Des formations à énergies... positives
Au lycée Monnet-Mermoz, les élèves bénéficient de l’expertise de professionnels du bâtiment dans les énergies renouvelables et d’un plateau technique à la pointe.
Pour paraphraser Pascal, l’Éducation nationale a ses raisons que la raison ne connaît point. En cette fin d’année, c’est le sentiment qui prévaut tant du côté du lycée Monnet-Mermoz que des entreprises du secteur de bâtiment partenaires de l’établissement et plus que jamais désireuses de renforcer leurs équipes dans le domaine de la rénovation thermique et des énergies renouvelables. Étrennée il y a quatre ans, la mention complémentaire TER, technicien Énergies renouvelables (option Génie électrique), dans laquelle la Région Auvergne Rhône-Alpes a investi 100 000 € pour un plateau technique plébiscité des équipes enseignantes et formateurs d’entreprise, est en effet aujourd’hui menacée de fermeture.
Réalité du marché vs ratio de rentabilité
En raison d’un effectif modeste (six étudiants cette année dont un apprenti), le Rectorat l’a jugée insuffisamment rentable. “Certes, d’un point de vue financier, six, ce n’est pas beaucoup mais depuis qu’elle est lancée, ce sont douze personnes qui ont été formées et embauchées dans des entreprises cantaliennes du secteur”, plaide Cyril Marine, directeur des formations du lycée, qui regrette une décision abrupte, sans échange préalable, surtout à l’heure de la Cop26 et où la transition écologique a été érigée comme priorité du gouvernement tant au travers de son Plan de Relance que du plan d’investissements stratégiques France 2030. Et de facto à l’heure où les professionnels du secteur ont plus que jamais besoin de personnel et compétences : “Il y a dix ans, on était17, aujourd’hui on est 39 et on embauche en moyenne deux personnes chaque année, illustre Marc Chateau, PDG de la société MDS Axenergie, chauffagiste spécialisé dans l’entretien, le dépannage et l’installation. Le poids de l’activité pompe à chaleur est passé de 6 à 18 % dans notre chiffre d’affaires.” Au niveau national, la progression est exponentielle : le nombre de pompes à chaleur installées a bondi de 300 % en quelques années, dopé par les aides de l’État,
et ce sont aujourd’hui une centaine de postes qui sont ouverts et vacants à travers l’Hexagone dans la branche des énergies renouvelables.
“Notre métier est en pleine mutation, il faut être accompagné avec des partenariats comme celui que nous avons avec le lycée Monnet-Mermoz et des élèves, il en faudra !”, insiste Marc Chateau, dont le responsable technique et formateur (lire ci-dessous) intervient dans le cadre de la mention complémentaire en contrepartie de la mise à disposition par l’établissement de son plateau technique pour la formation des techniciens de MDS.
L’ascenseur social, réalité dans le bâtiment
Malgré ces équipements et ce partenariat, reste que la formation ne fait pas le plein. “Par méconnaissance de ces métiers”, regrettent de concert Marc Chateau et Michel Gennai, secrétaire départemental de la FFB 15 (Fédération du bâtiment) qui, tous deux, mettent en avant de nombreux atouts associés aux métiers du bâtiment : “L’ascenseur social existe dans le bâtiment, on peut y faire une vraie carrière, progresser. On ne travaille pas les week-end, il n’y a pas de routine, le matériel évolue sans cesse... avec des outils comme le BIM(1).” Tous espèrent que ces arguments sauront convaincre tant le Conseil régional (financeur) de revenir sur la décision du Rectorat (décision attendue en mars prochain) que des élèves ou adultes en reconversion d’emprunter la voie de cette mention complémentaire ou celle du futur BTS “Enveloppe du bâtiment, conception et réalisation”, que le lycée aurillacois proposera à la rentrée 2022.
Cette formation par apprentissage - avec 17 semaines annuelles de cours sur le plateau technique du lycée organisées par le Greta des Monts du Cantal et 30 semaines en entreprise - émane là encore d’une demande forte des entreprises et d’un travail partenarial entre le lycée et la FFB 15.
Nouveau BTS par apprentissage à la rentrée
“Ce BTS(2) a tout son sens avec ce qui arrive en 2022 : la Prim’Rénov Sérénité et la nécessité d’une offre de rénovation globale. Demain, on va travailler en groupement d’entreprises, avec des vitriers...”, explique Marc Chateau. Une approche globale qui suppose une expertise pointue et des techniciens polyvalents capables d’analyser les besoins, d’y répondre techniquement et économiquement, en assurant de plus l’organisation, le suivi et la réception du chantier. Et Michel Gennai ne cache pas que le BTS aurillacois est attendu au-delà des entreprises cantaliennes : le groupe Hydro, connu notamment pour sa marque Technal (menuiseries en aluminium), “est très intéressé à participer à cette formation en détachant des techniciens”, glisse-t-il.
(1) Modélisation des données du bâtiment.
(2) Accessible après un bac pro Technicien du bâtiment, un bac STI2D, un bac général avec une spécialité Sciences économiques et sociales ou Sciences de l’ingénieur, ou pour des salariés titulaires d’un bac.