Fièvre catarrhale ovine : quelle stratégie vaccinale adopter ?
Avec la réactivation inévitable du moucheron vecteur au printemps, la question de la vaccination des cheptels contre la FCO reste d’actualité. Un vaccin qui ne fait pas l’unanimité
FCO : trois lettres synonymes de marasme pour la filière bovine française. Après sa réapparition un sinistre 11 septembre 2015 sous la forme du sérotype 8 - épisode qui a valu à la France de perdre son statut indemne - les éleveurs cantaliens se demandent ce que leur réserve le virus ce printemps, propice à la réactivation du moucheron vecteur. “Avec la reprise de l’activité vectorielle à venir, on risque d’assister à une multiplication des foyers (237 recensés dans l’Hexagone au 8 avril dont 7 dans le Cantal) sans qu’on sache vraiment ce qu’il en sera de l’expression clinique de la maladie”, expose Francis Baraillé, directeur du GDS qui tient ce jour son assemblée générale à Valuéjols. Une chose est sûre, les éleveurs sont peu enclins à vacciner leur cheptel de souche. La raison ? Le coût (depuis le 1er mars, l’acte et la vacation vétérinaires ne sont plus pris en charge), mais aussi des interrogations quant à l’innocuité du vaccin et sur les conditions de réouverture potentielle du marché turc qui pourrait exclure les animaux vaccinés. Difficile dans ces conditions de délivrer un message unique, estime le GDS, qui privilégie un conseil individualisé. Sachant qu’a priori, les autorités sanitaires françaises n’envisagent pas d’imposer de vaccination obligatoire des cheptels. La profession, elle, demande toujours la déclassification de la FCO de la liste des maladies réglementées par l’OIE. Une revendication difficile à faire aboutir...
204 700 nouvelles doses
Depuis le 26 septembre et la mise à disposition des doses au Cantal, 80 000 bovins, quasi exclusivement des broutards, ont été vaccinés, en priorisant dans un premier temps les sujets les plus âgés pour “que tout le monde puisse exporter des animaux”, précise le directeur adjoint, Frédéric Aymard. Une nouvelle dotation de 204 700 doses devrait permettre de vacciner 96 000 jeunes bovins, 4 250 vaches laitières et 2 057 ovins. La vaccination reste en effet de mise pour le marché transalpin pour les broutards ainsi que pour les mères des veaux de moins de 90 jours exportés. L’Espagne exige elle un test PCR négatif ou la vaccination des bovins exportés (de leur mère ou leur cheptel pour les - 70 jours). Toujours au registre des crises sanitaires, 2015 a vu ressurgir le spectre de l’influenza aviaire avec plus de 90 foyers du virus H5N1 hautement pathogène recensés depuis le 19 novembre dans le Sud-Ouest. La zone réglementée concerne 90 communes du Sud-Cantal (notamment la Châtaigneraie) où déclaration et confinement des volailles sont obligatoires. Les élevages de palmipèdes sont eux soumis à une mesure drastique de vide sanitaire. Autre épizootie qui a, ponctuellement, refait parler d’elle : l’ESB, avec un cas isolé détecté dans un élevage salers des Ardennes où l’animal infecté est né. “Un cas isolé, comme il y en a toujours eu et il y en aura encore, tient à souligner Francis Baraillé. Un cas sans aucune incidence pour les consommateurs.”
BVD : une boucle pour dépister tôt les Ipi
Sur le front des maladies réglementées à prophylaxie obligatoire, la situation du cheptel cantalien est favorable avec l’absence de tout foyer qu’il s’agisse de tuberculose, brucellose ou leucose bovine. Néanmoins, la vigilance reste de mise pour la tuberculose loin d’être éradiquée dans certaines régions (Cote d’Or, Dordogne notamment). Pour ce qui est de l’IBR, le Cantal reste en retard dans la lutte pour éradiquer cette maladie virale. D’où un nouvel appel à intensifier les efforts en la matière sachant que la prophylaxie IBR va être sensiblement renforcée par un prochain arrêté ministériel (lire ci-contre). Le GDS poursuit par ailleurs ses actions sur la maladie des muqueuses (BVD). Une étude diligentée en 2015 a révélé que seuls 30 % des éleveurs cantaliens ont mis en place une protection vaccinale, pourtant moyen le plus sûr de protection contre la génération des animaux Ipi (encore plus de 350 Ipi identifiés sur la campagne 2014-2015 dans le Cantal). Pour favoriser leur identification et élimination précoces, le GDS propose depuis peu une nouvelle méthode de dépistage via la pose d’une boucle Ultra TST qui permet à la fois l’identification de l’animal à la naissance et le prélèvement d’un morceau de cartilage en vue d’une recherche du virus BVD. Grâce à ce dispositif, des pays comme la Suisse et l’Allemagne ont éradiqué en quelques années seulement la BVD pour un coût bien moins onéreux que des analyses PCR classiques. Ce nouveau dispositif est présenté ce jour en assemblée générale. Une réunion au cours de laquelle le GDS devrait aussi mettre en garde contre l’extension de la besnoitiose, une maladie parasitaire à vecteur dite maladie de la peau d’éléphant. Récemment apparue dans le Cantal, elle peut entraîner des pertes lourdes et nécessite de détecter et réformer au plus tôt les individus atteints.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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