, c’est la même personne qui intervient sur un même lot de volailles... Les bâtiments sont nettoyés régulièrement et des périodes de vide sanitaire sont programmées. Mais dans ce contexte de développement de l’influenza aviaire, des sessions de formation obligatoires pour les éleveurs sont organisées depuis cet été pour rappeler l’ensemble des consignes d’hygiène à mettre en place dans les élevages de volailles et évoquer toutes les obligations à respecter d’ici 2018 (Sas à l’entrée des bâtiments...). Prises en charge par Vivéa, ces formations sont proposées en lien avec les sociétés intégratrices. Quant aux éleveurs qui ne produisent pas en intégration, ils pourront participer à des formations proposées par la Chambre d’agriculture et la FDSEA.
Propos recueillis par Véronique Gruber