Production
Des prix rémunérateurs pour sortir de la crise porcine
La FRSEA du Limousin, interpellée par les éleveurs de porcs des zones à faible densité, a sollicité les représentants nationaux FNSEA et FNP pour que soit organisée une réunion à Limoges.
Producteurs de porcs du Limousin, d’Auvergne et de Midi-Pyrénées, industriels, grandes surfaces (GMS), FDSEA, FRSEA et aussi Directions des territoires (DDT) et Directions régionales de l’alimentation, de l’agriculture, de la pêche et de la forêt (Draaf), tous étaient autour de la table lors de la rencontre du lundi 19 avril à la préfecture du Limousin, à Limoges en Haute-Vienne. Au centre des débats, le contexte critique dans lequel se trouvent nombre d’éleveurs et leur appel à une concertation et une réaction très rapides.
En préambule à cette rencontre organisée sous l’égide de la préfecture du Limousin, Evelyne Ratte, le préfet, a rappelé la complexité des problématiques agricoles ainsi que son espoir que les échanges soient « libres et féconds ».
Une situation intenable !
Bruno Bunisset, président de la section porcine de la FRSEA Limousin, plante le décor : un prix d’achat inférieur de 30 à 40 centimes d’euro au coût de production, un mode de mise en marché du porc absurde, des éleveurs au bord du gouffre. Il faut un prix rémunérateur pour le producteur et tous les intervenants de la filière. Un protocole d’accord pour la moralisation de celle-ci a été rédigé et Bruno Bunisset appelle les participants à sa ratification. Les éleveurs acquiescent, témoignant des situations de leurs exploitations, proches du dépôt de bilan pour certains. « Deux mille treize » est sur toutes les lèvres, mais beaucoup doutent d’arriver jusque là, comme le rappelle François Constant, président de la section porcine de la FRSEA Midi-Pyrénées.
Secrétaire général de la FNSEA, Dominique Barrau affirme que certains problèmes, tels la distorsion de concurrence intra-européenne doivent être solutionnés par l’Etat et la communauté européenne. En outre, il note que parmi les zones à faible densité, certaines ont pu tirer leur épingle du jeu. Dès lors, des questions se posent et notamment le niveau géographique pertinent pour mettre en place des actions. Dans tous les cas, il faut agir. Maintenant. Même constat pour la Fédération nationale porcine et son président Jean-Michel Serres : ces trois années de crise, et 2010 qui ne s’annonce pas meilleure, montrent que le cycle du porc n’existe plus, les trésoreries affaiblies ne peuvent se relever. Sur la distorsion de concurrence, l’exemple choisi est édifiant : « Un élevage de 200 truies naisseur-engraisseur français gagne 40 000 euros de moins qu’un même élevage en Allemagne ! ». En réaction à la crise, la FNP a choisi de relancer la communication sur la marque Viande de porc française (VPF) et appelle les GMS à relayer l’opération de façon plus importante.
De leur côté, les industriels, dont Coop Atlantique, pointent du doigt les différences de coût de main d’œuvre à l’intérieur de l’Union européenne, les marges insuffisantes des salaisonniers et souhaitent poursuivre dans la voie déjà engagée du partenariat.
Les GMS sur la sellette et un bilan en demi-teinte
Jean-Philippe Viollet, président de la FRSEA Limousin, appelle les GMS, incriminées dans la crise, à s’exprimer à leur tour. Confirmant leur engagement sur l’opération VPF, elles tiennent à rappeler que les prix d’achats pratiqués actuellement sont ceux du marché. Aucun acheteur ne s’oppose à une redéfinition de ce prix mais certains attirent l’attention des personnes présentes sur le fait que le consommateur n’est peut être pas prêt à accepter de payer plus cher. Il semble clair que les GMS ne sont pas décidées à baisser leurs marges…
Avant que les hôtes de la réunion ne fassent la synthèse des débats, la parole est donnée une dernière fois aux éleveurs qui insistent sur l’urgence de la prise de décisions. L’outil VPF doit être utilisé mais il faut aller plus loin. Pour ça, une solution : entériner la proposition d’accord faite par Bruno Bunisset.
A l’issue des débats, aucune piste n’est validée. François Projetti, directeur de la Draaf Limousin propose la création de groupes de travail : promotion, contractualisation, fixation des prix et gouvernance. Charge aux groupes formés de formuler des suggestions d’ici une prochaine réunion plénière fin mai.
Témoignages
« On a rarement observé une telle mobilisation, d’ampleur nationale, dans une région à faible densité. Aujourd’hui, le mode de mise en marché du porc fait l’unanimité contre lui. Ce que nous avons proposé lors de la rencontre, c’est une moralisation de la filière. Je déplore d’ailleurs l’absence des hard discounters dans nos débats… »
Bruno Bunisset, président de la section porcine de la FRSEA Limousin.
« La situation des producteurs est terrible : actuellement même si on ne payait plus le porc, le consommateur paierait toujours la saucisse ! De nouveaux schémas sont nécessaires. Cette rencontre va dans le bon sens mais pour des avancées concrètes, il va falloir un peu de temps, c’est le prix à payer. »
Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA.
« Ce n’est pas chose aisée que de réunir autant de protagonistes autour d’une même table. Aujourd’hui, tous sont unanimes sur l’urgence de la situation. Maintenant il va falloir trouver des solutions. »
Jean-Michel Serres, président de la Fédération nationale porcine.