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Énergies renouvelables et nouvelles pratiques agricoles

Une unité de méthanisation est en cours de construction sur la commune de Budelière, ce projet est porté par un groupe d’agriculteurs.

Le terrassement de la future unité de méthanisation est en cours.
Le terrassement de la future unité de méthanisation est en cours.
© MR

L’unité de méthanisation est un projet collectif regroupant 8 exploitations en polyculture élevage soit 15 naisseur-engraisseurs en bovin viande du nord est de la Creuse. Ce groupe d’agriculteurs à l’habitude de travailler ensemble par le biais de la CUMA. Ils ont mûrement réfléchi leur projet collectif de méthanisation durant 6 ans. En 2014, la SAS Pâtural Énergie est créée, les exploitations n’investissent pas titre professionnel, ce sont les personnes (agriculteurs) qui investissent à titre privé. La société est détenue à 84 % par le groupe d’agriculteurs et 16 % par le cabinet d’étude, preuve d’un engagement mutuel. Des visites de méthaniseurs en fonctionnement dans l’est de la France et en Allemagne ont permis aux agriculteurs de choisir le système qui leur conviendrait le mieux. Il existe trois grands types de méthanisation : infiniment mélangé (destiné à des intrants liquides) ; voie sèche discontinue (système de garage) ; et voie sèche continue (système de piston) qui est le modèle retenu par les éleveurs. Ce système est le plus cher, mais présente la meilleure productivité, nécessite moins de main d’œuvre grâce à l’automatisation et est plus adapté aux apports des éleveurs : le fumier provenant de leurs fermes. « Un méthaniseur fonctionne comme une panse de vache, c’est-à-dire qu’il peut avoir les mêmes pathologies, par exemple faire de l’acidose, ce qui nécessite une surveillance régulière » explique Didier Dhume, un des éleveurs de la SAS. Il est donc envisagé une fois l’ensemble des travaux réalisés d’embaucher un salarié à plein temps.

Le montage et le suivi administratif du dossier a été réalisé par un cabinet d’études de Besançon, indépendant des constructeurs de méthaniseurs, notion essentielle à laquelle tenaient les éleveurs, « pour une question d’impartialité ». De nombreuses réunions ont eu lieu avec la chambre régionale d’agriculture, à la préfecture, la sous-préfecture afin de préparer et présenter le projet. Les démarches administratives effectuées, le chantier peut débuter. Le terrassement est en cours.

Énergies renouvelables
L’unité de méthanisation permettra la valorisation des fumiers et couverts végétaux pour la production d’électricité renouvelable, à travers un moteur de 360 kW ainsi qu’un bâtiment photovoltaïque d’une puissance de 100 kWc. L’électricité produite permettrait de couvrir l’équivalent en consommation électrique (hors chauffage) de 1 200 ménages.
La chaleur produite par le méthaniseur va permettre de faire sécher de la luzerne dans des hangars, l’objectif pour les agriculteurs est d’atteindre l’autonomie alimentaire en protéines végétales pour l’alimentation de leurs cheptels. Ces hangars pourront également permettre à des coopératives céréalières de faire sécher leurs récoltes, plusieurs d’entre elles sont déjà entrées en contact avec la SAS. Des contrats « gagnant-gagnant » ont été signés avec la communauté d’agglomération et l’abattoir de Montluçon afin d’approvisionner le méthaniseur en déchets verts (tontes de pelouses) et en matière stercoraire (intérieur des panses), ainsi qu’avec trois coopératives céréalières pour récupérer les déchets de silo. Un pont-bascule sera installé pour peser et enregistrer chaque entrée et sortie de marchandises sur le site. La chaleur créée va également permettre de chauffer l’eau des bassins pour la production de spiruline sous serres.
La spiruline est une microalgue (cyanobactérie) élevée dans des bassins d’eau douce à une température de 35-38 degré. Une fois séchée, elle est utilisée en tant que complément alimentaire. Elle est particulièrement prisée des sportifs et des femmes enceintes pour sa richesse en fer et acides aminés essentiels. Un point de vente directe est prévu.

Nouvelles pratiques agricoles
Outre la production d’énergie, la méthanisation permet une meilleure gestion des fumiers et des couverts végétaux : arrêt de l’entrepôt de tas de fumier en bord de champs, limitation de la perte d’engrais et des émissions de gaz à effet de serre des tas de fumier, réduction de la consommation d’engrais de synthèse des fermes, et valorisation des couverts végétaux permettant de piéger les nitrates en période hivernale. Lors du stockage au champ, le fumier perd 50 % de son azote par l’évaporation et le lessivage. Le compost riche en phosphore et potasse produit grâce à la méthanisation sera sans odeur, les chantiers d’épandage après méthanisation deviennent quasiment inodores. Plus qu’un projet de production d’énergie renouvelable, c’est l’ensemble des pratiques agricoles qui est modifié dans l’objectif de diminuer l’impact environnemental des activités d’élevage. La partie liquide riche en azote sous forme ammoniacale, provenant de la méthanisation des fumiers, sera stockée dans une cuve pour être apportée à la plante au meilleur moment et directement au sol avec une tonne à lisier équipée de rampes à pendillards.

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