Eau : rester autonome, c’est indispensable
Atteindre une autonomie optimale en eau pour l’abreuvement des animaux est important pour réduire les coûts, améliorer les conditions de travail et limiter le prélèvement sur le réseau d’adduction d’eau.
À l’initiative de la Chambre d’Agriculture de la Creuse, plusieurs journées techniques ont été consacrées à la thématique de l’abreuvement du bétail sur différentes exploitations agricoles réparties sur l’ensemble du département.
Au total, 5 journées d’information ont été présentées aux éleveurs du 28 septembre au 2 octobre, sur les différentes techniques d’abreuvement. Par des installations solaires, par des captages de source, des forages, autant de solutions que les éleveurs ont pu s’approprier pour leurs besoins, avec toutes les préconisations d’usage sur les aspects réglementaires et sanitaires et les financements mobilisables.
Présent sur l’exploitation du Gaec Chicon à Charron, le 1er octobre dernier, le président de la commission « environnement » de la Chambre d’Agriculture Joel Bialoux, pouvait se satisfaire de l’engouement pour cette opération, qui a attiré de nombreux éleveurs durant ces 5 journées d’informations techniques. Une opération déjà menée depuis plusieurs campagnes. « Notre objectif est d’inciter les éleveurs à devenir autonomes sur l’alimentation en eau pour l’abreuvement de leurs animaux pour éviter les surcoûts inutiles lorsque l’on tire l’eau du réseau public, surtout durant les périodes de sécheresse telles que nous avons connues durant ces dernières années ».
Des projets qui présentent pour la plupart des cas, d’une part, des investissements relativement abordables selon le mode de prélèvement choisi et d’autre part, qui sont facilement transposables sur chacune exploitation creusoise selon leur configuration.
Différentes techniques ont ainsi pu être mises en avant. « Certaines fonctionnent par énergie solaire, d’autres par forage ou captage de source ou à partir d’un puits, et toutes ces réalisations sont fonctionnelles » souligne Joel Bialoux. La Chambre d’Agriculture de la Creuse dispose d’une certaine expérience dans ce domaine, car elle réalise de plus en plus de diagnostics tant sur les aspects techniques que financiers ou réglementaires. Des projets qui sont désormais soutenus par le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, pour les départements de l’ex-Limousin, avec des financements qui peuvent aller jusqu’à 40 % du montant des investissements.
Sur les aspects réglementaires, la Chambre d’agriculture réalise les études puis les présente à la DDT, avec un soutien fort de la profession agricole qui souhaite aller encore plus loin en assouplissant davantage les contraintes administratives.
Le forcing est nécessaire pour Joel Bialoux qui défend le principe que « la case écologique n’est pas un frein à l’aspect économique ». Pourtant des points de blocages existent encore et notamment sur les zones humides, mais pour le responsable « environnement », « nous devons aller encore plus loin pour lever ces freins sur des projets collectifs comme les retenues collinaires ». Des points de blocages qui méritent encore d’être travaillés sans pour autant dévoyer la réglementation.
S'alimenter sur un puits
Installé dans le Gaec en 2013, Nicolas Chicon exploite avec sa mère 160 ha de SAU avec un cheptel composé de 95 vaches allaitantes charolaises et 140 brebis charollaises inscrites.
Son projet portait sur la réalisation d’un puits afin d’alimenter son bâtiment d’exploitation qui abrite ses bovins. Réalisé en 2014, son puits d’une profondeur de 8 m permet un stockage de 12 m³ et un volume prélevé estimé à 1 300 m³ par an.
Le coût de l’investissement s’élève à un peu plus de 8 000 € comprenant le terrassement, les buses et les équipements (pompe, électricité, réservoir) pour une autonomie intégrale de l’exploitation.
AM
Réutiliser un ancien forage
Jusqu’à l’an dernier, le Gaec Penot-Audonnet, à Noth, tirait l’eau de ses bâtiments sur le réseau communal. « 3 600 m³ par an, multiplié par plusieurs exploitations, avec les sécheresses à répétition le technicien de la commune a fini par venir nous voir pour nous demander si on ne pouvait pas faire autrement » témoigne Didier Penot. Lui est alors revenu en tête l’existence de forages déjà présents sur ses terrains. « Dans les années 1970 et 1980, la Cogema cherchait de l’uranium. Ils ont sondé, mais jamais exploité. Les trous sont toujours là, dans le granite. » Un seul de ces forages permettait l’accès à l’eau, à 150 mètres des bâtiments. « Il descend à 40 mètres, mais l’eau est à 30 mètres. En hiver on pouvait la voir remonter à 4-5 mètres du sol. On a nettoyé un peu, fait tester l’eau, mesuré les débits et installé 1 200 mètres de canalisations et une citerne tampon de 5 000 litres. On a fait au plus simple et pour l’instant ça fonctionne très bien ». Depuis novembre 2019, ce forage à 1,8 m³/h alimente tous les bâtiments de l’exploitation (120 vaches et 250 chèvres) ainsi que les abreuvoirs sur une vingtaine d’hectares.
HC