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Directive nitrates : l’agriculture du Cantal refuse d’être accusée sans preuve

“Aberrant”, “stupide”, “surréaliste”,... Les qualificatifs pleuvent après la divulgation du projet de classement de 18 communes du Cantal.

Teneur en nitrates des eaux de surface par secteur hydrographique en 2011 (en mg/l).
Teneur en nitrates des eaux de surface par secteur hydrographique en 2011 (en mg/l).
© Sidam

Ca ressemble à une mauvaise blague, à une farce grotesque improvisée pour le festival Éclat. Imaginez : classer une commune comme Allanche à plus de 1 000 m d’altitude en zone vulnérable pour cause de pollution aux nitrates ! Un scénario à ce point incongru que dans la campagne cantalienne, ils sont encore nombreux à ne pas y croire : “Ça paraît tellement stupide et irréaliste que beaucoup de gens autour de nous n’y croient pas, mais c’est bien écrit sur le papier”, relate Serge Blanquet, agriculteur en Gaec avec son frère Didier au Chavanon d’Allanche. Tous deux élèvent un cheptel de 75 mères salers et un petit troupeau laitier sur 130 hectares à plus de 1 100 m d’altitude. Des prairies qui, depuis une dizaine d’années, n’ont pas vu l’ombre d’une dose d’ammonitrate.


Incompréhension


“Depuis qu’on a appris la nouvelle, c’est l’incompréhension totale”, poursuit l’éleveur du Cézallier. Une incompréhension qui prévaut aussi à quelques dizaines de kilomètres de là, sur le canton de Mauriac : “On avait eu vent il y a un an d’un classement hypothétique de la commune de Chalvignac par rapport à une source de Joursac, rappelle Géraud Fruquière, délégué cantonal FDSEA. C’était une première   alerte qui malheureusement s’est confirmée, avec le projet de classement des communes de Chalvignac et Mauriac aujourd’hui. On ne comprend pas ce qui justifie ça. Sur le canton, on est à un chargement moyen qui ne dépasse  pas 1 UGB/ha,  avec  une majorité de prairies naturelles et une fertilisation très raisonnée. De plus, Mauriac est alimentée par un réseau d’eau qui vient des montagnes, rien à voir avec des problèmes de captage...”Plus au sud en Châtaigneraie, Jérôme Ters, 33 ans, ne décolère pas. Installéen 2004 avec son père et son oncle sur une exploitation mixte sur deux sites, l’un à Carsac (Pers), l’autre à Lacombaldie (Saint-Mamet), il pensait “être tranquille” en réalisant il y a quatre ans une mise au normes des installations, avec deux fosses géomembrane de stockage des effluents de 600 m3 et 230 m3, et la couverture de l’aire d’exercice des laitières. Coût total : 43 000 euros HT.


Où sont les preuves ?


“Alors que nous n’avons aucun élément sur les dates, les lieux, les organismes en charge des relevés et les résultats des prélèvements qui ont servi à établir ce classement, nous sommes surpris que monsieur le préfet parle de troubles à la santé publique, qu’il accuse l’agriculture sans preuve !”, réagit Patrick Bénézit. La délégation qu’il a conduite la semaine dernière et qui a été reçue par le préfet de Région, coordinateur des préfets du Massif central sur ce dossier, est en effet revenue les mains vides de cette entrevue: “Personne aujourd’hui n’est en mesure de nous dire sur quels prélèvements s’appuie ce projet de classement, explique le patron de la FRSEA. On sait que pour les eaux de surface, la norme européenne est fixée à moins de 50 mg/l de nitrates. On a eu vent que la France aurait pris un seuil bien plus bas à 18 mg, pourquoi ?”Au vu des dernières données disponibles recueillies auprès du ministère de l’Écologie (voir carte), la profession est convaincue que le classement s’est fait de façon arbitraire. “On a évoqué auprès du préfet de Région notre énorme doute quant à des problèmes de nitrates d’origine agricole sur des sites comme Allanche, Montsalvy où encore Saint-Étienne-Cantalès où toutes les eaux d’Aurillac vont se jeter... poursuit le syndicaliste. Et les sources de la Dreal(2) font apparaître que l’état des eaux ne se détériore pas dans le Massif central. On est à des seuils de moins de 10 mg contre des niveaux compris entre 50 et 100 en Bretagne.” Et de prévenir : “Il ne faut pas que le préfet s’émeuve de cette action syndicale, car tant que le sujet ne sera pas réglé, il y aura des mobilisations de ce type...”

 

(1) Voir L’Union du 13-16 août.

(2) Direction régionale de l’environnement, l’aménagement et du logement.

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

Droits de reproduction et de diffusion réservés.

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