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Présidentielle
Emmanuel Macron et Marine Le Pen : que proposent-ils pour l’agriculture ?

Souveraineté alimentaire, rémunération, compétitivité, renouvellement des générations, Europe, international… Thème par thème, nous avons isolé leurs propositions pour éclairer votre choix.

Elections 2022
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Qualifiés pour le second tour de l’élection présidentielle, le président sortant Emmanuel Macron et la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen ont dévoilé à plusieurs reprises les grandes lignes de leur programme en matière agricole : dans nos colonnes, à l’occasion du Grand Oral organisé fin mars par la FNSEA en clôture de son congrès à Besançon… Dans cette ultime confrontation, et afin que vous ayez toutes les cartes en main pour voter en conscience, nous vous proposons de découvrir leurs promesses, leurs idées fortes, qui auront des conséquences directes sur votre métier au quotidien.


Souveraineté alimentaire
Emmanuel Macron : Emmanuel Macron s’engage à ce que la France accélère sa politique d’indépendance alimentaire. Cela passe, selon lui, par la rémunération des agriculteurs, l’adaptation au changement climatique, une politique volontariste d’investissement, la préservation des terres agricoles, la reconnaissance au niveau européen de la mission nourricière de l’agriculture, vu la situation géopolitique et l’envolée des prix alimentaires.

Marine Le Pen : Le Rassemblement national souhaite lutter contre les traités de libre-échange, imposer 80% de produits français dans les cantines scolaires pour assoir la souveraineté alimentaire de la France.

Rémunération des agriculteurs
Emmanuel Macron : Le président sortant entend poursuivre le travail engagé en 2017 avec les lois Egalim « en continuant d’être intraitable sur leur application ». De manière plus globale, le candidat souhaite faire du prochain quinquennat un quinquennat qui redonne toute sa valeur à l’alimentation. « Nos sociétés de l’abondance ont trop souvent oublié la valeur de l’alimentation, sa valeur nutritionnelle, sa valeur environnementale, sa valeur économique ». Emmanuel Macron propose d’impulser cette dynamique en utilisant comme levier la commande publique, tout en mettant en place un chèque alimentaire afin de lutter contre la précarité alimentaire chez les plus fragiles.

Marine Le Pen : Pour garantir aux agriculteurs une juste rémunération, Marine Le Pen veut modifier les dispositifs des lois Egalim. « D’une part pour permettre l’intervention de l’État dans l’élaboration des indices utilisés pour fixer des prix minimums tenant compte des variations des prix des matières premières agricoles. D’autre part pour garantir le respect de ces futures dispositions législatives par les industriels et la grande distribution ».

Compétitivité
Emmanuel Macron : Pour Emmanuel Macron, la compétitivité passe par la lutte contre les effets du changement climatique, en investissant et en protégeant des aléas, filière par filière, notamment par l’assurance récole, une meilleure gestion de l’eau, l’innovation sur les variétés ; « La poursuite de la politique de préservation de nos terres, en continuant d’accompagner la transition agroécologique, et en réduisant l’utilisation des produits les plus préoccupants grâce à des solutions concrètes ». Le candidat s’engage à réduire les charges des agriculteurs, en maintenant les crédits d’impôts déjà existants sur le bio ou le HVE (Haute valeur environnementale), en luttant contre les surtranspositions qui alourdissent les coûts et en pérennisant le dispositif d’exonération de cotisations pour les travailleurs occasionnels (TODE). Emmanuel Macron a également proposé de renforcer le système de crédits carbones faits en France, c’est-à-dire de pouvoir rémunérer les agriculteurs par leurs pratiques permettant de stocker du CO2 dans les sols.

Marine Le Pen : Au chapitre de la protection des plantes, la candidate promet qu’il n’y aura désormais plus d’interdiction de substances actives sans solution équivalente et économiquement soutenable. Elle veut faciliter le stockage de l’eau, et protéger les agriculteurs des aléas. Afin de préserver l’avenir des terres agricoles, elle affirme qu’elle mettra fin aux projets éoliens et solaires au sol, à l’exception de l’outre-mer. « L’utilisation de terres agricoles pour des projets d’urbanisation sera également interdite, sauf dérogations accordées par les préfets, afin de favoriser en priorité l’utilisation des friches commerciales et industrielles ».

Renouvellement des générations
Emmanuel Macron  : « Il nous faut atteindre les 20 000 installations de nouveaux agriculteurs par an, au lieu des 14 000 actuelles ». Pour ce faire, Emmanuel Macron propose une loi d’orientation et d’avenir dès le début du quinquennat, basée sur trois piliers : le renforcement de l’enseignement agricole, notamment la lutte contre les déserts vétérinaires, la facilitation de l’accès au foncier, grâce à des mécanismes de portages à l’installation et la protection des terres par les achats étrangers, et enfin l’innovation, pour rentrer dans la 3ème révolution agricole, celle du numérique, de la robotique, du biocontrôle et de la sélection des variétés. Il souhaite aussi que l’on puisse mieux accompagner la cession des exploitations pour les agriculteurs proches de la retraite.

Marine Le Pen : Selon Marine Le Pen « l’État doit renforcer l’aide à l’installation des jeunes agriculteurs et en faire une priorité dans son plan stratégique national. Il doit aussi améliorer leur accompagnement à moyen terme. Il doit enfin réserver l’accès aux terres agricoles aux agriculteurs et s’opposer à l’accaparement de celles-ci par des groupes étrangers, soit pour des activités non agricoles, soit à des fins financières ».

Europe - International
Emmanuel Macron : Selon Emmanuel Macron « la stratégie européenne de la Ferme à la Table doit être mise en œuvre de façon pragmatique, en se recentrant sur le rôle nourricier de l’agriculture ». Le président sortant plaide pour la mise en place des clauses miroirs, de taxe carbone aux frontières, la fin de l’importation des viandes ayant utilisé des hormones de croissance. Il souhaite par ailleurs que les règles sur la fiscalité, les normes, le travail agricole soient harmonisées au niveau européen.

Marine Le Pen : Elle propose de créer un ministère chargé de la lutte contre les fraudes après avoir mentionné un rapport du Sénat qui ferait état de « 25% de fraudes dans les importations ». Elle base également son programme agricole sur la lutte contre la stratégie européenne « de la ferme à la fourchette » qui, selon la candidate, menace la souveraineté alimentaire des pays. Elle veut également exclure l’agriculture des traités multilatéraux de libre-échange, et interdire les importations de produits agricoles ne respectant pas les normes de production françaises. La candidate souhaite aussi valoriser le travail des agriculteurs en complétant les aides européennes par des aides nationales.

Bien-être animal
Emmanuel Macron : En matière de bien-être animal, le mandat du président sortant est marqué par l'adoption de la loi contre la maltraitance animale. Celle-ci interdit progressivement la présence des animaux sauvages dans les cirques (d'ici 2028) et dans les delphinariums (d'ici 2026), encadre l'adoption des animaux de compagnie et renforce les sanctions contre la maltraitance des animaux domestiques. Réclamée par les associations de défense des animaux, l'interdiction du broyage des poussins a été actée par décret en février dernier. Il existe désormais un référent « bien-être animal », avec une obligation de formation, dans chaque élevage.

Marine Le Pen : Marine Le Pen veut avancer prudemment sur le bien-être animal, proposant toutefois fin mars, « de créer un statut de l’animal dans le code civil ». Elle souhaite enforcer les peines « sanctionnant les infractions commises envers les animaux » et délictualiser la « non-dénonciation» de mauvais traitements. Un fichier informatique propre aux infractions commises contre les animaux sera créé si elle est élue. Marine Le Pen veut également augmenter les abattoirs « de proximité » et interdire l'abattage sans étourdissement, promu par les religions juive et musulmane.
La cellule «Déméter» de la gendarmerie verra sa mission précisée au service du bien-être animal et de la protection des modes d’exploitation traditionnels, précise son programme.
 

 

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