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Deux générations pour une installation à quatre mains

Dans la famille Breguiboul, je demande le fils, Romain, en cours d’installation. Et sa maman, Christine, en cours d’installation aussi. Tous les deux sur la ferme familiale.
 

Romain Breguiboul, Nicole Poulalion, Christine Poulalion
Trois générations sur une même ferme.
© Marion Ghibaudo

Cela fait cinq générations que la famille Poulalion se succède sur la ferme familiale des Bessons (près de Saint-Chély-d’Apcher). Et l’histoire n’est pas près de s’arrêter puisque deux nouvelles générations s’apprêtent à prendre les rênes. « Nous avons commencé les démarches en juillet 2023, auprès du PAI », raconte Romain Breguiboul, en cours d’installation, et qui devrait officiellement être installé au 1er janvier 2025. Tout comme sa maman, peu ou prou. Pour l’instant, « c’est mamie (ndlr Nicole Poulalion) qui gère la ferme ».
À l’instar d’Étienne Bessière, c’est l’achat de terre via la Safer qui a précipité les choses en créant l’opportunité des installations ; des terres à vendre aux Bessons, proche de leur ferme. « Depuis tout petit, je sais que je veux m’installer sur la ferme familiale », déclare, confiant, Romain Breguiboul, sous le regard fier de sa maman, elle aussi concernée par ce parcours à l’installation. « C’est l’achat de cette propriété qui a redonné de la souplesse pour que l’on puisse s’installer tous les deux ».
Mais avant de gérer son propre système, le jeune agriculteur a souhaité aller voir ailleurs ce qui se faisait dans d’autres systèmes, pour « prendre les bonnes idées ». Il a donc rejoint le service de remplacement pendant deux à trois, au sortir de ses études après un bac pro à Civergols, suivi d’un BTS ACSE au CFA-CFPPA de Marvejols. D’autres expériences « essentielles pour apprendre à gérer les relations avec un patron, et se rendre compte qu’on peut encore apprendre des choses », sourit Christine Poulalion. Pour sa part, en attendant de pouvoir s’installer, la (jeune) agricultrice vendait notamment des fromages sur le marché, pour le compte d’autres agriculteurs. « C’est quelque chose que je vais essayer de continuer. J’aime bien le côté social des marchés, où on parle avec tout le monde ».

Reprendre une ferme, et changer les productions
Comme cela ne leur suffisait pas de s’installer à deux, Christine Poulalion et Romain Breguiboul ont aussi décidé de changer les races bovines présentes sur la ferme, tout en respectant la tradition laitière historique du lieu.
« Nous allons accueillir un troupeau allaitant de 50 Aubrac et 50 Simmental », détaille Romain Breguiboul. Jusqu’à présent, c’étaient des Montbéliardes et quelques Prim’Hostein qui tenaient le pavé haut dans la ferme, avec une collecte du lait pour Sodiaal. Désormais, et si les négociations (en cours) aboutissent, le Gaec Bel Horizon devrait rejoindre la coopérative Jeune montagne dès l’an prochain. « Nous sommes dans la zone de production de la coopérative, et c’est une structure à taille humaine, qui a des valeurs », approuve Romain Breguiboul. Et le partage des tâches entre les deux associés est déjà clair : à Romain, les Simmental et la traite. À Christine, les Aubrac, dans l’optique de faire du broutard à l’export. « J’en ai marre de traire », s’amuse l’agricultrice, qui voit dans les Aubrac un bon complément avec les Simmental, « notamment pour la valorisation des pâtures ». C’est aussi un bon complément de revenus pour la ferme, dans l’idée d’équilibrer la trésorerie avec différents ateliers. « Et puis, les Aubrac sont belles, et c’est la race locale », glisse la maman en souriant.
S’ils affirment aimer la race Montbéliarde, c’est avant tout l’opportunité de travailler avec une filière de qualité qui les a poussés à choisir des Simmental. « Et puis elles ressemblent aux montbéliardes, même si elles sont plus têtues », rigole Romain Breguiboul.
Cependant, pour l’instant, c’est Christine Poulalion la plus avancée : le troupeau d’Aubrac est (presque) déjà sur la ferme, puisqu’il a été acheté en même temps que la propriété. « Il est de bonne qualité, même si nous allons essayer de l’améliorer, tout en gardant au maximum la rusticité ». Un travail pour Romain et son jeune frère, tous deux passionnés de génétique.
Quant au troupeau de Simmental, « il est en cours d’achat », grimace le jeune agriculteur. C’est une race qui intéresse beaucoup, ces dernières années, donc les troupeaux sont rares. Mais Romain Breguiboul reste optimiste.

Une DJA et une DNA
« Le parcours à l’installation, c’est pénible », souffle le jeune éleveur, qui avoue en avoir soupé des nombreux papiers à remplir régulièrement. Mais, dans l’ensemble, « ça se passe plutôt bien. Il faut rester concentré pour ne pas manquer de dates limites », complète la maman. Si le duo avait prévu de s’installer ensemble de longue date, les conditions d’installations ont été différentes. Pour Romain Breguiboul, un parcours classique avec DJA à la clé, si tout va bien. Pour Christine Poulalion, « je n’ai pas les mêmes avantages qu’un jeune installé », note-t-elle, même si elle doit bénéficier de la DNA, dotation nouvel agriculteur. En Occitanie, les personnes de plus de 40 ans représentent plus d’un tiers des installations annuelles, et la Région a décidé de déployer des mesures afin d’accompagner et ancrer différents profils de nouveaux installés dans le tissu agricole, notamment en termes d’âge, via sa programmation Feader 2023-2027.
La DNA est réservée aux nouveaux installés âgés de plus de 40 ans. Toutefois, certains porteurs de projets de moins de 40 ans peuvent en bénéficier lorsqu’ils satisfont certaines conditions. Cette dotation constitue une aide en trésorerie pour le démarrage de l’activité agricole des nouveaux agriculteurs et agricultrices afin de sécuriser cette période critique. La Région s’engage pour accompagner la création d’entités économiques, viables, vivables et durables : des jeunes agriculteurs qui innovent vers des pratiques agricoles plus durables, vers de nouvelles sources de valeur ajoutée et d’emploi, qui contribuent au dynamisme et à la transition agro-écologique des territoires ruraux.
Parmi les projets des deux associés, « les bâtiments à refaire d’ici quelques années, pour un meilleur confort de travail ». Mais pour le moment, ils préfèrent franchir une étape après l’autre et gardent les matériels existants sur la ferme. Notamment pour la traite, qui se fait au transfert et à l’attache. « Les premières années, on va garder ce système, ensuite on verra ».
« Nous adhérons aussi à la Cuma d’Aumont, pour le matériel », expliquent les deux associés. Sur leur SAU, se côtoient prairies et cultures de céréales. Autonomes en paille et foin les bonnes années, ils aimeraient acquérir un peu plus de foncier pour se donner plus de souplesse. « Nous avons des terres qui usent, qui sont très sableuses. On cultive du seigle, du triticale, avec des pois et de l’avoine, notamment ».
Une installation atypique, mais qui donne le sourire aux deux associés, prêt à s’investir pour transmettre leur passionnant outil de travail aux prochaines générations, d’ici quelques années.
 

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