Égalim 2 : la contractualisation obligatoire fera la différence
La section cantalienne de la FNB a tenu une série de réunions pour informer les éleveurs allaitants des enjeux que constitue le nouveau projet de loi pour la filière allaitante.
département. À Vézac, chez Laurent Laverriere, c'est
Mathieu Théron qui est intervenu.
Vendredi 1er octobre, la FNB(1) a organisé une "journée bovine", au plus près des éleveurs. Ainsi, le président Bruno Dufayet est-il intervenu à Riom-ès-Montagnes et à Mauriac ; Patrick Bénézit, vice-président, à Neussargues et Neuvéglise ; Mathieu Théron, administrateur, à Cayrols et Vézac. Dans un contexte jugé favorable (voir ci-dessous), ils ont présenté les enjeux qu'engage
"Égalim 2", non sans rappeler l'échec de la première mouture de cette loi visant à l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire : "À ce jour, Égalim ne nous a pas fait gagner un euro de plus", constate le syndicat. Mais les choses devraient réellement changer.
Travailler sur le vivant
Les revendications syndicales, portées par la FNB, ont trouvé écho auprès du député de l'Aube, Grégory Besson-Moreau (LREM) qui a déposé en mai un nouveau projet de loi, répondant mieux à "la nécessité de rémunérer de manière plus juste les agriculteurs" et de tendre vers "davantage de transparence dans les relations commerciales". Après les nécessaires navettes entre Sénat et Assemblée, la profession espère une promulgation d'ici la fin de ce mois d'octobre. Le ministre devait d'ailleurs se prononcer hier à ce sujet au Sommet de l'élevage.
L'ambition est celle d'une "contractualisation obligatoire". Un peu à la manière des céréaliers qui s'engagent sur un volume à fournir, en échange d'une rémunération garantie. "On en est arrivé là, après avoir tout essayé", concédait à Vézac (au Gaec Laverriere-Sagette) Mathieu Théron, présentant cette nouveauté comme le dispositif de la dernière chance. Sauf qu'évidemment, travailler sur le vivant nécessite des clauses particulières : on ne stocke pas des vaches dans un silo en attendant le moment favorable pour les vendre et on ne peut pas préjuger à l'avance d'un équilibre mâle ou femelle, de la mortalité, etc. Autant de paramètres que les juristes de la FNB étudient avant de proposer un modèle de "contrat type", y compris pour la vente de broutards.
Rémunéra-score
L'engagement vaudra pour trois ans. Outre le volume prévu, il stipulera des dates, mais aussi une valeur d'achat... Et plutôt qu'un prix garanti, il prévoira un "tunnel de prix", avec des bornes maximales et minimales, toujours en fonction du coût de production, ce qui ne ravit pas la GMS, mais offre - enfin - de réelles perspectives de rémunération. "À nous de nous prendre en main, et d'aller négocier", annonce la FNB. Au-delà des mesures visant à rééquilibrer les relations économiques entre producteurs et distributeurs, la proposition de loi se penche aussi sur
l'étiquetage des produits : l'indice de rétribution de l'éleveur sera visible par le consommateur !
Des premiers engagements
Comme il existe déjà le "nutri-score" allant de A à E et du vert au rouge (pour informer de la valeur nutritionnelle d'un produit alimentaire), il est prévu un "rémunéra-score". Une étiquette délivrera une note, en fonction de la valeur qui revient à l'agriculteur à l'origine ou ayant participé à l'élaboration du produit. "Cette fois, ce sont les coopératives qui n'en voulaient pas", se fâche Mathieu Théron.
En revanche, des signes forts envoyés par les abatteurs, la restauration collective et les bouchers pourraient bien faire revenir la FNB à la table de l'interprofession Interbev. Culture viande, premier syndicat d'abatteurs, se dit prêt à contractualiser. C'est aussi le cas pour du jeune bovin, réclamé par Restau'co, réseau des restaurants de collectivités. Enfin, pas moins de 5 000 bouchers prennent l'engagement de payer en fonction du coût de
production...
(1) La Fédération nationale bovine est la section de production allaitante de la FNSEA.