Des axes de développement qui nécessiteront un budget fort
Les voeux du président de la Chambre d'agriculture de Nouvelle-Aquitaine à la presse ont été l'occasion pour lui de présenter les grandes lignes du développement agricole régional pour la prochaine mandature.
Le 9 janvier, Dominique Graciet était à Limoges pour les derniers voeux de sa mandature. Plus que du bilan des deux années écoulées, c'est de perspectives d'avenir pour l'agriculture régionale dont le président de la CRANA voulait parler. Après deux années de « calage » suite à la réforme territoriale, le développement agricole régional doit désormais passer à la vitesse supérieure. De nombreux projets sont d'ores et déjà sur les rails. Cinq axes de développement principaux pour l'agriculture régionale se dessinent. Le premier vise à augmenter l'autonomie alimentaire sur les exploitations grâce à un Plan protéines. « Il faut notamment rétablir un équilibre entre céréales et oléoprotéagineux, mais entre les différences de prix et la PAC c'est difficile », explique Dominique Graciet. L'agriculture néo-aquitaine entend aussi poursuivre l'adaptation de ses pratiques en matière environnementale grâce à un Plan climat. L'adaptation de l'agriculture au changement climatique était d'ailleurs le thème d'un colloque co-organisé par la Région, la CRANA et le consortium Acclimaterra le 17 janvier à Bordeaux. « Au-delà des enjeux et des retours d'expérience, l'objectif est aussi d'inciter les pouvoirs publics à intégrer des critères spécifiques dans les attributions de financement », confie Dominique Graciet. Dans la même lignée, deux autres axes de développement sont prévus, sur les énergies renouvelables et l'agroécologie. Avec pour le premier un objectif : que tous les projets de méthanisation et photovoltaïque puissent voir le jour. Pour cela, innovation et veille technologique pour l'amélioration des rendements et de l'utilisation des digestats seront nécessaires. L'exploration de ces pistes innovantes pourrait être conduite d'ici à 2030 selon le directeur de la chambre régionale. « Il nous faut répondre à la question suivante : comment les énergies renouvelables peuvent aider le développement de l'agriculture ? », souligne le président de la CRANA, indiquant vouloir prendre une part plus active au dispositif Méthan'Action. En ce qui concerne l'agroécologie, des travaux sont aussi en cours, notamment sur l'utilisation des phytosanitaires en viticulture au travers du projet Territoire Innovation Grande Ambition conduit par la Région et pour lequel elle a obtenu en 2018 une enveloppe de 450 MEUR sur 10 ans.
Les projets validés doivent aboutir
Tous ces axes de développement ne seraient rien sans la mise en place de nouveaux modes de concertation pour les projets agricoles. S'il faut faciliter le traitement administratif des dossiers, il faut aussi « revoir la manière dont ils sont construits, voir comment associer les riverains car on voit de nombreux projets qui n'aboutissent pas alors qu'ils ont obtenu toutes les autorisations », constate Dominique Graciet. Inconnue dans l'équation, la future PAC. « Aujourd'hui, le découplage existant ne permet pas de mettre en place tous nos projets », admet le président, rappelant que la gestion de la totalité du second pilier par les régions est indispensable. Enfin, pour pouvoir être réalisée, cette feuille de route devra être dotée d'un budget régional conséquent. « Au moment de la fusion des trois anciennes régions, les trois budgets cumulés s'élevaient à environ 52 MEUR, rappelle l'élu. Aujourd'hui, il s'établit à 70 MEUR. Demain, 100 MEUR seront nécessaires, nous avons donc fait la moitié du chemin ! » D'autres sources de financement sont aussi à étudier, l'agriculture attirant de plus en plus d'investisseurs, l'objectif étant de conserver la valeur ajoutée à l'agriculture.