Portrait
"Faire connaître son métier… montrer l'agriculture telle qu'elle est"
Gilles Pinel, éleveur laitier sur la commune de Roche en Régnier, a participé à une formation pour apprendre à dialoguer sur son métier, à communiquer.
Gilles Pinel, éleveur laitier sur la commune de Roche en Régnier, a participé à une formation pour apprendre à dialoguer sur son métier, à communiquer.
Comment parler de son métier, comment l'expliquer ? Comment répondre aux questions voire aux attaques, de ceux qui connaissent pas ou mal notre métier ? C'est pour répondre à ces questions que Gilles Pinel, exploitant agricole sur la commune de Roche en Régnier, s'est inscrit à une formation dispensée par la Chambre d'Agriculture de Haute-Loire, en janvier 2020. "J'ai vu l'info sur La Haute-Loire Paysanne, et l'intitulé "éleveur, un métier passionnant ; dialoguer sans tabous" m'a semblé intéressant. Alors je me suis inscrit". En réalité, ce n'était pas ce à quoi il s'attendait. "La formation était plutôt orientée sur : Comment se présenter face aux personnes qui viennent chez nous, sur notre exploitation ? Comment s'exprimer devant un public ?".
Loin de le décevoir, cette expérience au sein d'un groupe de 8 ou 9 personnes, a été très intéressante et très instructive pour Gilles Pinel qui a pu, par la suite, mettre en pratique ce qu'il avait appris. Le formateur Alain Bouzigues de la société Virtu'Ose et l'animatrice conseillère Chambre d'agriculture Laurence Gory, ont, à travers des exercices filmés puis analysés, prodigué des conseils sur les postures, les gestes d'accueil, le regard, la gestuelle… à adopter pour se sentir à l'aise et capter l'attention d'un public.
"Mon métier c'est éleveur"
Gilles Pinel aime son métier d'éleveur. Il élève seul 38 laitières, montbéliardes et brunes des Alpes, qui produisent 208 000 litres de lait (référence de l'exploitation) sur une surface totale de 65 ha à une altitude de 860 m. Installé depuis 1999 sur l'exploitation familiale, il a, au fil des ans, fait évoluer sa ferme, avec notamment la construction d'un bâtiment en 2019, dans l'objectif d'améliorer ses conditions de travail et le logement de ses animaux.
Et puis, lui est venue l'idée d'ouvrir les portes de son élevage pour "faire connaître, ou mieux connaître, son métier d'éleveur, pour montrer l'agriculture telle qu'elle est". Il a donc rejoint les agricultrices et agriculteurs qui participent chaque année à l'opération nationale de communication "De ferme en ferme".
Contrairement à la majorité de ceux qui s'inscrivent dans cette démarche, lui n'a rien à vendre. Il est éleveur, producteur de lait qu'il vend à Savencia à Beauzac, mais il ne transforme pas et ne commercialise pas en direct : "c'est un autre métier" dira-t-il. Sa démarche à lui, c'est de communiquer et seulement communiquer. Les annulations et changements de date de ce week-end portes ouvertes, ne lui ont pas permis de participer ni en 2020, ni en 2021. Néanmoins, il reste motivé pour un prochain rendez-vous. Même si, depuis, il a réfléchi : "Mon souci, c'est le manque de main d’œuvre pour gérer l'affluence, pour bien accueillir les visiteurs et les accompagner sur l'exploitation". Car Gilles s'est fixé comme objectif d'être le plus transparent possible, de montrer la réalité de son métier avec ses animaux, de parler de la conduite de son élevage et des produits qui en sont issus et ce jusqu'à leur finalité. C'est pour cela qu'en préparation de l'édition 2020, il s'était renseigné sur le devenir de son lait auprès de son entreprise Savencia et sur la filière Veaux des Monts du Velay et son Vedelou avec laquelle il travaille.
Même s'il n'a pas encore participé à "De Ferme en Ferme", Gilles Pinel a reçu une quinzaine d'administratifs du Groupe Savencia, en séminaire sur le secteur et désireux de s'appuyer sur un exemple concret pour aborder le thème des boiteries. "La formation m'a alors beaucoup servie. Je me suis rappelé des gestes d'ouverture pour accueillir les personnes, de la posture à adopter, du regard qui doit s'intéresser à tout le groupe et de la gestuelle des mains. J'avoue que je me suis senti assez à l'aise même si parfois je perdais un peu le fil. Et j'ai un peu été déstabilisé par des questions assez directes et un ton un peu sec de la part d'une participante, mais c'était sa façon de parler". L'exercice n'était pas très facile pour l'éleveur un peu inquiet au départ : "Il faut toujours avoir un peu d'appréhension, même Johnny le disait", mais rassuré aujourd'hui. Il recommande même une telle formation pour apprendre à communiquer.
Besoin de couper
Dans sa vie de tous les jours, l'agriculteur est amené à échanger avec ses voisins ou des gens de passage, car s'il est éleveur avant tout, il est ouvert aux autres et aime sortir de sa ferme. Pendant quelques années, il a fait du théâtre sur sa commune, aujourd'hui il chante en chorale dans un groupe de 28 personnes dont il est le seul en activité et au sein duquel il a reçu "un super accueil". Et pas question de louper les répétitions du mardi soir, "c'est 2 heures de vide par semaine, 2 heures qui font du bien". Et d'ajouter, "les répétitions c'est bien, mais les concerts c'est encore mieux, c'est la récompense". En révélant une autre de ses passions, supporter les Verts de l'AS Saint-Étienne, Gilles Pinel insiste sur le besoin de couper avec le métier, même s'il est aussi important de prendre le temps de se retrouver entre agriculteurs, au sein des Cuma par exemple.